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Billet de blog 31 décembre 2019

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"NOTRE TRUMP, bis repetita"

Cet homme est dangereux : une superposition flagrante d’Hitler des années 20 et d’Al Capone vu par Berthold Brecht. Trump venu de nulle part ? Non, droit sorti lui aussi du ventre de la bête immonde, les majorettes en plus!

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Illustration 1
© Zlaty Krumov

Voici une réplique du billet que j'ai édité en janvier 2020, c'est toujours d'actualité et j'espère bien que cette page noire sera tournée en janvier prochain...

Cet homme est dangereux : une superposition flagrante d’Hitler des années 20 et d’Al Capone vu par Berthold Brecht.
Trump venu de nulle part ? Non, droit sorti lui aussi du ventre de la bête immonde, les majorettes en plus.
 Hitler avait commencé par créer son parti pour prendre le pouvoir démocratiquement en 1930 alors que Trump s’est introduit dans le corps du parti républicain comme un allien pour le dévorer de l’intérieur. Parions que, parvenu en fin de mandat, en dépit de sa pestilence et même s’il gagne les élections après avoir feinté la destitution, parions que sa prochaine étape sera de créer son propre parti. Soyons sans illusion sur sa détermination : Il a fait –ou tenté de faire- tout ce qu’il avait annoncé : sur la construction d’un mur pour se protéger des hordes mexicaines, sur l’immigration pour briser le creuset de la multi-culturalité, sur la dénonciation des accords internationaux et du libre échange, sur la lutte contre le réchauffement climatique, sur l'encouragement du suprématisme blanc dans un pays multiethnique. Il a le culot de se  réjouir, d'une politique sanitaire qui confère au USA le record mondial de létalité épidémique et de nous expliquer que ce son des mort utiles!. Il continuera, fût-ce au prix d’un coup de force institutionnel et au prétexte qu’il a été élu pour cela. Son programme c’était son combat -comme l’autre avec Mein Kampf- attention, les dictateurs tiennent leurs promesses…eux !


Cette détermination n’est pas celle d’un homme seul venu de nulle part. Inexpérimenté mais soutenu en coulisses par des hommes unis par un même courant de pensée, il est allé, d’échec en échec, de provocation en provocation, de tweet en tweet, de mensonge en mensonge au bout de sa paranoïa. Derrière lui on trouve pêle-mêle : les racistes et les sexistes, les dominants décomplexés de la classe moyenne partisans du port d’arme, de la ségrégation sociale et raciale, de la justice expéditive des colons de l’Ouest, les isolationnistes méprisants et les ignorants sédentaires qui ne connaissent du monde qu’un exotisme hollywoodien, aussi violent que méprisant et, bien sûr les créationnistes alliés de tous les fondamentalistes chrétiens. Bref, tous les partisans d’une mondialisation de domination esclavagiste radicalement clivante. Cela peut encore faire une majorité face à un adversaire de bonne volonté mais de mauvaise santé. Sans oublier tout ce qui est extérieur au  nouveau « périmètre américain » notamment en Amérique du Sud qui s'offre à une exploitation colonialiste impudique en échange d'une protection de proxénète...

Ils sont nombreux ces américains convaincus que le moment de passer à l’acte est venu. D’autant plus convaincus qu’ils se sentent légitimés par la renaissance, partout dans le monde, des nationalismes et du repli identitaire. Réciproquement les extrêmes-droites d’Europe trouvent une justification nouvelle dans le renouveau fasciste conduit par Trump sans comprendre d’ailleurs qu’il les soutiendra comme la corde soutient le pendu…

Ce sont les mêmes qui refusent d’admettre la menace climatique mondiale. Il leur faudrait en effet admettre que seule la solidarité internationale peut écarter cette menace …. Et ils redoutent plus encore la solidarité que le réchauffement climatique.
Trump n’a sans doute jamais lu « Le meilleur des mondes » de A.Huxley mais d’autres autour de lui le verraient bien dans la posture de « Notre Ford » et s’en inspirent: Ils rêvent d’un pays artificiel, une civilisation techno-scientifique, aseptisée et trans-humaniste débarrassée de toute angoisse sous la protection hyper-sophistiquée de l’armée. Un pays en paix où les afro-américains auront été sommés de se soumettre à un sévère apartheid et ou les musulmans auront joué pendant quelques temps le rôle mobilisateur d’ennemis de l’intérieur porteurs de toutes les malédictions avant de disparaître.

