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Billet de blog 3 août 2012

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Doux: triste bilan pour les Bretons

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'entreprise Doux était conduite d'une main de fer, voire féodale. Elle n'a pas investi pour maintenir en état l'outil industriel. Elle a serré la vis aux travailleurs mais enrichit ses propriétaires. Doux avait une spécialité, le poulet industriel congelé de médiocre qualité destiné à l'exportation au Moyen-Orient. Elle s'est mêlée de valoriser la volaille fraîche en rachetant Guyomarch mais elle a viré les cadres de Père Dodu qui avaient un vrai savoir-faire. Beaucoup de salariés à la chaîne des usines Doux souffrent depuis des années de troubles musculo-squelettiques. Et maintenant de troubles psychologiques et d'angoisse pour leur futur. Le désastre social et sanitaire touche les départements de la pointe bretonne et la région élargie !

Charles Doux et sa famille possédent 80 % du capital et ils sont très bien placés parmi les premières fortunes françaises, le reste du capital étant détenu par la banque d'affaires Barclays à laquelle il doit beaucoup d'argent. Doux doit aussi de l'argent à pratiquement tous les intervenants et sous-traitants dans sa chaîne de production. Les dettes du Groupe Doux sont d'un montant proche du montant estimé de la fortune de la famille Doux et de son chef, Charles Doux, qui prétend continuer à mener la danse.

Doux a bénéficié depuis près de 20 ans de dizaines de millions de subventions directes et indirectes de la part des pouvoirs publics comme celles découlant de la Politique agricole commune. La manne allait bientôt s'arrêter. Et on s'étonne de la situation financière actuelle ?  

Des milliers d'ouvriers, de chauffeurs, d'éleveurs se sont usés pour la famille Doux. Sans ressources, ils risquent tous de se retrouver à la rue, salariés  directs de Doux ou relevant des emplois induits, les sous-traitants divers, le port de commerce de Brest en particulier qui consacre une grande partie de son activité aux cargos affrétés pour les pays arabes. 

Triste bilan pour des milliers de familles, bien sûr. Triste bilan  pour le soit-disant modèle breton tant vanté par des décideurs ayant manifesté leur courte vue mais un appétit financier féroce.  Le mal est terrible pour nos concitoyens, ceux en particulier qui avaient trouvé de l'emploi grâce aux retombées de l'agriculture industielle pourtant globalement néfaste pour l'environnement. Triste bilan sur toute la ligne. On souhaite que l'hypocrisie d'un pouvoir politique aux ordres et le lobbying corporatiste qui l'a soutenu ou manipulé,  soient désormais dénoncés. Autant que le cynisme des  industriels sans scrupules.  

On espère que la sagesse incitera  les responsables du dossier à être dignes. En particulier le gouvernement socialiste qui a le devoir de favoriser la solution la moins dramatique pour les personnes. Qu'on évite par exemple de remettre en selle les ex-dirigeants. Ceux-là mêmes qui, par leur gestion sociale et industrielle calamiteuse, ont porté un coup terrible à l'économie de la région très déficitaire en perspectives.  

Voir sur Mediapart, les nombreux articles consacrés à Doux et en particulier " La prévisible faillite du groupe Doux " par Martine Orange, le 11/06/2012

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