Karina Milei, sœur du président et toute-puissante secrétaire du gouvernement, était surnommée "La pastelera" (la pâtissière) car sa seule activité professionnelle connue avant l'accession au pouvoir de son frère était de vendre des gâteaux qu'elle préparait dans sa cuisine. Elle est maintenant surnommé "La cajera" (la caissière):
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Ce surnom lui vient de la découverte d'un sordide racket qu'elle organisait de concert avec Eduardo "Lule" Menem (frère de Martin Menem, actuel président de la chambre des députés). Ces Menem-là sont les neveux de l'ex-président Carlos Menem dont les mandats ont été émaillés de nombreux scandales (détournements de fonds publics, pots-de-vin touchés à l'occasion des privatisations, trafic d'armes, sabotage de l'enquête sur l'attentat antisémite de l'AMIA etc.) et un journaliste bien informé les a décrit comme "génétiquement voraces"...
Tout est parti de la publication d'un enregistrement clandestin d'un certain Diego Spagnuolo, qui fut l'avocat de Milei en 2021 et à qui sa proximité avec le président a valu d'être bombardé à la tête de l'Agence Nationale du handicap (ANDIS) sans compétence particulière pour le poste.
Dans cet enregistrement, il se plaint que Karina Milei et Eduardo Menem extorquent des pots-de-vin à l'industrie pharmaceutique pour un montant de l'ordre de "medio palo por mes cada uno" (soit près d'un million de dollars mensuellement) aux dépens des budgets des hôpitaux publics et de l'ANDIS et il prétend avoir averti le président, lequel a réagi en le virant de son poste dès que l'enregistrement a été rendu public.
Ce sont les dirigeants de l'entreprise La Suizo-Argentina, Emmanuel et Jonathan Kovalivker qui étaient chargés de "relever les compteurs" auprès de l'ensemble des entreprises du secteur et de centraliser l'argent produit par ce racket.
Emmanuel Kovalivker a été arrêté dans son "country" (quartier privé fermé) de Nordelta alors qu'il était sur le point de s'enfuir. Il était en possession de 266 000 dollars répartis entre diverses enveloppes et d'une machine à compter les billets. Son frère Jonathan a quant à lui réussi à filer, non sans avoir vidé précipitamment son propre coffre-fort.
Spagnuolo, qui vit lui aussi dans un "country" à Pilar, a été laissé en liberté mais ses téléphones ont été saisis par la Justice et comme il indique dans l'enregistrement qu'il a conservé les messages WhatsApp de Karina Milei, on peut s'attendre à de nouveaux développements croustillants dans les semaines qui viennent.
Avec les élections de la province de Buenos Aires dans deux semaines et les élections de mi-mandat des autres provinces dans deux mois, l'affaire tombe au plus mal pour Milei et sa clique.
Le scandale est d'autant plus grand que Milei avait opposé son véto à la revalorisation des allocations aux handicapés et à la remise à niveau du budget de l'hôpital pour enfants Garrahan (l'aquivalent argentin de Necker-Enfants-Malades) sous prétexte qu'il n'y avait pas d'argent.
Les vétos de Milei ont depuis été annulés à une large majorité par les députés, car la situation économique générale continue à se dégrader et le chantage aux subventions que Milei faisait subir aux gouverneurs fonctionne de moins en moins bien.
Reste à savoir qui a pu organiser cette opération de destabilisation. Les spécialistes depuis des décennies de l'espionnage illégal sont les agents de la SIDE (les Services secrets) et comme le chef de la SIDE, un certain Neifert, est un proche de Santiago Caputo, jeune cousin du ministre des finances et conseiller de Milei surnommé Le Mage du Kremlin car il est chargé de gérer les "fermes à trolls" miléistes et d'orchestrer le harcèlement des opposants sur les réseaux sociaux.
Or Caputo junior s'est récemment affronté avec Karina Milei qui a systématiquement exclu des listes pour les prochaines législaitves tous les candidats qu'il proposait.
Comme on ne prête qu'aux riches, cet amateur de coups tordus se retrouve soupçonné d'avoir organisé cette fuite... mais on ne peut pas exclure que ce soit Spagnuolo lui-même qui ait réalisé et diffusé cet enregistrement pour tenter de se dédouaner et ainsi de se mettre à l'abri d'éventuelles poursuites.
Autres pistes évoquées: des dissidents du miléisme qui viennent justement de créer un mini-groupe distinct à l'Assemblée ou encore une opération montée par la vice-présidente Villaruel pour destabiliser Milei et devenir calife à la place du calife.