Michel Joli (avatar)

Michel Joli

C'EST QUAND QU'ON VA OU?

Abonné·e de Mediapart

64 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 avril 2021

Michel Joli (avatar)

Michel Joli

C'EST QUAND QU'ON VA OU?

Abonné·e de Mediapart

mixité et souffrance identitaire

Cette affaire de réunions ethniques donnée en pâture à l'extrême droite  révèle un ras-le-bol universitaire, là où, justement,  doit régner non seulement la liberté de débattre mais aussi la liberté d' expérimenter de nouvelles formes de débat, notamment en situation de souffrance identitaires.

Michel Joli (avatar)

Michel Joli

C'EST QUAND QU'ON VA OU?

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette affaire de réunions ethniques donnée en pâture à l'extrême droite  révèle un ras-le-bol universitaire, là où, justement,  doit régner non seulement la liberté de débattre mais aussi la liberté d' expérimenter de nouvelles formes de débat, notamment en situation de souffrance identitaires. 

Elle nous pose quelques questions toutes simples :

-Peut-on dénoncer, voire interdire, ce type de réunion sans reconnaitre un nouveau privilège aux " blancs" :  celui de dire qui a droit de se réunir et avec qui?

-Peut-on sans rougir, interdire des réunions ethniques dans une société qui depuis bientôt un siècle en a tant imposé, sans alternative, à des communautés  regroupées dans des quartiers spécifiques d’où les "civilisés" s’excluaient d’eux même après y avoir semé la précarité?

-Peut-on croire que ces réunions sont dangereuses pour l'ordre public et assimilables à des complots anti-républicains? Si ces complots existent, ils sont sans doute ailleurs et forcément clandestins.

-Ces réunions ne sont que des inclusions indispensables dans la trame du tissu social et ne doivent pas en être rejetées ; au contraire, elles contribuent à  l'indispensable complexité sociale, alimentée par les différences, et concourent donc à universelle variété de notre espèce. Variété qui n'est pas synonyme de races,(les races n’existent pas)  mais de différences. ( physiques, religieuses, culturelles, d'histoire personnelle ou collectives...) 

Ce qui compte avant tout c'est que ces "variants"  puissent coexister sans générer des drames  d’injustice, de stigmatisations de dominations et de soumissions.

 Question à ce sujet cependant: où se cache l'avantage évolutif de notre espèce? Peut-on considérer qu'il est tout entier contenu dans le suprématisme blanc, version USA ? Non, bien sûr, mais les "gens de couleur" redoutent à juste titre sa progression et éprouvent un sentiment d'urgence amplifié par la crise systémique dont ils seront les premières victimes. Je ne suis pas sûr qu'il soit possible de renverser la vapeur mais l'intention ne doit pas nous quitter. Le statu- quo n'est plus possible et la violence est au bout de chemin. Alors laissons  ceux qui ne veulent plus souffrir dans leur identité la possibilité de s’exprimer librement entre eux pour prendre en compte  cette urgence collective, plutôt que de s'interroger à l'infini sur la forme du débat lui-même et de ses intentions cachées. Toutes les initiatives sont bien venues à l'université. C’est d’ailleurs un endroit plutôt bien choisi pour parler de l'universel!

Oui, il faut tous ensemble, quelles que soient nos différences, travailler sur "les conditions de vie faites au Vivant" par la civilisation humaine dominante.

Mais cela ne doit pas s'opposer à la nécessité de débattre sur ce que révèle la souffrance identitaire en rapport avec des phénomènes croissants de domination et de segmentation de l'universalisme humain. C'est même une indispensable première étape

 Et c'est bien sûr à l'Université que doit s'organiser le désir de débattre et le besoin d'intervenir dans  la cité. Comme lieu de savoir, c'est à Elle d'organiser et de modérer ces rencontres. Merci à l'UNEF de s'en être souvenu. Quant à la forme, il me semble qu'elle doit être à géométrie variable via une décision démocratique des participants sachant qu'aucun ne peut être interpellé sans avoir le droit et la possibilité de répondre, l'université n'est pas le tribunal des idées, seulement une indispensable écloserie.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.