Le narco-trafiquant argentin Antonio "Fred" Machado, originaire de la province patagonique de Rio Negro, est en attente d'une décision concernant une demande d'extradition étatsunienne à son encontre. Sa complice et associée Mercer-Erwin y purge déjà une condamnation à 16 ans de prison au Texas.
Depuis plusieurs années, Machado était devenu le principal soutien logistique (prêt d'une camionette et mise à disposition d'un avion privé qui faisait de nombreux aller-retour entre l'Argentine et les USA) et financier (il est question d'un montant total de 5 millions de dollars) des campagnes électorales de José-Luis Espert, économiste libertarien connu pour sa violence verbale qui est devenu, malgré (ou plutôt grâce à) ses discours de haine à l'encontre des indigènes Mapuches et de tout ce qui ressemble à la Gauche, la tête de gondole du miléisme dans la province de Buenos Aires.
Or un tribunal du Texas a produit la preuve, sur la base des traces conservées par Mercer-Erwin, d'au moins un versement de 200 000 dollars de Machado à Espert réalisé en 2020.
Au moment où, dans une manoeuvre désespérée pour arriver aux élections de fin octobre, Milei a obtenu de Trump une promesse de prêt de 20 milliards de dollars sous réserve qu'il gagne les élections de mi-mandat et qu'il abandonne l'accord swap passé autrefois par les kirchnéristes avec la Chine (on parle aussi de la création d'une base navale étatsunienne en Terre de Feu) il sera intéressant de voir comment sera traitée la demande de poursuites judiciaires des USA contre Machado.
En effet, l'Argentine ne produit pas de bananes, mais cela ne l'empêche pas d'être transformée par Milei en une nouvelle république bananière.
La question se pose déjà: Espert sera-t-il sacrifié par Milei sur l'autel des nouvelles relations charnelles entre l'Empire du Nord et l'Argentine ? Le choix est cornélien et le suspens promet d'être insoutenable !
En tout cas, cela devrait contribuer à copieusement plomber la campagne miléiste dans la province de Buenos Aires (37% de l'électorat): que le principal candidat de la Loi et de l'Ordre soit maintenant dénoncé comme l'obligé d'un narco-trafiquant va faire sonner creux les dénonciations miléistes de l'insécurité dans les banlieues.
Pour vous faire une idée de l'impact politique potentiel de l'affaire, imaginez ce qui se passerait en France si l'on apprenait qu'un Wauquiez ou un Ciotti finançait ses campagnes électorales avec l'argent de la DZ Mafia...
Et comme le monde est petit, l'avocat qui défend Machado défend également Milei dans l'affaire dite du "cryptogate".
La dernière manip financière de Caputo pour tenter de faire rentrer des dollars dans le pays a consisté à supprimer les droits de douane sur les exportations agricoles pendant moins de 48h (car le lobby des producteurs étatsuniens de soja a protesté auprès du gouvernment Trump qui a ordonné à Milei et Caputo de rétablir immédiatement les taxes à l'exportation et ils ont évidemment obtempéré).
Cette opération incluant possiblement un délit d'initié au profit de quelques multinationales du secteur (qui avaient été mises au courant de la clôture expresse de cette exemption de taxe) a permis à sept gros opérateurs de l'agro-négoce d'engranger via des ventes à découvert un bénéfice estimé à un milliard de dollars au détriment des producteurs qui n'ont pas eu le temps d'en profiter (mais bon, cela leur apprendra à rester assis sur leurs stocks en attendant que le dollar monte; comme disait autrefois Rockfeller: "Je suis devenu milliardaire parce que j'ai toujours vendu trop tôt".)
Le secteur agricole via son lobby de la Société Rurale Argentine (qu'on peut comparer à la FNSEA chez nous), pourtant soutien inconditionnel de Milei depuis son élection après avoir été celui de Macri et autrefois de l'UCR, a fait publiquement part de son mécontentement et les tenants fédéralistes de la ruralité commencent à déchanter du libertarianisme, ce qui devrait avoir des conséquences électorales défavorables à Milei lors des élections du 26 octobre prochain dans les provinces agricoles les plus peuplées (principalement Cordoba, Sante Fe et le sud rural de la province de Buenos Aires.)