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Billet de blog 11 juin 2022

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ENTRE DEUX TOURS, UN SECOND SOUFFLE POUR DEMAIN

Les élections de 2022 vous ont donné l’occasion de vous exprimer avec force sur ce qui ne va pas dans notre société ; mais vous contournez trop souvent les menaces gravissimes qui s’accumulent sur nos têtes et le gigantesque changement du cours de la vie qui se prépare pour les toutes prochaines années.

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Vendredi 10 juin

Merci à Bénédicte Taurine, candidate NUPES de la seconde circonscription d’Ariège, de m’avoir invité à m’exprimer dans cette belle soirée de clôture (provisoire) de la campagne.

 Première partie

«  Il y a longtemps, comme militant socialiste « courant historique » j’ai été, le temps d’un mandat, le maire du Mas d’Azil.

J’ai beaucoup fait pour cette commune en valorisant sa grotte, en lui apportant de nouveaux services publics de proximité et des équipements modernes. Cependant, en raison de mon inexpérience j'ai commis l'erreur de m'exprimer trop souvent en faveur de la cause écologique au point d’être devenu le second de la liste européenne des verts aux élections européennes de 1994.

Il est certain que mes prises de position n’ont pas été appréciées par mes camarades du parti socialiste.

Nous nous sommes donc quittés et en 95 j’ai été battu… par la droite !

Pourtant ma conviction écolo était encore très vague, le sujet, en cette fin de XXième n’était pas politiquement mûr.

Il n’est pas bon pour la santé de manger un fruit vert, encore moins de le faire manger aux autres…

Ma rencontre avec Danielle Mitterrand puis un long parcours auprès d’elle à la tête de sa Fondation « France libertés » m’a permis de comprendre que la défaite des valeurs humanistes se traduirait partout dans le monde par une soumission de l’humanité aux injonctions du libéralisme économique.  

Notre opposition à cette menace avait pour nom « altermondialisme » et déjà, dès les années 90 nous proclamions qu’un autre monde était possible dans tous les forums sociaux internationaux avec un slogan modeste : « juste un monde plus juste »,

Trop modeste pour s’opposer aux mensonges, aux promesses non tenues, aux prédations, aux vols, aux calculs spéculatifs, à l’accumulation dans les coffres forts et les silos.

Car l’argent, comme le blé est objet constant de spéculation financière au gré des’ inégalités économiques rarement accidentelles qui ne rémunèrent aucune production de richesse.

C’est ainsi qu’augmente simultanément le nombre des très riches et celui des très pauvres.

C’est le propre d’une civilisation moribonde quand augmente simultanément le trop et le pas assez ! 

Mais aujourd’hui, un autre monde est toujours possible pour ceux qui comme moi sont restés longtemps insoumis dans leurs rêves et souhaitent enfin passer à l’action.

Pour ceux qui pensent que JL Mélenchon représente le seul et vrai retour aux valeurs républicaines,

Pour ceux qui veulent se remobiliser pour donner du sens à leur vie,

Pour ceux, enfin qui veulent chasser le doute et la peur du futur.

Le mois dernier une quarantaine de proches et amis m’ont accompagné dans la rédaction d’une Tribune qui a bien circulé dans le département mais qui cependant n’est pas parvenu à tous.

C’est Michel Larive qui me l’avait demandé pour s’adresser aux hésitants et je suis très heureux de vous en parler aujourd’hui, non parce que je crois que vous êtes hésitants mais parce que vous avez encore le temps avant dimanche de convaincre les hésitants de votre entourage.

Vous avez fait une magnifique campagne d’indignation et de revendications contre les injustices sociales des temps présents.

Il est difficile de parler au nom des générations à venir. Difficile de leur proposer de nouveaux modes de vie. Notre responsabilité ne doit pas nous aveugler au risque d’infantiliser nos successeurs par des propositions qui consistent plus à moderniser le présent qu’à rompre avec lui.   Car il s’agit bien, face à ce constat d’échec de notre civilisation, de nous mettre en situation de rupture. Or, par-delà toutes vos revendications en matière de justice sociale, de services publics, de répartition du temps de travail qui relèvent d’une urgence dans le présent, il vous appartient de préparer une rupture avec ce même présent.

C’est une lourde de tâche qui comporte bien des contradictions à résoudre ! la première consiste à concevoir que toute la population humaine partage la même communauté de destin mais qu’une partie d’entre-elle souhaite à l’évidence construire pour elle-même une autre communauté technoscientifique inaccessible à tous.

Refuser ce nouveau destin c’est se placer dès aujourd’hui en situation de rupture.

Or, chers camarades de la NUPES, vous êtes les seuls à pouvoir porter cette ambition révolutionnaire car vous êtes, par définition et par insoumission, depuis longtemps en opposition avec le monde d’aujourd’hui. Les seuls à avoir clairement conscience de la nécessité d’une rupture avec un « progrès » devenu irréversiblement injuste et mortifère.

Les élections de 2022 vous ont donné l’occasion de vous exprimer avec force sur ce qui ne va pas dans notre société ; mais vous contournez trop souvent le sujet de la rupture. Il est vrai que le futur n’est pas un thème porteur car les gens souffrent ici et maintenant. Mais il est vrai aussi que des menaces gravissimes s’accumulent sur nos têtes et qu’un gigantesque changement du cours de la vie s’imposera à nous dans les toutes prochaines années.

