Bérangère Lepetit s'est fait embaucher incognito comme intérimaire chez Monique Ranou ( Quimper) puis chez Doux ( Châteaulin). Elle en a tiré un livre témoignage de son immersion dans le monde des travailleurs de l'agro-alimentaire aux conditions de vie et d'emploi difficiles. Journaliste, Bérangère Lepetit a couvert également la fin de l'usine Gad, (Lampaul-Guimiliau) et son millier de licenciements. Son livre : « Un séjour en France », Édition Plein Jour, 157 pages, 17 €.
Mais qui est donc Monique Ranou ? « Il est si bon de faire confiance à une femme » proclame le slogan favori de la maison. Mais c'est Intermarché le propriétaire de la marque Monique Ranou qui s'exprime dans ces termes.
Que les salariés ne soient pas contents du témoignage rapporté sur leurs conditions d'emploi et de rémunération, c'est une chose. Mais ceux de Brittany-Ferries ne l'étaient pas davantage du récit de Florence Aubenas (Sur le quai de Ouistreham) après son immersion à faire le ménage en coursives dans les ferries.
Et bien entendu, les salariés de Doux, de Gad, de Tilly, du saumon Harvest, licenciés par centaines, savent mieux que personne à quoi tient leur vie personnelle et familiale... et quelle est la fragilité de leur sort.
Personne n'aime que soient mises en exergue ses motifs de déceptions et les humiliations subies. Mais tout le monde le sait, les conditions de travail et d'emploi sont largement dénoncées et depuis longtemps par beaucoup de salariés de l'agro-alimentaire, comme par la médecine du travail qui met en évidence les dégâts provoqués sur la santé physique et morale dans l'industrie alimentaire. Et qui pourrait se satisfaire des niveaux de salaires pratiqués situés au plus bas, de la précarité, des CDD à répétition, des horaires décalés qui bousculent les vies et les mettent en danger. Toutes ces choses sont avérées.
Ces vérités devraient être tues pour certains qui y trouvent certainement un intérêt personnel ? D'autant que l'omerta et la manipulation sont orchestrées en haut-lieu pour tenter de museler l'information sur les réalités financières et sociales des grands groupes. Ceux-là même qui tiennent la chaîne de production de A à Z, et figurent en matamor sur la photo promotionnelle. Comme ils tirent les ficelles des prix et utilisent le chantage permanent à l'emploi. Une politique de l'exploitation et de la subvention publique, du profit à tous prix, y compris celui de la vie humaine, et dont les effets ravageurs ont déstabilisé la Bretagne. Elle paie aujourd'hui le prix fort de sa suposée vocation à se sauver par l'agro-business.
Alors, de grâce, mollo sur les trémolos, faites taire le choeur des pleureuses de service qui s'en mettent plein les poches. Et halte aux subventions publiques aussitôt englouties que versées et honte à la cohorte des thuriféraires d'un système archaïque et mortifère.
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