L’isolationnisme ne met pas à l’abri de l’effet de serre

Contrairement à ce qu’il dit, Trump n’est pas climato-sceptique. C’est pire que cela! Il a décidé qu’il ne faut rien faire pour lutter contre le réchauffement climatique comme il refuse d'agir contre l'épidémie covid 19. Deux fumisteries destinées à donner un second souffle au capitalisme et transformer la lutte des classes en lutte des peuples... sur la voie du génocide. A l’abri de son périmètre insulaire, la nouvelle Amérique trouvera toujours des solutions pour lutter contre les pénuries, produire les biens de consommation et organiser une vie nouvelle « hors sol » en toute autosuffisance énergétique….

L’isolationnisme ne met évidemment pas à l’abri de l’effet de serre mais il peut très bien profiter des efforts des autres pays. Et si ces efforts sont vains rien n’empêchera les plus cyniques d’espérer que les conséquences funestes de la crise écologique feront s’effondrer la croissance, la démographie mondiale et le niveau des activités humaines responsables de la dégradation climatique. Ce qui revient à dire : sauvons l’Amérique par une mise à l’abri de son peuple « élu » et laissons le reste de l’humanité à sa pauvreté, ses divisions, ses guerres de religions, ses migrations et ses rêves écologiques.

C’est primaire, de la fiction de BD à deux balles, mais suffisamment clair et attractif pour plaire aux imbéciles et à tous ceux –nombreux aux USA-qui refusent l’universalité de notre espèce et la co responsabilité de tous les hommes vis-à-vis de la nature, du vivant, et de l’avenir de l’humanité.

l’Amérique, riche en messie de pacotille

Ceux qui gardent au fond du cœur un doute sur la légitimité de ce projet peuvent toujours espérer qu’ils seront, après leur élimination, reconnus comme les derniers des Mohicans. L’avenir donnera raison à tous les autres puisque c’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire. Dés à présent ils peuvent donc solliciter l’absolution de « Notre Trump » pour toutes les pensées génocidaires qui leur traversent l’esprit.
N’oublions pas que l’Amérique est riche en messie de pacotille, souvenons nous de ce brave Joseph Smith qui a créé l’Eglise Mormone, et de l’excentrique auteur de sciences fiction Ron Hubbard, fondateur de l’Eglise scientologique. Souvenons nous de l’offensive des néo conservateurs qui rêvaient de dominer le Monde et y sont presque parvenu avec la famille Bush…Tous ces hommes ont prospéré sur l’ignorance et la crédulité. Donald Trump sera-t-il le nouvel avatar du rêve américain ; Son portrait sera t’il vénéré comme celui d’un prophète ?… Est-ce cela que nous voulons ?

La nouvelle religion que nous propose « Notre Trump » se met en place progressivement en dépit d’une majorité d’américains qui rejettent ce destin. Elle progresse dans la poursuite de la longue histoire du totalitarisme américain dont le récit nous est fait par Howard Zinn*. Il est urgent de convaincre ceux qui se sont trompés dans leur réponse - souvent de bonne foi- ,que l’enjeu de l’élection présidentielle de 2020 ne sera pas seulement le choix entre démocrates et républicains, mais entre deux visions de l’avenir du monde dont l’une, mortifère, conduira inévitablement à une destruction irréversible de notre espèce par la guerre ou l’implosion systémique. Pour s’en convaincre écoutons encore et encore la réponse de Charlie Chaplin à Roberto Ui dans le magnifique discours qui achève à la fois le film et la représentation prémonitoire d’un dictateur déchu.(Le Dictateur, 1940).

Michel Joli
*Une histoire populaire des Etats-Unis (de 1492 à nos jours).

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