Dans les commentaires qui suivent les livraisons de PISA, il est répété à l’envi par les commentateurs ou les politiques que l’école crée ou aggrave les « inégalités sociales ». Or, il est pour le moins un peu court de dire que l’école crée ces inégalités : au pire, elle ne parvient pas à les combattre. Ce dont il s’agit c’est qu’elle ne parvient pas à corriger les effets des inégalités sociales sur les apprentissages scolaires.
D’ailleurs, ce que montrent les études à ce sujet c’est qu’aucun système scolaire ne parvient à le faire sinon marginalement. De ce point de vue, il est indéniable que l'école française fait encore moins bien que beaucoup d’autres. On peut toutefois légitimement s’interroger sur la nature des comparaisons opérées par PISA lorsqu’il classe, par exemple, les systèmes scolaires de MACAO, du Qatar ou des Emirats Arabes Unis comme plus « équitables » que le système Français… Mais partout, on peut observer que la pauvreté, la misère ou la précarité ne favorisent pas les parcours scolaires paisibles.
Face à cela, le système scolaire français doit pour sa part s'interroger sur les changements à opérer. Cependant, rechercher l’efficacité dans la lutte contre les effets de la pauvreté sur l’école devrait conduire les femmes et les hommes politiques à ne pas se cantonner aux seuls facteurs liés à la salle de classe : pour que les enfants pauvres réussissent mieux à l’école, il convient sans aucun doute de mettre aussi en place des politiques de nature à les aider à sortir de la pauvreté.
Dès lors, il est étonnant de voir certains hommes politiques ou éditorialistes, à la place où ils sont, « s’étrangler » d’indignation devant ce caractère inégalitaire de l’école. En tout état de cause, l’éducation ne pourra suffire seule à réduire le fossé socio- économique qui s’élargit au sein de la population. Les politiques qui ne limitent pas les hauts revenus, favorisent les « stocks options » ou autres « golden parachutes », multiplient les niches fiscales pour les revenus patrimoniaux, proposent de supprimer l’ISF et qui, dans le même temps, gèlent les salaires, les minima sociaux, le point d’indice, les retraites, proposent d’augmenter la TVA et organisent la précarité … contribuent pour sûr à aggraver les inégalités sociales.