Hector de Clérambard, aristocrate désargenté qui règne despotiquement sur sa famille, est victime d'un miracle (une apparition de St François d'Assise) et voilà notre hobereau devenu aussi tyrannique en protecteur des araignées et admirateur des petits oiseaux qu'en mangeur de chats et étrangleur de chiens.
Dans cette "comédie satirique", Marcel Aymé manie sans complexe les stéréotypes les plus éculés, et pourtant, grâce à la vivacité des dialogues, cela marche très bien: de La Langouste, (fille à soldat au coeur de midinette mais ayant sa dignité), à l'avoué Galuchon (rien de tel que l'accent du Sud-Ouest employé par l'acteur pour souligner la vulgarité du personnage: quiconque aura entendu dix secondes de Bernard Laporte ou de Jean-Michel Apathie ne me démentira pas...) en passant par Octave, vicomte de Clérambard (le fiston niais et soumis mais sexuellement frustré), ou Monsieur le Curé (onctueux arrangeur de mésalliance mais défenseur vigilant de l'ordre établi fasse à l'extrémisme redistributif d'un Clérambard franciscanisé voulant tout donner aux pauvres et vivre d'aumônes), tous les personnages sont sans surprise mais parfaitement fonctionnels.
Bref, la qualité de la langue, la loufoquerie de l'intrigue, les ressorts du comique de situation et l'entrain des acteurs font de la grosse heure et demie que dure la représentation un moment très agréable.