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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 21 octobre 2013

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Explication de texte (suite)

Contrairement à l'explication de texte précédente, celle-ci ne s'adresse pas aux Pieds-Noirs et à leurs descendants mais à une autre catégorie de lecteurs trop "premier degré" de mon sketch. J'avais déjà en réponse à certains des premiers commentaires précisé au fil de l'eau que les applaudissements bruyants n'étaient pas de mise mais ce premier avertissement n'ayant pas été lu ou pas compris, il me semble utile de revenir là-dessus.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Contrairement à l'explication de texte précédente, celle-ci ne s'adresse pas aux Pieds-Noirs et à leurs descendants mais à une autre catégorie de lecteurs trop "premier degré" de mon sketch. J'avais déjà en réponse à certains des premiers commentaires précisé au fil de l'eau que les applaudissements bruyants n'étaient pas de mise mais ce premier avertissement n'ayant pas été lu ou pas compris, il me semble utile de revenir là-dessus.

Comme je l'ai déjà expliqué à destination des autres "réagissants primaires", mon dispositif de mise en scène du discours, par son titre et ses outrances mêmes, invitait à une lecture au second degré. J'avais de plus soigneusement évité dans mon petit sketch toute allusion au tropisme supposé des Pieds-Noirs pour l'extrême-droite (car pour que la démonstration fonctionne, il était essentiel que les clichés racistes y soient mis en scène "à l'état pur", sans être explicitement parasités par l'actuel débat politique sur la montée du FN ou la lepénisation de l'UMP).

Malgré cela, j'ai perçu dans trop de commentaires une jubilation inquiétante (une variété de rire gras sans recul aucun qui est pour moi typiquement de Droite) et une adhésion à mon goût trop spontanée à la caricature proposée. Mon diagnostic est qu'il y a plusieurs raisons à cette attitude:

1°) le médium interactif que constitue la Toile incite à la réaction instantanée plutôt qu'à la prise d'un délai de réflexion; c'est vrai partout, y compris sur Médiapart.

2°) une partie du public supposé "de gauche" de Médiapart adhère volontiers à une représentation globale des PN comme étant tous des oncles ou des cousins du beauf facho abruti des caricatures de Cabu, sans se rendre compte que ce faisant ils pratiquent le genre d'amalgame à tendance raciste qu'ils dénoncent volontiers par ailleurs s'agissant d'autres communautés ; j'avais déjà observé ce problème lors d'un de mes précédents billets très commenté qui présentait des informations précisément sourcées concernant l'attitude à tout le moins peu courageuse de Mgr Bergoglio pendant la dictature argentine: j'avais eu l'impression en lisant certains commentaires que certaines réactions glissaient d'un questionnement ad hominem (à mes yeux légitime eu égard à la gravité des faits allégués et à l'élection de Bergoglio comme nouveau pape) à une mise en cause global des catholiques et du catholicisme. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de mener cette petite expérience non pas aux dépens des PN mais à partir du schéma de cristallisation de représentations stéréotypées qu'ils représentent dans la société française.

3°) par souci de réalisme, mon sketch incluait des éléments de langage relevant d'une "démarche de dédouanement", très communément mise en oeuvre dans les discours racistes un peu "évolués" (si l'on peut dire) qui consiste à prévenir l'accusation d'amalgame par des restrictions du type: "Il y a des membres de la communauté X (ou Y ou Z, peu importe ici) qui sont des gens bien, mais globalement les X (ou Y ou Z) sont des..." Il me semble important de bien réaliser que la détection (et donc le désamorçage) de ce genre de discours passe non seulement par l'analyse du contenu mais aussi par l'élucidation des stratégies rhétoriques visant à renforcer le message sous couvert de l'atténuer.

Bref, la leçon que je tire de cette expérience est qu'il faut (a fortiori pour les gens qui se réclament de la Gauche, mais pas seulement eux) que nous soyons ou devenions plus vigilants non seulement envers les autres mais aussi envers nous-mêmes. Concrètement, il me semble que cela ne passe pas uniquement par un discours humaniste et moralisateur qui risque de s'épuiser vite à force de généralité, mais aussi par une démarche d'éducation à l'analyse du discours. Ceci peut se faire en:

- rendant les étudiants plus sensibles aux différents registres d'expression afin qu'ils sachent détecter par eux-mêmes l'ironie ou la caricature autant que de besoin,

- les entraînant à débusquer et décortiquer les stéréotypes en tous genres: savoir mettre à plat les représentations est la meilleure façon d'en désamorcer la charge idéologique.

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