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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 26 septembre 2014

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Le socle commun de compétences

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai reçu avant-hier un message de l'administration de l'Education Nationale m'invitant à répondre à un questionnaire concernant le projet de définition du socle commun publié le 8 juin dernier.

Je dois admettre à ma grande honte que je n'avais pas encore lu ce document car j'enseigne l'anglais de spécialité à l'université et le socle s'arrête au "palier 3" (soit la fin de la 3ème au collège ou de la scolarité obligatoire dans d'autres structures).

Je suis donc allé parcourir ce document, en me concentrant sur les parties à propos desquelles je pouvais éventuellement émettre un avis (enseignement des langues étrangères, méthodologies transversales). Je vais me limiter ici à l'apprentissage des langues.

Le résumé initial nous dit à propos de "La pratique d’une langue vivante étrangère" que:
"L'élève doit être capable :

  • de comprendre un bref propos oral ainsi qu’un texte écrit court et simple
  • de se faire comprendre à l’oral et à l’écrit en utilisant des expressions courantes"

Ça ne mange pas de pain et personne de bonne foi ne peut être fondamentalement en désaccord avec ces objectifs d'autant plus qu'ils ne sont pas définis très précisément ("bref" comment ? dix secondes, trente secondes, une minute ?).

Comme disent nos amis anglais, le diable est dans les détails et avec la description détaillée qui se trouve dans le corps du document ça se complique diablement:

"Pratiquer une langue vivante étrangère ou régionale, c'est savoir l'utiliser de façon pertinente et appropriée dans des situations de communication variées correspondant à des moments de la vie quotidienne, dans un contexte donné.
L’élève comprend des messages oraux et écrits, s’exprime et communique à l’oral et à l’écrit de manière simple mais efficace.
Il s’engage dans des dialogues, prend part à des conversations. Il connaît et applique les règles de communication : il choisit le registre et le type de discours en fonction de la situation et de ses propres intentions et sait écouter ses interlocuteurs.
Il est en mesure de remarquer des similarités et des différences d’organisation entre le français et les autres langues apprises.
Il s’est approprié le code linguistique (lexique, phonétique, syntaxe) ainsi que les normes de relations sociales associées aux langues qu’il apprend, et il a été sensibilisé à la dimension culturelle propre aux langues étrangères ou régionales qu’il utilise, modes de vie, traditions, expressions artistiques, etc.
La mobilité accrue des personnes et l'internationalisation de tous les échanges impliquent la prise en compte de la pluralité linguistique et culturelle et la pratique d’au moins deux langues vivantes étrangères ou régionales dont l’anglais."

Je me suis demandé ici depuis combien de décennies les rédacteurs de ce projet n'avaient pas mis les pieds dans une classe de collège:
"il choisit le registre et le type de discours"; "il s'est approprié le code linguistique ... ainsi que les normes de relations sociales" : on croît rêver.

Pour l'apprentissage des langues, il existe un standard européen de calibrage des compétences linguistiques qui s'appelle le CECRL (c'est un outil très générique avec toutes les limites de ce type d'approche mais qui possède l'avantage d'avoir déjà été abondamment décliné dans divers domaines éducatifs et professionnels).

Plutôt que de réinventer l'eau tiède à coup de généralités oiseuses, il me semble qu'il serait plus simple de commencer par se fixer des objectifs à la fois réalistes et précis qui se puissent exprimer synthétiquement dans un langage certes technique mais que rien n'empêche de reformuler ensuite à destination du grand public, par exemple: "L'élève possède pour chaque langue étrangère étudiée des compétences minimales au niveau CECRL B1 en compréhension écrite et orale et au niveau CECRL A2 en expression écrite et orale dans les domaines suivants: relations familiales, relations amicales dans les loisirs, cursus éducatif, projets personnels de développement professionnel".

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