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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 19 décembre 2015

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Pétrole: les émirs commencent à faire plier les Shadoks et les Gibis

Les dernières projections de l'EIA (agence américaine de l'énergie) montrent que le maintien de cours bas commence à produire ses effets.

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Dans son rapport du 9 décembre, l'EIA envisage que deux régions verront leur production légèrement décroître en 2016: l'Amérique du Nord et la Mer du Nord, avec une baisse prévue à -0,2% pour chacun. En revanche, l'OPEP augmenterait la sienne de 0,6%.

Les émirs de l'Arabie sont donc en train de gagner la bataille contre les pétroliers-shadoks du Dakota, avec les pétroliers Gibis de la Mer du Nord en victimes collatérales. Quant aux producteurs non OPEP latino-américains et russes, ils ne subiraient qu'une baisse minuscule de leur production l'an prochain (les accords russo-chinois expliquant sans doute en partie cette stabilité).

Le prix du baril américain WTI resterait pendant tout 2016 dans une fourchette de 40 à 55 USD avec une lente remontée au second semestre.

Les stocks américains de brut sont au plus haut: si l'on met à part la réserve stratégique de 700 Mb, les stocks commerciaux dépassent 500 Mb/j (soit 25 jours de consommation moyenne étatsunienne) et toutes les cuves sont pratiquement saturées, les navires pétroliers restant bloqués en mer pendant de longues semaines.

Du fait de la saturation du marché étatsunien, le Mexique a commencé à réorienter ses exportations vers l'Europe. La toute récente décision du Congrès d'autoriser les exportations de pétrole va également conduire à un lissage mondial des prix: il n'y aura désormais plus qu'un seul vaste marché mondial et l'on voit déjà ces derniers jours le différentiel entre Brent et WTI se réduire à 2 ou 2,5 dollars au lieu des 3 à 3,5 dollars des derniers mois. Compte tenu de la nécessité impérative pour les producteurs étatsuniens de continuer à produire et à vendre (même à perte) pour rembourser leurs crédits on peut imaginer qu'ils seront prêt à financer en tout ou en partie le transfert du pétrole depuis l'Oklahoma (plus précisément de Cushing, lieu de stockage et de livraison servant de référence pour le WTI) vers les ports d'embarquement (par exemple, Galveston) et que cela augmentera la pression à la baisse sur le Brent. Les Gibis du conventionnel off-shore ne seront pas mieux lotis que les Shadoks du non-conventionnel.

La surproduction mondiale est de l'ordre de 1 à 1.5 Mb/j ce qui est finalement assez peu (entre 1 et 2% de la consommation mondiale qui est de l'ordre de 85 Mb/j) mais cela suffit à maintenir la pression à la baisse sur les prix.

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