En janvier 2005, Jean-Yves Perrot, magistrat à la Cour des comptes, est nommé conseiller spécial de Hervé Gaymard, qui vient d’être désigné comme ministre des Finances du gouvernement Raffarin. Quelques semaines plus tard, Gaymard est contraint de démissionner du ministère à la suite du scandale de son appartement de fonction de 600 m², payé 14400 euros mensuels par l'Etat, -affaire révélée par Le Canard enchaîné-, alors qu'il était propriétaire d'un grand appartement Bd Saint-Michel. Pour cette coûteuse et somptueuse jouissance injustifiée, l'ancien ministre devra rembourser 58894 euros à l'Etat quelques mois plus tard. Ayant dû quitter le ministère des Finances avec le ministre Gaymard, Perrot est nommé Pdg d'Ifremer dès mars 2005. A la surprise générale du monde scientifique.
Une nomination controversée
Le Monde du 21 mars 2005 indique que le prédécesseur de M. Perrot à la tête de L'Etablissement public de recherche, le polytehnicien et physicien Jean-François Minster, « figure reconnue de l’océanographie », s’était porté candidat à sa succession, selon l'usage. Minster est ensuite devenu directeur scientifique chez Total. Au moment de la nomination de Perrot à la tête d'Ifremer, pour succéder à Minster, un représentant du personnel avait fait ce commentaire au Monde : « C’est un dégât collatéral de l’affaire Gaymard ». Un autre salarié d'Ifremer déplorait encore : « Ce qui nous choque, c’est qu’à la tête d’Ifremer, organisme de recherche public, on a toujours eu des scientifiques. Lui n’a qu’un parcours politique ». A l’approche du renouvellement du mandat de Pdg, la position du personnel d’Ifremer n’avait pas varié cinq ans plus tard. En effet, les administrateurs élus (CFDT, FO, CGT) écrivaient en février 2010 aux membres du conseil d’administration une lettre rendue publique. Ils exprimaient : « le souhait d’un très grand nombre de salariés qu'Ifremer n’ait plus un politique à sa tête mais une vraie politique scientifique." (Sic)
Un homme très très occupé
Outre ses fonctions à Ifremer, M. Perrot, est maire UMP de Marly-Le-Roy, Yvelines, 16500 habitants, il est également conseiller régional. Pas très assidu. Le 5 janvier 2010, "Le Parisien" avait relevé qu’il était le « moins bon élève des 27 élus des Yvelines aux séances du conseil régional ». Candidat à nouveau aux élections régionales de mars 2010, il a été battu. A côté de ses nombreuses nombreuses autres fonctions électives, administratives, associatives, relevons son enseignement aux Instituts d'études politiques de Paris et Bordeaux. Un homme très, très occupé en somme ! Jean-Yves Perrot avait été confirmé à son poste en juin 2010 par le gouvernement Fillion. La semaine dernière, il a été débarqué par le gouvernement Ayrault.
Est-ce que lui succédera un scientifique, comme le souhaitent les chercheurs d'Ifremer, où un administrateur politique issu du sérail socialiste. Affaire à suivre.