Le froid apporté par le vent du sud (4°C ce matin à Buenos Aires) rend plus aigüe la hausse controversée des prix de l'énergie,suspendue par la justice pour avoir été décidée sans consultation préalable des associations de consommateurs.
Le coup de froid n'est pas que météorologique: l'inflation sera de 40 à 45% cette année, les dernières statistiques disponibles montrent une chute de plus de 8% de la production industrielle en juin par rapport à l'an dernier et les économistes prévoient une récession annuelle de 1,5%.
Quoiqu'en disent les bons apôtres du libéralisme, cette mauvaise situation économique est intégralement attribuable aux décisions prises par le nouveau gouvernement dès son entrée en fonction. Ces décisions erronées parce que stupidement pro-cycliques (restriction monétariste dans le vain espoir de réduire rapidement l'inflation, baisse des salaires réels, taux d'intérêt prohibitifs) dans un environnement international de stagnation de l'économie réelle, de bulle financière et d'aversion au risque (taux à dix ans négatifs au Japon et en Allemagne...) voire de récession (au Brésil) ont accru des inégalités sociales déjà criantes.
Un sévère article paru dans El Estadista de juillet a par ailleurs relevé le manque de professionalisme de l'équipe gouvernementale dont la décision unilatérale de hausse des prix des services publics fut prise en pure et simple contravention avec l'article 42 de la Constitution, et l'auteur Mario Serraferro de se demander rhétoriquement si les banquiers et PDG qui gouvernent aujourd'hui le pays ont jamais pris la peine de lire la Constitution...
Hier l'actualité locale était consacrée à la réception de l'entrepreneur et animateur médiatique Tinelli (une sorte de Patrick Sébastien argentin dont un sketch de mauvais goût portraiturant Macri en caleçons avait déclenché une avalanche de protestations orchestrée par le parti présidentiel sur les réseaux sociaux) par Macri à la résidence présidentielle d'Olivos pour se rabibocher sur fond de grandes manoeuvres en cours concernant la gestion du football argentin (rénovation de la direction de l'AFA, négociation des droits télévisés dans le contexte d'une reprivatisation annoncée).
La rencontre Macri-Tinelli et la pantalonnade du tarifazo suspendu illustrent bien les deux principales faiblesses politiques de cette PDGcratie néo-libérale pourtant servie par le lourd matraquage de propagande des médias du groupe Clarin:
1°) une arrogante affirmation de compétence professionnelle des nouveaux dirigeants économiques qui se révèle cruellement démentie par la réalité,
2°) un président hors-sol qui préfère jouer à Snapchat avec un Tinelli et s'occuper de son image dans les médias de masse plutôt que des problèmes du pays.