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Billet de blog 12 mai 2014

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Comme son prédécesseur, B. HAMON justifie la réforme des rythmes scolaires en usant d’arguments douteux

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« Avant que l'on passe à la semaine de quatre jours, nous avions déjà neuf demi-journées. Comme par hasard, nos résultats dans tous les classements internationaux sur l'apprentissage dégringolent. »

C’est l’argument employé par Benoit HAMON lors de la matinale de France Inter du 7/05/2014. S’il pense à PISA, nous nous contenterons de rappeler que celui-ci mesure des performances d’enfants de 15 ans qui n’ont pas connu la semaine de 4 Jours lors de leur scolarité primaire.

Alors sans doute pense-t-il à PIRLS, car l’argument est contenu dans le « Guide pratique » des nouveaux rythmes à l'école primaire établi par la DGESCO. On y trouve effectivement un court article [1] justifiant la réorganisation de la semaine scolaire qui convoque les résultats de PIRLS 2011 :

« En France, 4 438 élèves répartis dans 277 classes de CM1 de 174 écoles élémentaires ont été évalués. Ils appartiennent à la génération qui a débuté sa scolarité en 2008, au moment de la mise en œuvre de la semaine de quatre jours. »

Déjà, la deuxième phrase contient une affirmation  inexacte : sans compter leurs années d’école maternelle, les enfants qui étaient en CM1 en mai 2011 ont commencé leur scolarité obligatoire en 2007, et la semaine de 4 jours n’a débuté qu’en 2008/2009.

CP        CE1       CE2      CM1

07/08   08/09      09/10     10/11

L’articulet se poursuit par cette affirmation : « Les résultats de cette enquête, rendus publics en décembre 2012, révèlent la situation dégradée de notre école…». Or, une lecture attentive de la note de la DEPP sur l’enquête PIRLS 2011 [2]permet d’y trouver cette analyse autorisée : « En 2001, le score global de la France était de 525, en 2006 de 522, et il est de 520 en 2011 (tableau 3). Du point de vue statistique, ces différences, à cinq ou dix ans, ne sont pas significatives, c’est-à-dire qu’il n’est pas possible d’affirmer qu’elles seraient dues à une légère érosion des résultats. »

A sa décharge, on dira qu’il entonne la doxa décliniste répandue sur les performances des élèves en lecture qui  ne cessent de se dégrader. Cependant, il aurait été suffisant  et plus proche de la réalité de formuler  que « l’établissement de la semaine de quatre jours et l’aide personnalisée n’ont pas contribué à augmenter la performance des élèves de CM1 scolarisés en France ».

Etayer une thèse sur de faux fondements contribue à sa fragilisation. En s’y prenant ainsi, il n’est pas sûr qu’il convainque quiconque, y compris parmi les moins hostiles, du bien-fondé d’une réforme des rythmes scolaires 


[1] http://cache.media.education.gouv.fr/file/02_Fevrier/52/9/2013_rythmesco_guidel_elus_bdef_240529.pdf (page 7)

[2] http://cache.media.education.gouv.fr/file/2012/68/0/DEPP-NI-2012-21-PIRLS-2011-Etude-internationale-lecture-eleves-CM1_236680.pdf Cette même note  contient suffisamment d’autres éléments significatifs (différences privé/public, différences ZEP/hors ZEP, traitement des textes informatifs, baisse dans des compétences complexes comme « apprécier et interpréter »,…)  pour pouvoir engager sérieusement un travail d’analyse et de propositions.

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