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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 22 avril 2025

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Un an et demi d'inflation miléiste

Je rappelle que mon sommaire « indice Estancia », me permet d'évaluer l'inflation argentine à partir d'un simple repas-type pour deux personnes dans un restaurant de Buenos Aires.

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Je rappelle que mon sommaire « indice Estancia », qui s'est montré, depuis bientôt dix ans, au moins aussi fiable que l'indice officiel des prix trop souvent instrumentalisé et distordu par les autorités politiques, me permet d'évaluer l'inflation argentine à partir d'un simple repas-type pour deux personnes dans un restaurant de Buenos Aires.

La valeur de cet indice à mi-avril 2024 était de 38000 pesos. et un an plus tard, il s'établit à 54270 pesos, soit une augmentation de 42,8%, correspondant à un rythme mensuel de l'ordre de 3%.

Ce chiffre comparable à l'indice officiel des prix, montre que la prétendue chute de l'inflation dont Milei se gargarise est en réalité illusoire: l'Argentine en est tout simplement revenue à la vitesse de croisière d'augmentation des prix de l'époque kirchnériste tant honnie par les libertariens. Sous les deux mandats de Cristina Kirchner, comme sous celui de son successeur de Droite Mauricio Macri, l'inflation annuelle a fluctué dans une fourchette de 25 à 55%.

Cette fourchette est également valable pour d'autres périodes plus anciennes, en dehors de quelques pics vertigineux (comme la crise d'hyperinflation de 1989) et de la période du peso-dollar où l'inflation est restée pendant plusieurs années dans une fourchette de 5 à 10% par an (au prix d'un endettement croissant pour maintenir une parité irréaliste, période qui s'est terminée par une crise majeure avec défaut sur la dette en 2001-2002).

Malgré les tentatives de Milei, inlassablement relayées par la presse de Droite  (dont Le Point en France), de mettre le pic d'inflation de fin 2023 début 2024 intégralement sur le dos du gouvernement précédent, le gros supplément d'inflation observé fin 3023 début 2024 (de novembre 2023 à mi-avrll 2024, mon indice Estancia avait flambé de 15950 à 38000 pesos, soit un rythme mensuel de 19% sur 5 mois) est en bonne partie attribuable à sa propre politique (dévaluation massive + déréglementation des tarifs des services) entamée lors son accession au pouvoir en décembre et par les anticipations qu'il avait déjà suscitées dès mi-2023 au cours de sa campagne, en qualifiant le peso d'excrément (sic) et en faisant miroiter aux électeurs argentins une dollarisation intégrale de l'économie (ce qui n'aura évidemment jamais lieu.)

En effet, quoique prétendent les monétaristes dogmatiques comme Milei, qui attribuent l'inflation à la seule croissance de la masse monétaire, les anticipations des acteurs économiques jouent un rôle essentiel dans la formation des prix, surtout dans un environnement déréglementé où les formateurs de prix monopolistiques et oligopolistiques peuvent s'en donner à cœur joie.

La nouvelle dévaluation de 12% imposée par le FMI la semaine dernière ne tardera pas à se retrouver dans les augmentations de prix des prochains mois, L'augmentation de 3,7% de l'indice des prix déjà mesurée en mars suffit à montrer que le discours miléiste promettant une « inflation zéro » n'est qu'un slogan irréaliste destiné aux crédules adorateurs de l'homme à la tronçonneuse.

Et ce n'est pas la relance de la bicyclette financière avec l'argent du FMI qui arrangera la situation du pays.

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