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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 30 novembre 2013

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Quelques évolutions en cours de la politique économique argentine

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De retour aux affaires, la présidente CFK a remanié son cabinet et nommé le flamboyant Axel Kicillof à la place du transparent Lorenzino au ministère de l'économie. Le nouveau patron du cabinet est Capitanich (gouverneur du Chaco, une des provinces pauvres du nord).

Last but not least, l'inénarrable Moreno (loubard péroniste de première magnitude et grand admirateur du nouveau pape) a été nommé conseiller économique à l'ambassade d'Italie, ce qui va le rapprocher considérablement de son idole.

De Vido (qui est aux Kirchner ce qu'Hortefeux était à Sarkozy, Poniatowski à Giscard, ou Pelat à Mitterrand: un dépositaire de bien des combines financières et un grand ordonnateur de magouilles et coups tordus) a évidemment survécu au vent du changement.

De nouvelles taxes visant à limiter les dépenses somptuaires des classes moyennes et supérieures (voitures de luxe importées, yachts etc.) sont mises en place, un accord d'indemnisation de Repsol (suite à la nationalisation d'YPF) est en cours de négociation (pour un montant de 5 milliards de dollars alors que le discours "national-populaire" envisageait au départ une nationalisation sans indemnités... mais le nouveau partenaire yanqui d'YPF (Chevron) a fait comprendre via le nouveau patron d'YPF Galuccio qu'il fallait régler ce problème si l'on voulait voir s'ouvrir le robinet à dollars pour la relance de la production) et on envisagerait même de renégocier le coût du "football para todos"...

C'est qu'il va falloir faire quelques économies l'an prochain, si l'on veut avoir de quoi soigner l'électorat avant les prochaines présidentielles de 2015. Pagina/12 de dimanche dernier offrait à ses lecteurs un florilège de la "pensée" de Kicillof, dont cette perle: l'accord de libre-échange en cours de négociation entre les USA et l'Europe serait en fait un nouveau plan Marshall pour sauver l'économie europénne. Rien que ça...

Soit Kicillof est complètement con (ce qui me semble exclu) soit, en bon péroniste, il raconte n'importe quoi, selon le bon vieux principe du "plus c'est gros mieux ça passe", pour "embarrar la cancha" selon une expression en vogue à la Campora, organisation des jeunesses kirchnéristes qui est nominalement dirigée par le fils Kirchner (prénommé Maximo, mais usuellement surnommé Minimo en raison de ses capacités limitées) et dont l'élite technocratique est partie depuis quelques années à la conquête des postes de direction des entreprises et administrations publiques avec un très bel appétit.

Kicillof est volontiers caricaturé par ses (nombreux) adversaires comme un grand méchant marxiste alors qu'il n'est qu'un néo-keynésien repeint aux couleurs du national-populisme argentin. Toutes ses idées ne sont d'ailleurs pas stupides: il insiste très justement sur la nécessité d'éviter l'austérité financière synonyme de contraction de la consommation populaire et de récession, mais il est pour l'instant plus discret sur les moyens.

Reste à voir s'il va enfin s'attaquer à l'inflation galopante (30% prévu cette année) et au développement productif: la politique stupide de Moreno qui a consisté à bloquer toutes les importations sans faire de distinction entre produits de consommation et biens intermédiaires à destination de l'appareil productif (équipements et consommables à usage industriel) a été catastrophique.

On peut espérer que Kicillof aura le protectionnisme un peu plus subtil, d'autant plus qu'il met en avant l'importance de l'industrie (on croirait réentendre les discours peu suivis d'effet de Sarkozy, Borloo, Hollande et Montebourg). Il se targue même que d'après les statistiques, l'Argentine, contrairement à la Colombie ou d'autres pays de la zone ne s'est pas "reprimarisée" ces dernières années.

En réalité, les statistiques ne sont pas très fiables (il y a 15-20 ans, le secteur agricole faisait beaucoup d'exportations au noir, car Menem avait mis en place une gestion "auto-déclarative" des exportations aussi efficace que l'auto-régulation du secteur bancaire chez nous; les kirchnéristes ont entre temps tenté de resserrer les boulons, mais du fait de la corruption généralisée, la douane argentine reste une passoire joyeusement bidirectionnelle.)

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