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Michel DELARCHE

retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 30 novembre 2024

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L'Argentine entre apathie, inquiétude et perplexité

Un rapide bilan de mes impressions sur l'état actuel de l'Argentine

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Dans Buenos Aires, même dans les quartiers résidentiels, la misère est partout, comme à Paris, avec des sans-abris allongés sur des cartons ou des matelas de fortune dans tous les recoins, mais l'aéroport d'Ezeiza fourmille de familles des classes moyennes supérieures qui partent en vacances au Brésil ou ailleurs.

La politique du dollar fort et de la "Plata Dulce" satisfait la fraction d'origine macriste de la base électorale de Milei, malgré sa répugnance pour la vulgarité et la brutalité de Milei, ce qui lui assure un socle électoral de 25 à 30% dans la perspective des élections intermédiaires de fin 2025. L'autre partie de son électorat, plus jeune et en situation économique plus précaire, commence à se désenchanter, mais continue d'apprécier la violence verbale de Milei envers ses opposants (c'est le même attrait pour la grossièreté anti-élites que ressent l'électorat populaire de Trump.)

Malgré la propagande gouvernementale, l'inflation reste un sujet de préoccupation pour la vie quotidienne (le gouvernement vient de virer la responsable du calcul de l'indice des prix, qui voulait corriger la méthode de calcul dans un sens plus réaliste, ce qui montre à quel point le sujet reste politiquement sensible.)

La réduction de la consommation des ménages touche aussi les classes moyennes supérieures et l'on voit que la plupart des cafés et restaurants tournent au ralenti, même dans les beaux quartiers.

L'opposition péroniste, toujours très divisée, ne profite pas des dégâts du miléisme car les destructions d'emplois que ptovoquent les coupes budgétaires et la récession économique n'ont pas encore atteint massivement tous les secteurs de la population. La protestation contre les coupes budgétaires dans les universités et le système de santé a certes rencontré un large écho, mais n'a pas de débouché politique: les Argentins n'ont pas encore digéré le désastreux bilan du quadriennat du binôme Fernandez-CFK et les tentatives de CFK et d'autres caciques du péronisme de s'accrocher à des positions de pouvoir ne font que retarder la nécessaire rénovation du Parti Justicialiste.

Le parallèle avec la perte de crédibilité de la Gauche française et les pathétiques tentatives de Hollande et Mélenchon de continuer d'occuper le devant de la scène politique est assez frappant (et tout aussi désolant.)

Nos amis et parents argentins, qu'ils soient de Droite ou de Gauche, ont en commun un mélange d'apathie et de perplexité face à la nouvelle situation politique créée par l'émergence de Milei (d'autant plus que la Droite au pouvoir est, comme en France, très divisée entre plusieurs factions.)

Les plus lucides sont conscients que la politique actuelle de Plata Dulce risque de déboucher d'ici un an ou deux sur une crise financière d'une intensité comparable à celle de 2001 et ils s'inquiètent de la possibilité d'une nouvelle explosion sociale.

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