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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 25 septembre 2014

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La pusillanimité française au Proche-Orient

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Comme trop souvent, François-le-Normal, Manuel-le-Hutin et Laurent-le-Somnolent, faute de vision stratégique, se sont assis entre deux chaises: on bombarde les méchants en Irak mais on refuse de s'en prendre à leurs bases syriennes.

Les terroristes islamistes se jouent des frontières (qui dans le désert ne sont d'ailleurs que rarement matérialisées) et il est donc parfaitement pusillanime de prétendre les combattre dans un pays tout en se refusant d'intervenir dans le pays d'à côté.

On aimerait être sûr que cette décision est le fait d'un Président aux abois sur la scène intérieure (le parallèle avec Clinton faisant bombarder des installations nucléaires irakiennes en pleine affaire Lewinski mérite d'être évoqué) et non pas la marque d'une incurable stupidité collective de l'ensemble de nos gouvernants.

De ce point de vue, la décision d'Obama d'aller attaquer l'État Islamiste en Syrie (avec la gracieuse neutralité de Bachar El-Assad, mais chut... il ne faut pas le dire trop fort...) a le mérite d'un minimum de cohérence (même s'il semble présentement impossible que les armées terrestres locales puissent suffire à mener la reconquête des territoires.)

Au-delà de cette pusillanimité tactique de notre gouvernement, se pose le problème de la pusillanimité stratégique de plusieurs gouvernements français successifs: on peut se rendre compte aujourd'hui combien l'intervention française en Libye décidée dans la précipitation par Sarkozy et Fillon était (tout comme l'invasion américaine de l'Irak en 2003) stupide et contre-productive à long terme.

Les moyens militaires de la France étant ce qu'ils sont, il faudrait savoir se concentrer sur les zones où notre pays peut jouer un rôle pacificateur et stabilisateur efficace (de ce point de vue, les interventions au Mali ou en Centrafrique peuvent se justifier, même si l'on peut et doit émettre des critiques sur la manière dont le néo-colonialisme françafricain a contribué pendant des décennies, par son appui constant à des régimes corrompus et anti-démocratiques, à retarder le règlement pacifique des problèmes.)

Soyons clair: la France n'a aucun intérêt géostratégique à aller jouer les supplétifs poids léger de l'impérialisme américain en Irak. Puisque ce sont les Américains et les Britanniques qui ont créé ce chaos, laissons-les continuer de s'en occuper (pour le moment les Britanniques semblent avoir filé à l'anglaise sur ce coup: Cameron serait-il moins bête que Blair?)

Certes, la France pourrait, comme elle le fait régulièrement en Afrique francophone, exciper d'une responsabilité particulière découlant de sa présence historique dans la région (le mandat français au Liban et en Syrie au temps de la SDN) pour décider d'intervenir contre l'État Islamique en Syrie, mais comme une intervention en Syrie seulement serait tout aussi pusillanime qu'une intervention en Irak seulement, il est plus raisonnable de s'abstenir.

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