Une responsabilité historique s’impose à vous, pour beaucoup à « l’insu de leur plein gré » et c’est la raison pour laquelle je vous propose une courte réflexion sur le changement climatique, la nouvelle République et la fraternité globale, trois thèmes apparemment distincts mais qui illustrent pourtant la globalité du défi qu’il nous faut relever.

CHANGEMENT DU CLIMAT

Nous savons que la planète ne peut pas fournir à l’humanité les ressources dont elle a besoin pour vivre selon le modèle productiviste actuel qui ne connait à ce jour aucune alternative.

              Ce déséquilibre entre ressources et désir de croissance, connu depuis longtemps et dénoncé par le rapport Meadows (MIT) en 1972 (à la demande du Club de Rome) est considérablement aggravé par l’énergie elle-même, son origine et son emploi.

              Car l’utilisation des ressources d’énergie fossile implique, de leur extraction à leur combustion, une production « à l’air libre » de gaz responsables d’un effet de serre global.

              Cette pollution, longtemps marginale, se révèle aujourd’hui comme l’unique responsable de la transformation du climat à la fois rapide et irréversible en l’état.                 

              De plus, la facilité d’extraction des combustibles fossiles, de leur transport, stockage et emploi, rendent possible et à peu de frais (et gros profits), une croissance inflationniste des activités prédatrices de l’humanité qui, à leur tour accroissent la production de CO2, le principal gaz à effet de serre.

              C’est ainsi que s’est autoalimenté, au bénéfice d’une minorité, le déclin de la civilisation.

              J’ai eu la chance de préfacer le dernier livre de Hervé Le Treut le Climatologue du GIEC dans lequel toute cette mécanique est clairement expliquée. Climat et civilisation, éditions Eres Toulouse (175 p 18 euros).

            Il ne s’agit plus d’adapter la vie des hommes à leurs désirs mais à la seule satisfaction de leurs besoins vitaux, ce qui implique une massive décroissance du gaspillage des ressources vitales, une modération de l’exploitation de la nature limitée à sa capacité de renouvellement et la mise en œuvre d’une éthique du partage.

              Cela veut dire que les humains doivent impérativement changer à la fois de mode de vie et de source d’énergie.

              JL Mélenchon a clairement exposé sa préférence pour les énergies « propres » en donnant pour exemple la dynamique des océans, en dénonçant l’énergie des réserves fossiles, voire l’énergie nucléaire elle-même dont la production est pénalisée par le coût des investissements, l’accès incertain aux combustibles et la neutralisation des déchets.

Sans oublier que même le nucléaire civil peut à tout moment être utilisé dans l’arsenal militaire comme une arme de destruction massive.

UNE NOUVELLE REPUBLIQUE

              Ouvrir un débat de fond sur l’avenir énergétique et climatique de la planète, à l’occasion d’une transformation constitutionnelle de notre République permettrait de contraindre les politiques à passer à l’acte pour mobiliser nos institutions contre un péril majeur, à admettre que l’humanité doit poser des limites à l’expansion d’un « progrès » inhumain et surtout que l’organisation de la vie sociale, économique, politique et écologique et celle des pouvoirs et de leur contrôle, doit désormais être régie par des impératifs nouveaux tels que la planification écologique.

              Notre pays doit intégrer dans ses principes constitutionnels, l’impérieuse nécessité de répondre à la crise environnementale.

              Sinon celle-ci s’aggravera inéluctablement sous la pression des conflits d’intérêt qui opposent, ici le libéralisme inique, destructeur et mensonger, les délires de domination égalitariste, nationaliste et identitaire d’une poignée de dictateurs.

Après avoir exalté nos différences, le temps est venu de nous rassembler.

Nous ? c’est-à-dire :

- les écologistes politiques, éco humanistes, écoféministes, défenseurs des droits de l’homme et protecteurs de la Nature,

-les héritiers, socialistes et communistes enracinés dans l’histoire du XIX ième siècle, celui des révolutions.

- les idéalistes libertaires, les républicains universalistes qui portent la parole des sans voix, le droit des migrants à l’identité et à la fierté de leurs origines, la protection des faibles et la justice sociale.

Cessons de nous soumettre à la dictature néo-libérale qui nous parlent de liberté pour justifier un productivisme dérégulé et destructeur et nous impose un sélectionnisme impitoyable.

 La concentration des pouvoirs et des richesses s’impose alors « tout naturellement » et, chaque année à Davos, une classe dirigeante mondialisée « de fait » dicte chaque année leur feuille de route aux gouvernements élus dans le plus grand déni de la démocratie.

Cessons aussi de nous soumettre à la dictature des idéologies fondées sur la violence des armes et qui nous parlent d’égalité.

Une simple égalité en vitrine d’une uniformité culturelle et consumériste qui conduit à une assimilation identitaire des êtres et des esprits, stérilise l’indispensable variété individuelle des gens et la diversité des cultures. Derrière cette vitrine se développe partout dans le monde une politique de privilégiés qui, avec l’indispensable influence des médias, s’imposent comme une nouvelle classe dirigeante.

L’insoumission consiste à lutter contre les accaparements et détournement de ces deux valeurs républicaines, la liberté et l’égalité, par ceux-là même qui détestent la République et qui, comme le loup de la fable, se font passer pour des agneaux pour mieux les croquer.

Fin de la première partie, voir la suite dans mon prochain Blog. MJ

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