La dernière sortie médiatique de Sarkozy révèle à qui en douterait encore l'état avancé de décomposition du sarkozisme (et ceci sans parler des nombreuses casseroles judiciaires qui tintinnabulent juste derrière ses talonnettes).
Je veux parler ici de décomposition politique et idéologique, car les éléments de discours du type: "à bas Schengen I, vive Schengen II" n'apportent malheureusement rien au débat. Cette contribution tardive à la campagne des élections européennes se voulait tactiquement rusée mais n'aura finalement servi qu'à enfoncer l'UMP dans d'indémêlables contradictions et à révéler à qui en doutait encore que Sarkozy-le-recours est un refrain déjà usé.
Par exemple, demander comme le fait Sarkozy que tous les pays européens adoptent "une même politique d'immigration" ne veut rien dire: tous les pays ont des histoires différentes, des positions géographiques différentes, des flux migratoires historiques d'origine différente (liés souvent à leur passé colonial), et des situations démographiques différentes.
Il serait plus judicieux, plus intelligent (et surtout plus constructif) de demander l'adoption d'une même politique d'intégration puis de décliner cette suggestion en quelques grands axes (politique d'éducation et de formation professionnelle, politique du logement, politique de naturalisation, clés de répartition des aides européennes...), mais ce serait pour Sarkozy se priver d'un clin d'oeil tardif à tous les gâteux lepenisés de l'UMP.
De la même façon, vouloir privilégier une intégration France-Allemagne est une idée stupide et obsolète; la France n'a aucun intérêt à s'enfermer dans un dialogue de sourds avec l'Allemagne (et réciproquement). Vouloir rejouer aujourd'hui à De Gaulle et Adenauer est stratégiquement dépassé: pour que l'Europe se remette à fonctionner, le dialogue sur la convergence économique et sociale doit être mené en priorité à l'échelon de la zone euro dans son ensemble (au moins entre ses 5 membres principaux: Allemagne, France, Italie, Espagne, Pays-Bas).
Sarkozy était et reste un démagogue nuisible, mais plus il va se remettre à parler à tort et à travers, plus ça va finir par se voir et se savoir. Un signe ne trompe pas: selon les derniers sondages, les 2/3 des Français ne veulent plus entendre parler de lui pour 2017, et on peut prendre sans grand risque le pari qu'il va se giscardiser tout doucement.