L'accord conclu entre l'Union Européenne et le Royaume-Uni laisse les territoires britanniques d'outre-mer en dehors du périmètre de non-imposition mutuelle de tarifs douaniers. Ceci concerne en particulier les Malouines, à qui la résolution 2065 de l'ONU a reconnu le statut de territoire à la souveraineté disputée (entre l'Argentine et le Royaume-Uni).
Rappelons que les Malouines (Malvinas en espagnol) furent découvertes au 16ème siècle par Amerigo Vespucci, et doivent leur nom au navigateur français Bougainville, natif de St Malo qui les visita en 1764. Les Anglais les avaient auparavant baptisées Davis Islands puis Falklands Islands. Visitées sporadiquement par les navigateurs de l'Atlantique Sud, elles restèrent vides d'habitants permanents jusqu'à l'arrivée des premiers colons français avec Bougainville, elles passèrent ensuite sous domination espagnole (dont l'Argentine indépendante s'est proclamée héritière) puis les Anglais s'en emparèrent en 1833, avec l'aide militaire préalable des Etatsuniens qui avaient envoyé en 1832 l'USS Lexington détruire des installations argentines en représailles de l'arrestation pour piraterie de baleiniers nord-américains. Cette occupation de fait suivie de colonisation (essentiellement par des éleveurs de moutons écossais) ne fut jamais reconnue par l'Argentine, qui envahit militairement l'île principale en 1982, sous la dernière dictature militaire avant d'en être chassée (ce qui contribua à la chute du régime de terreur sanguinaire imposé par les généraux argentins).
Or la Zone Economique Exclusive (ZEE) des Malouines, décrétée par le Royaume-Uni après la guerre de 1982 mais évidemment non reconnue par l'Argentine, est riche en calmars dont la vente à l'exportation vers l'Europe (75% des prises) est la principale source de revenu de l'archipel (devant l'élevage de moutons et le tourisme). La pêche européenne étant en grande partie assurée par des pêcheurs espagnols.
L'imposition à partir du 1er janvier des tarifs douaniers de l'OMC sur les calmars (qui sont de l'ordre de 11,6% pour l'Europe, grosse importatrice, mais qui ne sont pas plafonnés et peuvent monter jusqu'à 60% avec une moyenne internationale de 34%) vont rendre cette zone de pêche moins attractive économiquement pour les Européens.
Bref, ce que contient l'accord de Brexit, et encore plus ce qu'il ne contient pas, recèlent bien des surprises qu'on découvrira dans les prochains jours et les prochaines semaines quand les spécialistes auront fini de décortiquer et d'interpréter les 1200 pages de ce document.