Les élections législatives portugaises d'hier ont vu une forte poussée du parti d'extrême-droite Chega!, en même temps qu'une progression de la Droite et un net recul du parti socialiste. Malgré le refus présentement affiché de la Droite de s'associer à l'extrême-droite, son absence de majorité ne lui permettra de gouverner que grâce à la complaisance de Chega!, qui sera révocable à tout moment comme celle du RN envers Macron et ses premiers ministres.
Les élections présidentielles polonaises ont eu pour résultat un coude-à-coude entre Droite libérale du KO et Droite réactionnaire du PiS, accompagné d'une poussée significative de l'extrême-droite, et on verra au second tour le candidat du PiS bénéficier du report des voix des deux candidats d'extrême-droite alors que le report des "castors" de Gauche vers la Droite libérale sera insuffisant pour empêcher la Droite de conserver la présidence.
Les récentes élections municipales en Angleterre ont été marquées par une percée du parti d'extrême-droite Reform de Nigel Farrage, devenu le premier parti du pays devant les Travaillistes et les Conservateurs. Là encore, on peut s'attendre à moyen terme à un regroupement entre la fraction la plus dure des Tories et le parti de Farrage. Le système électoral uninominal à un seul tour garantissant à un parti gagnant entre 35 et 40% des voix une majorité massive à la Chambre des Communes, Farrage est plus proche du pouvoir qu'il ne l'a jamais été.
Seule une entourloupe politico-judiciaire a permis que l'extrême-droite perde les élections présidentielles roumaines, mais le niveau très haut atteint par son candidat indique que ce n'est probablement que partie remise, tant le nouveau président élu, sans majorité au Parlement, aura du mal à tenir sa promesse de lutter efficacement contre la corruption.
Les récentes élections provinciales argentines ont assuré aux gouverneurs ayant fait allégeance à Milei la consolidation leur pouvoir, et le vote d'hier dans la Capitale a permis aux miléistes d'écraser leurs alliés macristes et radicaux: la radicalisation de la Droite argentine qui a permis il y a deux ans l'élection de Milei se trouve confirmée, sur fond de chute de la participation (53% seulement hier à Buenos Aires) même si la victoire de Milei est très relative: les miléistes font tout simplement le même score qu'au premier tout de la présidentielle (30%).
Un peu partout des Gauches souvent divisées se trouvent réduites à un étiage de 25 à 35% des voix, la Droite et l'extrème-droite se partageant le reste dans des proportions variables.
Et un peu partout, c'est le même programme réactionnaire-autoritaire qui progresse à coup de déréglementation économique au profit de l'oligarchie, de négationnisme climatique, d'infox en tous genres, de racisme, de virilisme et d'homophobie.
Ce qui émerge de tout cela c'est la cristallisation progressive d'un nouveau bloc hégémonique qui associe la Droite traditionnelle à l'extrême-Droite, avec trois composantes socio-politiques principales:
- la Droite bourgeoise réactionnaire traditionnelle (incarnée chez nous par les Dupond-Dupont de LR Wauquiez et Retailleau et par Ciotti);
- l'extrême-droite populiste, raciste et fascisante (incarnée chez nous par les lepénistes et zemmouristes) qui recrute surtout dans les classes moyennes et populaires victimes de précarisation et de déclassement et plus marginalement parmi les fractions les plus idéologisées de la bourgeoisie;
- les libéraux conservateurs des classes moyennes supérieures effrayées par la montée de l'incertitude économique et politique (chez nous, les électeurs macronistes et philippistes sont bien plus près de se rallier à l'idée d'une coalition incluant le RN qu'on ne le pense: contrairement à ce que croient encore beaucoup de gens intoxiqués par l'idée que Macron, Bayrou et Philippe sont des modérés, la Droite technocratique n'hésitera pas à se rapprocher de l'extrême-droite en cas de crise de régime.)