Hier la Cour Suprême américaine a rejeté l'appel de l'Argentine contre la décision du juge (américain) Griesa d'obliger l'Argentine à payer la totalité de la dette (1,5 milliard de dollars) due aux 8% des débiteurs, qui sont en fait des "fonds vautours" américain (spéculateurs ayant racheté de la dette dégradée) ayant refusé la restructuration drastique (abattement de 70% sur la dette) acceptée par les autres détenteurs de bons d'Etat argentins en dollars lors de la restructuration négociée sous la présidence de N. Kirchner.
Cette décision de la Cour Suprême va à l'encontre des souhaits du gouvernement américain (soucieux de stabilité financière) et confirme le rôle de bunker sociétal de la droite politique et de pilier juridique du capitalisme financier que joue la Cour Suprême depuis quelques années (en raison du décès ou du retrait des derniers juges progressistes nommés il y a trente ou quarante ans).
Le risque systémique est énorme car du coup les débiteurs ayant accepté la restructuration pourraient exiger l'équité de traitement provoquant prochainement un second défaut argentin et une montée généralisée de la défiance envers les autres dettes d'Etat.
Les responsabilités politiques de la Droite argentine dans cette situation ne doivent pas être minimisées et en particulier la décision de passer sous les Fourches Caudines des prêteurs privés à l'époque néo-libérale des années 90 lorsque les emprunts initiaux avaient été négociés sous des clauses exhorbitantes d'abandon de souveraineté juridique (c'est la raison pour laquelle ce sont des juges et tribunaux américains qui traitent ce litige.)
De quoi donner à réfléchir quant aux conséquences des clauses de "privatisation" des litiges Etats-entreprises préconisées dans le cadre du traité de libre-échange transatlantique en cours de négociation...