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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 27 janvier 2014

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Dans la cocotte-minute argentine (1/3): une destabilisation réussie

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Je viens de passer une semaine dans la cocotte-minute argentine (au sens propre: 36°C jeudi à Buenos Aires avec 47,3°C de sensation thermique) comme au sens figuré (décision du gouvernement de laisser chuter le cours du peso de plus de 10% en une seule journée)

Les nombreux billets superficiels parus dans la presse française (y compris une brève de Médiapart) reproduisant paresseusement et servilement des dépêches d'agence qui elles-même constituaient un "digest" de la presse de droite locale (La Nacion, Clarin, Perfil, Radio Mitre...) ont omis de répercuter une information fort intéressante rapportée de source gouvernementale par Pagina/12: la chute du peso a été causée par une décision du groupe Shell (via la banque HSBC qui est par ailleurs dans le collimateur du gouvernement pour complicité d'évasion fiscale) d'offrir en début de semaine dernière sur le marché financier 8,40 pesos pour un dollar au lieu des 7,50 pesos officiels.

L'offre portait seulement sur quelques millions de pesos, mais du fait de l'étroitesse du marché financier argentin et du mimétisme de quelques autres opérateurs de la place, cette petite manipulation a suffi à déclencher la chute de la monnaie.

Cet ajustement aurait dû intervenir tôt ou tard car l'écart de cours entre le taux officiel et celui du marché noir toléré (dollar et euro dit "blue") n'était plus tenable (et il ne l'est toujours pas: le gouvernement argentin continue de dépenser de l'ordre de 150 millions par jour pour maintenir le peso officiel à 8 pour un dollar alors que le dollar blue reste proche de 12 pesos; à ce rythme, les 30 milliards de réserve de la Banque Centrale Argentine auront disparu avant la fin de l'année...) mais l'opération menée par Shell et HSBC a obligé le gouvernement à réagir dans la précipitation et a fait paraître complètement déconnectée de la réalité de la situation l'annonce par la présidente CFK  d'un nouveau plan d'aide aux jeunes dit "ni-ni" (ni travailleurs ni étudiants).

 Pour ce qui concerne la France, cette opération donne une petite idée de ce que pourrait être le risque d'une sortie de la zone euro sans une très sérieuse préparation économique et politique (renationalisation de la dette, retrait de licence aux opérateurs spéculant sur les changes etc.) menée au préalable.

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