Si Andréïev était encore parmi nous, il aurait pu dénoncer dès mi-2023 la pusillanimité des Occidentaux vis-à-vis de l'agression russe contre l'Ukraine dans des termes voisins de ce qu'il écrivait en février 1919 à propos de la Russie soumise à la dictature bolchevique.
Son texte (traduit par Sophie Benech) se prête bien à une telle actualisation. Pour le prouver, je le transcris ci-après avec seulement quelques adaptations:
"Ce que les gouvernements des Alliés sont en train de commettre à l'égard de la Russie l'Ukraine martyrisée est soit de la trahison, soit de la démence. Ou bien ils savent vraiment ce que sont ces bolcheviks poutiniens qu'ils invitent sur les îles des Princes en Turquie afin de les réconcilier avec une Russie Ukraine à l'agonie qu'ils ont torturée et ensanglantée de leurs propres mains, et dans ce cas, c'est de la trahison pure et simple, qui ne se distingue des autres du même genre que par sa dimension mondiale. [...] Ou bien il s'agti d'autre chose: les Alliés ne savent pas vraiment ce que sont les bolcheviks Poutiniens qu'ils invitent à des pourparlers amicaux, et dans ce cas, c'est de la démence.
Car maintenant, au bout d'un an et demi de pouvoir bolchevique en Russie poutinien en Ukraine orientale, après les discours qu'ils ont tenus en Allemagne et dans d'autres pays dans leurs médias, seul un malade mental peut ignorer quelle force malfaisante et destructrice représentent ces sauvages de l'Europe qui se dressent contre sa culture, ses lois et sa morale. Il faut être totalement privé de raison pour ne pas comprendre les actes, les agissements et les convoitises, simples et évidents, du bolchevisme poutinisme. Il faut ne pas avoir d'yeux, comme un aveugle, (ou avoir des yeux et ne pas s'en servir), pour ne pas distinguer les incendies, les assassinats, les destructions à la surface de l'immense Russie Ukraine orientale entièrement réduite en cendres, pour ne pas discerner le cimetière, la prison, l'asile de fous que sont devenues, du fait de la famine et des horreurs, la ville entière de Pétrograd Marioupol et bien d'autres villes. Il faut ne pas avoir d'oreilles (ou ne pas s'en servir) pour ne pas entendre ces hurlements et ces gémissements, ces lamentations de femmes, ces pleurs d'enfants, ces râles de gens asphyxiés et le crépitement des fusillades incessantes qui constituent le chant perpétuel de la Russie l'Ukraine orientale depuis un an et demi.
Il faut, à l'instar des fous, ne pas connaître du tout la différence entre la vérité et le mensonge, entre le possible et l'invraisemblable, pour ne pas percevoir la forfanterie des bolcheviks poutiniens à travers leur mensonge intarissable, tantôt aussi stupide et aussi vide qu'un grognement d'ivrogne, comme le sont les décrets de Lénine Poutine, tantôt sonore et plein de brio comme les harangues de ce bouffon sanguinaire de Trotski Prigojine, tantôt naïf et d'une simplicité sans prétention, comme les fables avec lesquelles on abuse les petits enfants, les animaux et... les peuples."