Dimanche dernier, je suis allé de bon coeur contribuer à l'élimination de l'imprésentable Sarkozy.
À l'heure de la messe à St François Xavier, dans mon bureau de vote du 7ème, mon pantalon de velours et ma veste en tweed ne déparaient pas (contrairement à ce que croient les gens de gauche, beaucoup de bourgeois ne vont pas à la messe et ils s'habillent en jeans en parka le dimanche, comme un de mes voisins croisés sur place que je sais être un ancien haut fonctionnaire du temps du sarkozysme) et l'ambiance était adéquatement feutrée.
Il y avait une large majorité de vieux débris gens d'un certain âge, reflétant à la fois la structure démographique du quartier et la moyenne d'âge des forces vives (si l'on peut dire) de la Droite traditionnelle. Les quelques jeunes gens égarés dans cette théorie de vieillards avaient des têtes de futurs parasites sociaux d'étudiants de Sciences Po ou d'écoles de commerce.
Devant moi dans la queue, une vieille dame, probablement une ancienne groupie des Tibéri, a demandé si elle pouvait voter pour son mari (dont je n'ai pas bien compris s'il était hospitalisé ou déjà mort car elle disait: "Nous en avons beaucoup parlé et je sais pour qui il voulait voter"). On lui expliqua courtoisement que non, ce n'était pas possible, puisqu'il n'y avait pas de vote par procuration.
La file d'attente des A-M était très longue alors que les N-Z passaient tout de suite, ce qui agaçait nombre d'électeurs (car le bourgeois n'aime pas attendre: devoir faire ainsi la queue comme le vulgum pecus est une grave atteinte symbolique à son sens aigü de sa propre distinction sociale.)
À l'énoncé de mon nom, la dame chargée de tenir le registre d'émargement et qui tournait les pages en tous sens s'est un peu agacée: "Ah la la, des De quelque chose il y en a tellement..." Le monsieur debout près de l'urne a utilement précisé: "Oui, mais lui c'est tout attaché".
J'avais auparavant notifié sur un autre registre mon adhésion à la charte des valeurs républicaines de la Droite et du Centre. Ladite charte n'était pas affichée et vu la longueur de la file d'attente je n'ai pas osé demander à la relire avant de signer. Apparemment tout le monde autour de moi savait de quoi il retournait, et je me suis dit que je pouvais faire confiance à tous ces respectables citoyens dont seul un très mauvais esprit s'imaginerait qu'il fussent capables de signer n'importe quoi sans réfléchir.
En dépit du soutien affiché de Madame Dati, Maire de l'arrondissement, le sieur Sarkozy a terminé troisième subissant, ici comme ailleurs, une raclée historique lourde défaite. Je subodore que les bourges du quartier électeurs ont voulu faire d'une pierre deux coups et qu'ils se sont aussi vengés au passage de l'allogène Rachida à eux imposée en son temps par Sarkozy.
Ayant atteint mon seul objectif qui était d'écarter aussi définitivement que possible Sarkozy et sa bande de fripouilles dynamique équipe (les Balkany, Guéant, Hortefeux...) de la vie politique du pays, je n'ai pas l'intention de récidiver demain.
Contrairement à beaucoup de mes vieux camarades qui vont retourner voter demain (et dont je respecte le choix, comme je respecte celui de ceux et celles qui ont refusé de participer au premier tour) choisir entre Juppé et Fillon me semble peu utile d'un point de vue de gauche. La probable victoire de Fillon demain soir présente trois avantages tactiques pour nous:
1°) son positionnement sociétal très à droite est susceptible d'affaiblir le vote Le Pen dans les milieux catho-fascistes et catho-réacs assidûment cultivés par son accorte nièce Marion;
2°) amener éventuellement F. Bayrou à présenter sa candidature (selon Le Canard Enchaîné il l'aurait promis à Juppé, mais les promesses n'engagent que ceux qui y croient... et à mon avis, Bayrou y réfléchira à deux fois si Fillon l'emporte très largement sur Juppé)
3°) réveiller l'électorat populaire et le mobiliser contre la régression sociale que Fillon représente encore plus clairement que Juppé, à condition qu'un candidat pouvant prétendre représenter les principes et idéaux de la gauche puisse créer une certaine dynamique en ce sens malgré les défauts que nous leur connaissons (pour l'instant, je ne vois que deux candidats pouvant jouer ce rôle: J.L. Mélenchon et A. Montebourg)
Je vais donc attendre patiemment la primaire de la Gauche pour aller y contribuer à l'élimination de F. Hollande (dont je ne doute pas qu'il va présenter bientôt sa candidature).