Je croyais naïvement que, dans un pays où la loi est censée veiller à ce qu’il n’y ait pas de « distinction d’origine, de race ou de religion », les morts étaient enterrés au cimetière (rien de plus).
Ce matin, un journaliste de radio expliquait qu’on avait vandalisé un « cimetière catholique » dans le Calvados. Est-ce à dire que dans la commune de Tracy-sur-mer on n’enterre pas les croyants des autres religions ou sectes ? Et qu’en est-il du sort des agnostiques, des athées, des incroyants, des irréligieux, des mécréants et des païens ? Vont-ils être privés de sépulture comme le bébé Rom ?
À force de s’habituer à tout voir par le petit bout de la lorgnette des religions, à enfermer les gens dans des cases religieuses, à parler de communautés (juive, catholique, musulmane — qui n’existe pas pour Olivier Roy), la vie va devenir de plus en plus fragmentée. On accompagnera son enfant à l’école catholique, plutôt que publique ; on fera ses courses dans une boucherie hallal, un hyper-casher, une pâtisserie protestante (au choix). Pour être sûr de ne pas se mélanger, il faudra construire des murs de séparation entre les quartiers, avec aux quatre coins des miradors ou tout au moins des caméras de surveillance. Espérons qu’il restera au moins une librairie indépendante et une bibliothèque pluraliste pour que soit préservée la liberté de pensée.
Il serait temps de veiller à employer des mots qui ne construisent pas des réalités dangereuses, rendant impossible la vie dans un monde commun.