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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 19 novembre 2016

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Le retour du gambit du roi

Le gambit du roi ne se joue plus guère dans les échecs de très haut niveau... sauf entre ordinateurs !

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Lors de la finale du championnat du monde des programmes d'ordinateur, qui oppose en ce moment Houdini (du nom du célèbre prestidigitateur) au tenant du titre Stockfish (littéralement: poisson séché non salé) ce dernier a joué le gambit du roi (1. e4 e5 2. f4!? ) lors de la 21ème partie (remportée en 90 coups: les ordinateurs ne se fatiguent jamais):
https://www.chessbomb.com/arena/2016-tcec9-final/21-Houdini-Stockfish

Houdini a riposté avec la même ouverture dans la partie suivante, mais sans obtenir mieux que la nulle en 56 coups:
https://www.chessbomb.com/arena/2016-tcec9-final/22-Houdini-Stockfish

Le dernier champion du monde à avoir employé de temps à autre cette ouverture très tactique et donc très risquée fut le grand Boris Spassky dans les années 60, ce qui ne nous rajeunit pas. Aujourd'hui, les professionnels de haut niveau préfèrent éviter ce type d'ouverture et cherchent plutôt à tendre à leurs adversaires des pièges complexes résultant de minutieuses préparations calculées à la maison, évidemment avec l'assistance d'ordinateurs pour en détecter les failles tactiques éventuelles (par exemple, la fameuse victoire de Bacrot sur Aronian en 2009 relevait de ce genre de préparation).

Les programmes d'échecs (et les bases de données associées) sont devenus des auxiliaires indispensables pour le jeu de très haut niveau: le seul Grand Maître International (GMI) à ne se fier qu'à son instinct humain est le péruvien Julio Granda-Zuniga.

Il y a quelques années, le GMI français Étienne Bacrot avait ressuscité la vieille défense Philidor (1. e4 e5 2. Cf3 d6) avec un certain succès. Peut-être, dans les mois et les années qui viennent, quelques jeunes GMI au coeur et aux tripes bien accrochés s'aventureront-ils sur les traces de Stockfish et Houdini et se lanceront-ils dans un gambit du roi ?

Personnellement, je ne l'ai jamais joué qu'une fois à mon corps défendant (avec les Noirs) et mon deuxième coup Cf6, bien qu'a priori théoriquement jouable, m'avait valu une défaite rapide et cuisante. Du coup, je n'ai plus jamais répondu par e5 à une ouverture e4 de peur de me retrouver à nouveau face à ce terrifiant gambit du roi...

Note: on appelle gambit aux échecs le sacrifice d'un ou deux pions dans l'ouverture (voire d'une qualité ou d'une pièce mineure) en échange d'une initiative permettant de monter rapidement une attaque.

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