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Michel DELARCHE

retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 26 février 2014

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Horizon 2017

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Il n'y a pas que chez nous que 2017 constitue l'horizon de la politique: dans l'actuelle crise ukrainienne, c'est une date-clé pour la redéfinition des relations entre l'Ukraine et la Russie, car l'accord de partage de la flotte soviétique basée à Sébastopol incluait en 1997 un bail à résidence d'une durée de 20 ans pour la fraction russe de la flotte en question, ce qui nous amène à 2017. La prolongation jusqu'à 2042 négociée en 2010 (par Yanoukovitch) était une contrepartie à la tarification spéciale du gaz, mais la très probable (du fait de la posture anti-russe des nouveaux dirigeants ukrainiens) remise en cause de ce tarif très avantageux pour l'Ukraine rendrait d'un même mouvement caduque cette prolongation de bail.

Autrement dit, il reste 3 ans (et probablement beaucoup moins, compte tenu de l'accélération de l'histoire) au gouvernement russe pour choisir entre 4 grandes options:

1- l'abandon pur et simple de Sébastopol et le redéploiement de sa flotte dans un autre port ; ce serait un choix coûteux logistiquement (mais si Poutine a pu gaspiller 40 milliards d'euros pour les JO de Sotchi, il saura bien trouver de quoi financer le relogement de sa flotte...) et surtout psychologiquement (Sébastopol symbolise l'héroïsme de la résistance russe contre tous les envahisseurs du 19ème et du 20ème siècle) et aussi socialement (quid des 60% de Criméens russes qui se sentiraient abandonnés par la Mère Patrie ?) et économiquement (comment stabiliser et réorienter l'économie locale en cas de fermeture de la base militaire ?), mais un tel choix radical aurait le mérite de supprimer une pomme de discorde récurrente avec les voisins ukrainiens. Pour que cette solution soit viable encore faudrait-il qu'après le départ de l'armée russe le statut de république autonome dont jouit aujourd'hui la Crimée au sein de l'Ukraine soit maintenu, ce qui n'est pas garanti a priori; mais on peut compter dans ce scénario que les gouvernements occidentaux "amis de l'Ukraine" pèseraient de tout leur poids pour éviter qu'une quelconque bouffée de surenchère nationaliste ne conduise le futur gouvernement ukrainien à abroger le statut spécial de la Crimée.

2- Viser la réintégration de la Crimée (qui n'est après tout ukrainienne que depuis 1954, ce que très peu de commentateurs prennent la peine de rappeler) et éventuellement la création d'un corridor de continuité territoriale (à l'exemple de ce qui existe pour Kaliningrad) comme nouvelle république autonome (pour ménager les 40% d'ukrainiens et de tatars) au sein de la Russie, par exemple à travers l'organisation d'un référendum de rattachement sous contrôle d'observateurs internationaux (ce qui suppose une négociation pas évidente à mener à bien avec les Ukrainiens et leurs alliés occidentaux).

3- Négocier rapidement avec l'Ukraine le maintien du statu quo (incluant possiblement une rediscussion de la durée du bail pour la flotte de la Mer Noire en parallèle d'une renégociation du tarif préférentiel du gaz) ; ce serait la solution la moins coûteuse à tous points de vue mais elle pourrait devenir impraticable si les tensions actuelles entre pro-russes et nationalistes ukrainiens venaient à déraper sérieusement, ou si les ultra-nationalistes ukrainiens se trouvaient en position de s'y opposer (il suffirait pour cela qu'ils constituent un groupe minoritaire mais nécessaire à la survie du futur gouvernement central ukrainien).

4- favoriser une partition de l'Ukraine, ce qui pourrait à terme s'accompagner de déplacements massifs de populations minoritaires (les tatars, qui furent déportés en masse à l'époque de Staline, ont déjà de l'entraînement...) pour récupérer non seulement la Crimée mais aussi le contrôle direct ou indirect (par exemple sous forme d'un nouvel état-tampon lié à la Russie) de toute l'Ukraine "utile" en terme d'infrastructure industrielle.

Étant incurablement rationaliste et optimiste en géopolitique, je parierais volontiers sur le maintien (ou la renégociation à la marge) du statu quo, mais les autres options méritent néanmoins réflexion... surtout si la future direction ukrainienne se mettait à adopter un style provocateur à la Sakachvili...

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