Mes précédents billets vous ont donné, du moins je l'espère, une idée aussi claire qu'il est possible de la situation et des diverses manipulations passées et en cours ainsi que du rôle que jouent les médias dans cette affaire. Au cas ou certains de mes nombreux mais discrets lecteurs et lectrices douteraient de la plausibilité de ce que j'ai avancé ces derniers jours je vous donne ci-dessous les liens vous permettant de vérifier les informations brutes fournies (je n'ai pas mes entrées au SIDE ni à la CIA et je m'appuie donc exclusivement sur des sources publiques).
Les derniers éléments importants dont je viens de prendre connaissance à travers la presse argentine et internationale sont les suivants:
- un passionnant papier paru dans Perfil sur les révélations de S. O'Donnell tirées de Wikileaks, d'une part, et sur les changements d'attitude de Lanata et d'autres journalistes en fonction de leur propre opportunisme politique, d'autre part.
(http://www.perfil.com/columnistas/Los-cables-de-Wikileaks-sobre-la-AMIA-y-la-grieta-mediatica-20150128-0008.html
Ce papier révèle en particulier que Nisman a été de bout en bout téléguidé par l'ambassade américaine (qui commença par le dissuader de suivre la piste Menem puis lui tint la main pour rédiger certains de ses actes juridiques). Ce n'est pas pour rien qu'en Argentine l'ambassadeur des USA est surnommé "le vice-roi" (en référence à l'époque de la colonisation espagnole).
- une émouvante méditation d'un journaliste israélien sur le danger pour la communauté juive argentine de ne pas dénoncer voire d'appuyer les obscurs complots d'extrême-droite qui finiront par se retourner contre les Juifs (http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.639110). Ce brave homme imagine un peu naïvement qu'Israel n'a pas trempé dans ce qu'il faut bien appeler le complot Nisman mais les révélations de O'Donnell montrent qu'Américains et Israéliens travaillaient main dans la main dans cette affaire, au détriment de la recherche de la vérité sur les attentats antisémites de Buenos Aires. En Israel comme chez nous, la realpolitik à courte vue (je pense entre autres à la prévenance dont on continue d'entourer les principaux régimes producteurs de fanatisme islamiste que sont le Qatar, l'Arabie Séoudite et le Pakistan) a ses raisons que la raison ne connaît pas...
- la procureur Fein vient de révéler que le retour de Nisman le 12 janvier n'était pas du tout improvisé, contrairement à ce que Nisman lui-même avait indiqué par ailleurs, car son vol de retour avait été réservé sur Ibéria dès le 31 décembre. Dans un hallucinant mélange des genres, la Casa Rosada s'est immédiatement fendue d'un communiqué sur les réseaux sociaux diffusant un message privé de Nisman à certains de ses proches ; j'avoue ne pas comprendre quel jeu joue la Présidence en jetant ainsi le doute sur les données factuelles obtenues par la justice. Mais comme de toute façon comprendre par une approche rationnelle le fonctionnement mental des péronistes est toujours un exercice difficile, je ne m'en fais pas trop...
- il semblerait que Lagomarsino soit retourné chez Nisman le dimanche du décès (http://www.perfil.com/politica/Lagomarsino-habria-entrado-al-Le-Parc-dos-veces-una-de-ellas-el-domingo-20150127-0051.html), contrairement à ce qui avait été indiqué jusqu'ici par lui-même et par les enquêteurs, mais comme il n'y a pas coïncidence entre les données de la vidéosurveillance et le registre des visites, toute cette histoire devient carrément un conte borgésien...