Michel DELARCHE (avatar)

Michel DELARCHE

retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

Abonné·e de Mediapart

2024 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 septembre 2016

Michel DELARCHE (avatar)

Michel DELARCHE

retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

Abonné·e de Mediapart

Les électeurs de Trump ne sont pas les plus pauvres mais les plus bigots et illettrés

Une enquête du site fivethirtyeight.com montre que contrairement à un discours médiatique allouant à Trump le vote des blancs les plus pauvres sur le thème de "la révolte des petits blancs", la faiblesse du revenu n'est pas une variable statistiquement significative dans le choix de Trump.

Michel DELARCHE (avatar)

Michel DELARCHE

retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette enquête montre que l'inclination en faveur de Trump ou de Clinton est surtout corrélée à la pratique religieuse et au niveau d'éducation. (le détail en anglais est ici: http://fivethirtyeight.com/features/religion-and-education-explain-the-white-vote/)

Ceux qui ne vont jamais à la messe votent à 71% pour Clinton et ceux qui y vont toutes les semaines à 69% pour Trump...

Le même phénomène est observable en France. je me souviens d'avoir assisté il y a 40 ans à un séminaire de Frédéric Bon (grand spécialiste trop tôt disparu de la sociologie électorale) à Grenoble qui nous avait expliqué que la seule corrélation très solidement établie par l'analyse statistique de plus d'un siècle d'élections françaises était que les catholiques pratiquants votaient très majoritairement pour la droite (et l'extrême-droite à l'occasion).

Il ressort de cette enquête que la seconde variable la plus discriminante est le niveau d'éducation: ceux qui ont étudié au-delà de la licence soutiennent Clinton à 64% alors que ceux qui n'ont pas étudié au delà de la fin du premier cycle du secondaire (niveau collège en France) sont trumpistes à 65%. On observe le même type de détermination en France avec le vote Le Pen.

D'autres variables jouent de manière moins significatives: typiquement, les sudistes, les ruraux et les vieux sont davantage en faveur de Trump. Si l'on considère le niveau du vote Le Pen en Languedoc-Roussillon et en PACA, on s'aperçoit que les mêmes variables explicatives secondaires fonctionnent aussi chez nous.

En revanche, contrairement à certains discours que l'on entend à propos des "petits blancs" qui seraient massivement trumpistes par racisme anti-noir et anti-latino, le niveau de revenu montre plutôt une corrélation légèrement inverse: ceux qui sont dans la tranche des 30 à 50 000 dollars de revenu annuel penchent pour Clinton à 51% alors que ceux qui sont dans la tranche des 50 à 75 000 dollars de revenu sont à 55% favorables à Trump.

Comme quoi, la notion de "vote de classe" n'est pas complètement obsolète: contrairement à ce que l'on nous ressasse trop souvent, les Américains blancs les plus pauvres ne sont pas complètement cons (sauf ceux de la "Bible Belt") et ne se précipitent pas tous dans les bras de Trump.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.