La CGT péroniste est un conglomérat de syndicats ayant une combativité variable, et malgré les menaces qui montent sur l'emploi industriel, son groupe dirigeant se refuse à organiser une grève générale, conscient de l'affaiblissement (auquel tous les gouvernements péronistes de Menem à Fernandez ont contribué à coups de privatisations, de précarisation des salariés et de clientélisme prébendier) de la classe ouvrière.
Historiquement, la CGT, un peu comme les groupuscules trotskistes, a navigué de scissions en réunification et le moment d'une nouvelle scission est arrivé.
Pablo Moyano (fils du dirigeant historique du syndicat des camionneurs Hugo Moyano, car ici les postes de dirigeants syndicaux se transmettent de père en fils) furieux de l'immobilisme de ses pairs, vient de claquer la porte de la CGT et on prévoit un regroupement de sa tendance minoritaire avec les CTA (deux syndicats plus petits en rivalité avec la CGT) et d'autres groupes sociaux en partie auto-organisés en dehors des syndicats (personnels hospitaliers, étudiants, enseignants, chercheurs universitaires...) déterminés à contester dans la rue la politique miléiste de saccage des services publics.
La frilosité de la bureaucratie syndicale ( ceux qu'on surnomme avec mépris "los gordos") s'explique aussi par le fait que Milei, contrairement à ce qu'il avait annoncé, s'est bien gardé de toucher aux vaches à lait qui nourrissent cette caste bureaucratique et en particulier leur gestion opaque des oeuvres sociales. L'autre tonitruant projet de réforme qui aurait empêché lesdits bureaucrates de rester en poste pendant des décennies (la plupart des branches de la CGT ont le même secrétaire général depuis 15 ou 20 ans, voire plus) est resté dans un tiroir.