Il est apparu depuis un an dans le contenu du Monde une orientation caractérisée de plus en plus libérale. Celle-ci est manifestement développée dans des articles de plus en plus fonctionnalistes. Et conséquence logique, sans que ne soit guère désormais accordé beaucoup de place à des d'optiques de possibilités alternatives sociales et économiques.
Ceci place -depuis des mois, progressivement et très sûrement- Le Monde dans le clan de la droite de gouvernement que s'efforce de promouvoir, par exemple, le PS actuel coupé totalement ou presque de son électorat. De ce constat de suivisme et de son choix en faveur de l'économie de marché libérale, il résulte que Le Monde ne peut plus avoir de crédit auprès de beaucoup de ses lecteurs de gauche. Et en conséquence ne peut plus être considéré par eux comme un journal crédible de référence. L'éloignement progressif manifesté par les actionnaires, la direction, la hiérarchie rédactionnelle des positions éthiques originelles et historiques, -qui servaient de modèles à beaucoup pendant longtemps dans la presse-, plaît sans doute aux annonceurs et aux banquiers. Pas à une majorité croissante de lecteurs, anciens ou plus récents, en désaccord avec les pratiques rédactionnelles ayant cours depuis plusieurs mois maintenant. Ils n'y trouvent plus leur compte ni la crédibilité en matière d'information.
Cette dérive rapproche le contenu rédactionnel du Monde du contenu idéologique du Figaro et de L'Opinion, -et bien plus en tout cas que des Echos par exemple-, en matière d'orientation socio-économique et de choix de société. A cette dérive rédactionnelle du contenu s'ajoute très, trop, visiblement et même assez naïvement, sur la vitrine du quotidien, le ton propagandiste de certains éditoriaux. Certains même martiaux et sans la moindre dialectique géopolitique minimum. Beaucoup de ces envois au ton assez prêchi-prêcha sont en effet idéologiquement contestables. Car la plupart de ces harangues sont strictement alignées sur la ligne de sauvetage néo-libérale adoptée par le PS. Un comble pour qui se piquerait de vouloir se présenter comme un journal de réflexion et d'innovation sociale et économique.
Mais le plus choquant au bout du compte, si ce n'est même le plus sournois dans ces envolées d'une nouvelle militance, c'est qu'elles manifestent une pensée sociale réactionnaire. Et vont jusqu'à en induire par des exhortations appuyées un appel au sacrifice à l'intention prioritaire des classes populaires déjà bien assommées par le chômage et le poids des impôts et charges qui pèsent sur elles. Et l'électorat comme le lectorat, y compris celui du Monde, ne peut majoritairement approuver cette morgue. Il ne peut qu'être furieux de la trahison des clercs comme de la classe politique qui donnent ainsi surtout du grain à moudre à tous les extrêmes. Et quoi donc de plus naturel dans leur logique de caste si corollairement le contenu général du quotidien Le Monde manifeste complaisance (coupable) et révérence à l'égard du monde de la finance.
Pour confortrer l'ignominie faite au peuple laborieux et pour couronner le sommet de la pyramide de l'infâmie où s'est aujourd'hui engagé l'ancien quotidien de référence, ont surgi les placards de quelques éditoriaux désastreux comportant des exhortations cocardières dignes de vat-en-guerre ou de comique troupier.Triste tableau dans Le Monde !
On a désormais l'impression que les nouveaux actionnaires ont voulu et réussi à imposer leurs vues.
A vous de choisir, chers lecteurs du Monde. Il s'agit d'un cas de détournement de journal.
Pas sûr que les journalistes supportent et encore moins que les lecteurs s'habituent. Déjà la rédaction du Monde conteste publiquement désormais la ligne imposée. Les lecteurs eux s'agacent. Ils peuvent finir par se passer de ce qui fut jadis un quotidien considéré comme un modèle d'exemplarité.