Pour présenter les principaux politiciens argentins à un public plus au fait de la politique française que de la politique Argentine, je vais essayer de tracer des parallèles (forcément un peu schématiques) avec le paysage politique français:
La présidente Cristina Fernandez de Kirchner (CFK) représente un curieux mélange de charisme (indéniable mais maintenant déclinant), de logorrhée "nationale-populaire", et de manque de travail de fond sur les dossiers, autant dire une sorte de Ségolène Royal qui aurait réussi.
Le vice-président Boudou est un pantin médiatique (joueur de guitare pop...) opérateur financier issu de la droite libérale et opportunément rallié au kirchnérisme; il s'est compromis dans diverses combines, au point de devenir un pénible boulet pour CFK: une sorte de Cahuzac qui n'aurait pas encore (été) démissionné.
Leur principal opposant interne au sein du péronisme est Massa, maire d'une banlieue résidentielle, également passé de la droite libérale au péronisme, c'est un hyper-actif démagogue sécuritaire qui promeut par ailleurs avec zèle les intérêts économiques de la classe dominante: une bonne synthèse de Sarkozy et de Copé.
Le maire de Buenos Aires, Macri, représente la droite anti-péroniste traditionnelle; il gère Buenos Aires au mieux des intérêts de ses amis promoteurs immobiliers (il est d'ailleurs l'héritier d'un chevalier d'industrie ayant fait fortune dans la construction) ; ses deux points forts sont les pistes cyclables (néanmoins assez dangereuses à utiliser vu le comportement de l'automobiliste argentin moyen) et sa politique culturelle ; il rêve encore de devenir Président mais n'a aucune chance d'y parvenir. Bref on pourrait y voir un mélange de Gaudin (pour l'incurie managériale) et de Juppé (pour le culturel.)
Le gouverneur de la Province de Buenos Aires, Scioli, vise la succession de CFK et voit avec grand déplaisir Massa se pousser du col. Il essaie de maintenir une position centrale et centriste dans le Parti Justicialiste au pouvoir en montrant chaque jour sa loyauté à CFK tout en essayant d'exister par lui-même et de continuer à faire entendre sa petite différence de temps à autre, un peu comme Rocard sous Mitterrand au début des années 80.
Une des principales animatrices de l'opposition non-péroniste est Carrio, connue pour son charisme oratoire, ses envolées dénonciatrices, ses foucades, son imprévisibilité et ses embardées dans le mysticisme catho. Pour imaginer chez nous ce genre de politicien plus dangereux pour ses alliés que pour ses adversaires il faudrait envisager un hybride improbable de Ségolène Royal, d'Eva Joly et de Christine Boutin...
Son alter ego masculin est Alfonsin (fils de l'ancien président radical) qui gère mollement l'héritage centriste de son père (une sorte de Baroin).
Enfin, aujourd'hui associé en un attelage improbable (et à mon avis métastable) avec Carrio, on trouve Pino Solanas, cinéaste connu originaire de la gauche péroniste (pour autant que cela veuille dire quelque chose), grand critique de Menem et maintenant de CFK: une posture d'éternel opposant composant un personnage haut en couleur et fort en gueule à la Mélenchon.