IL S'EN EST FALLU DE PEU, OUI…Dommage! mais la preuve a été apportée que le rassemblement que nous avons appelé de nos vœux pour le premier tour des présidentielles 2022 était possible. Cette élection signe pour la première fois l’adhésion majoritaire des éco humanistes qui, surmontant leurs différences se sont rassemblés derrière un unique candidat.
Certes, le compte n’y est pas, mais désormais la porte est grande ouverte à tous ceux qui veulent changer le monde sans soumission à des intérêts particuliers des ambitions personnelles ou des dictats idéologiques d’un autre âge :
- les écologistes politiques, écoféministes, défenseurs des droits de l’Homme et protecteurs de la Nature,
- les héritiers, socialistes et communistes, enracinés dans l’histoire d’un siècle de révolution,
- les idéalistes libertaires, les républicains universalistes qui portent la parole des sans-voix, le droit des migrants à l’identité et à la fierté de leurs origines, la protection des faibles et la justice sociale…
- et tous ceux qui partagent la conviction qu’un autre monde est possible sous réserve d’en appeler à de nouveaux principes de vie fondés sur la croissance des valeurs coopératives et solidaires, la promotion du savoir scientifique et culturel pour tous et la reconnaissance constante de l’Autre comme un autre soi-même.
Nous devons tous ensemble faire face à trois urgences : climatique, géopolitique et sociale. Aucune ne peut avoir une réponse sans que les deux autres aient trouver la leur. Sinon chacune évoluera selon sa logique propre : l'urgence sociale vers un retour sanglant à la lutte des classes, l'urgence climatique vers une extinction de masse, l'urgence géopolitique vers une 3ième guerre mondiale par échec des mesures dissuasives.
C'est pour faire face à la complexité de la relation entre ces trois urgences qu’il nous faut nous mobiliser en commençant par nous entendre sur leurs causes communes : un emballement civilisationnel à la fois cause et conséquence du productivisme prédateur, une hyperconsommation des uns par spoliation des autres, un retour aux conflits suprématistes racistes, culturels et religieux, et une accumulation sans limites de biens, de richesses… et de déchets.
- Sont en cause le flux tendu entre production et usage, la consommation exagérée des biens communs, et les choix économiques trompeurs, responsables d’une activité scientifique débordante de nouveautés au seul bénéfice des prédateurs privés. Leurs compétitions vitales n’ont pour objet que de satisfaire des désirs sans limites de consommation et de protection individuelle et collective sans rapport avec le service public.
Certains justifient par des prédictions futuristes cette course qui met à mal toutes les valeurs humanistes. Le post humanisme tient lieu de programme d'avenir pour une technoscience de l'aliénation imposant à l'homme d'abandonner tous les éléments de sa spécificité : l'autonomie, la liberté de penser, la spiritualité, l'identité et cette capacité dont aucune machine ne disposera, celle de posséder une représentation unique du monde avec l'espoir associé de lui trouver un sens.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle et longue révolution et nous devons l’aborder dans l’unité. Les événements destructeurs que nous connaissons aujourd’hui résultent de l’inadaptation des institutions mondiales à une crise majeure dont elles sont, pour l’essentiel, la cause. C’est notamment le cas de notre pays qui s’est employé avec constance, à détourner ses principes humanistes au profit d’une politique injuste d’accumulation et de confiscation oligarchique des biens, des richesses et des droits, sous le fallacieux prétexte d’un progrès également profitable à chacun.
La démonstration vient d’être faite que l’organisation de la vie sociale, économique, politique et écologique, celle des pouvoirs et de leur contrôle, ne peut être le résultat d’une simple élection présidentielle réduite à une compétition d’ego avec pour arme principale le mensonge. La campagne de Jean Luc Mélenchon nous a permis de comprendre que l’intelligence, la sincérité et la prospective rationnelle nous invitent à tourner le dos à ceux qui, de droite ou de gauche traditionnelles se sont englués dans la solution productiviste.
Il a ouvert au progrès une perspective révolutionnaire et pacifique en proposant tout simplement de rendre au peuple sa souveraineté démocratique, économique et idéologique. Face à l’un ou l’autre des deux candidats restés en course, le score de Jean Luc ne doit pas passer en perte et profit. Il doit être l’amorce d’un mouvement révolutionnaire nouveau pour donner à nos dispositions républicaines un nouveau socle en commençant par la Constitution sur laquelle repose notre identité collective. Il sera alors essentiel de veiller à ce que ces dispositions soient opposables aux menaces extrêmes qui se lèvent à l’horizon et dont personne ne peut nier l’existence.
C’est bien d’une constitution d'État d’urgence dont la France a besoin pour les années-sans doute nombreuses- nécessaires pour mettre un terme à la crise existentielle que traverse l’humanité.
Fort de cette percée historique, notre obligation principale aujourd’hui consiste à s’élever au-dessus du tout-venant politique hérité d’un passé révolu. La tentation est forte de conclure cette séquence électorale par un vigoureux « bonnet blanc et blanc bonnet » tant les vrais problèmes, ceux qui touchent notre existence même, sont ignorés. Finalement j’en viens à penser que c’est une bonne chose que les insoumis ne soient pas impliqués dans un second tour qui les auraient obligés à se soumettre (un comble) aux règles d’un langage commun et à la banalisation des promesses, qui n’ont pour objet que d’activer encore plus le cours de nos désirs mortifères.
Mais ne restons pas en lévitation au-dessus de la bataille des Picrocholes nains. Il nous faut mobiliser encore et encore tous ceux qui gardent au fond du cœur un vrai désir de changement par un usage raisonnable de la science et des techniques par les ressources éducatives de l’interculturalité, par une utilisation planifiée de l’énergie, par la mise à mal d’une mondialisation économique qui s’alimente d’elle-même, par l’accroissement de la capacité d’influence de ceux qui maîtrisent la connaissance du monde avec pour seule et unique finalité de protéger l’humanité et le vivant.
Non, Jean Luc n’a pas été défait le 10 avril dernier mais il nous faut aujourd’hui transformer l'essai sur le terrain institutionnel pour qu' enfin soit prise en compte une cause commune universelle au sein même de notre Constitution. Celle de la survie de l’humanité et de la sauvegarde du vivant. MJ