À une époque où la presse n’était pas encore monopolisée par les hommes d'affaire milliardaires, Thomas Jefferson, l’un des penseurs les plus audacieux des grands principes sur lesquels ont été fondés les États-Unis à la fin du xviiie siècle, avait perçu l’importance capitale d’une presse libre destinée à l’investigation et à la critique des pouvoirs. Ce « tocsin de la nation » devait permettre l’éveil des consciences et un véritable gouvernement par les citoyens eux-mêmes.
Jefferson se réfère souvent à la presse dans sa correspondance, notamment dans une lettre à Edward Carrington (16 janvier 1787) : « La base de nos gouvernements étant l’opinion du peuple, le premier objectif devrait être de préserver ce droit ; et s’il m’appartenait de décider si nous devrions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un seul instant à choisir la dernière hypothèse. »
Pour lui, dans une démocratie idéale, ce n’est pas le gouvernement qui vient en premier. Jefferson met au contraire en avant une presse disponible auprès de lecteurs instruits, capables de la lire, de se forger un jugement et de participer activement au gouvernement de la cité. Sinon, la démocratie court le risque d’être confisquée par une oligarchie.
Le coup bas – punitif – du « gouvernement » de Bercy contre Mediapart et autres journaux en ligne incite à rêver que l’hypothèse de Jefferson puisse un jour se réaliser !