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Ne portons pas de jugement sur le climato-scepticisme des australiens qui rejoint celui des américains. Accepter le risque climatique c’est, pour eux, renoncer à la protection divine qui en ces pays de « in god we trust » occupe une place essentielle dans leur construction identitaire. C’est avec effroi qu’ils découvrent qu’il n’y a pas d’autre protection que celle que nous offrent l’intelligence et la raison. Le premier ministre, Scott Morrison, s’interroge et sa perplexité est devenue son mode de communication face à une nécessaire reconnaissance de l’indivisibilité du vivant. Adopter l’attitude du « profiteur » de la nature, du consommateur extérieur d’un bien éternellement renouvelable expose à un risque anthropophage : en consommant au-delà de toute limite raisonnable l’humanité se consomme elle-même.
Je ne connais pas encore les conclusions de la convention pour le climat et je ne conteste pas le tirage au sort des 150 citoyens qui ont travaillé sur le sujet avec Cyril Dion en toute indépendance ; mais je trouve qu’il serait utile que leurs conclusions soient soumises à une consultation nationale permettant à chaque citoyen d’exprimer ses propres idées, ses propositions, contributions et critiques. Il ne s’agit pas d’un référendum ni de prendre les commandes et retarder le processus engagé, mais de proposer à chacun de se mettre dans la peau de ceux qui ont été tiré au sort et de réfléchir aux questions posées comme s’ils étaient à leur place.
Pour ma part j’ai fait ce petit exercice à propos des comportements individuels que chacun devrait adopter. Appelons cela « les dix commandements » avec une pensée solidaire pour nos ami-e-s australien-ne-s :
Les 10 commandements :
1) Ne pas consommer de viande plus d’une fois par semaine,
2) S’imposer un crédit « déplacement thermique» d’au moins 25 % (y compris l’avion).
3) Ne se rendre au super-marché qu’une fois par mois pour y acheter des denrées« indispensables et durables ».
4) Rechercher et adopter toutes les formes de consommation alternative, protectrices de l’environnement.
5) Refuser tous les emballages en plastique et non biodégradables.
6) Contribuer à recréer des espaces de rencontre propice aux échanges, au partage, à l’expression des besoins ….
7) Donner aux objets de la vie courante une seconde vie (électro ménager, vêtements, véhicules…) par le recyclage, les achats d’occasion, les détournements de sens.
8) Planter des arbres (et pas n’importe lesquels),
9) Renoncer au recours à la chimie létale (herbicides, pesticides)
10) Participer à la reconquête de notre liberté de choix et d’action face au déchaînement du consumérisme.*
N’attendons pas les lois pour nous imposer un comportement exemplaire. Cette éthique écologique doit bien sûr être adaptée aux situations particulières des individus et des foyers sous la forme d’une participation active et comportementale à la solidarité fraternelle et la cohésion sociale.
Je ne suis pas dupe de ces conseils et je sais bien que, même appliqués par tous les humains, ils n’auraient qu’un effet limité sur le délabrement climatique. On ne lutte pas contre un tel phénomène avec des conseils mais ces mesures, mises en œuvre par le plus grand nombre, auraient un effet mobilisateur de notre responsabilité et imposeraient –sous la contrainte s’il le faut- aux décideurs politiques, entreprises et fabricants de profits en tout genre, de s’impliquer dans un changement civilisationnel urgent. La prise de conscience de la communauté de destin de l’humanité (Edgar Morin) donnera alors à la vie humaine un nouveau sens… sans rien attendre de la providence !
Michel Joli
*Personnellement je suis loin du compte mais j’ai mis ces engagements au nombre de mes résolutions 2020.