Il y a quelque temps, l'exposition déroulée comme une nouvelle tapisserie de Bayeux tout au long de la galerie du sous-sol d'oeuvres composées sur tablette graphique au fil des saisons par David Hockney lors de son confinement en Normandie fut un enchantement:

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Ces jours-ci, l'Orangerie consacre une exposition à l'artiste américain Robert Ryman dont la spécialité est de peindre des carrés blancs:

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Le carré noir de Malévitch et l'urinoir renversé de Duchamp ont en leur temps suscité controverses et réflexions sur la nature de l'art, mais ces deux-là ont produit bien d'autres choses.
On a vu depuis se multiplier les artistes pratiquant la répétition obsessionnelle d'un unique motif, exploitant sans trop se fatiguer un seul et même filon. Le premier du genre fut Mondrian (chez qui subsistait néanmoins un peu de combinatoire). Il fut suivi de bien d'autres artistes que je ne craindrai pas de qualifier d'artistes-bidons parmi lesquels les plus connus chez nous sont Buren et Soulages.
Vu le succès rencontré par ces baudruches auprès de la bourgeoisie friquée et des institutionnels craignant de rater la prochaine révolution esthétique, ils auraient eu tort de se priver.
Bref, vous pouvez vous passer d'aller voir l'oeuvre de Ryman, que sa vacuité prétentieuse amène carrément à se comparer à Monet...
Excusez du peu. D'ailleurs l'expo de ses carrés blancs se clôt sur trois tableaux de Monet de la série des cathédrales de Rouen. Le contraste ainsi exposé entre le talent et l'esbrouffe est saisissant et m'a déclenché un irrépressible fou rire.