Depuis 15 ans, le groupe Doux a perçu un milliard d’euros de subventions publiques. Dans le même temps, la stratégie industrielle et la mise à niveau de l'outil de travail ont stagné. Des groupes brésiliens JBS et Brasil Foods, avec des chiffres d'affaires se comptant en milliards d’euros, ont fait leur apparition sur le marché mondial du poulet. Ces méga-groupes agroalimentaires font désormais la pluie et le beau temps dans le monde de la volaille notamment. Qui, à part eux justement pourraient tenir artificiellement à bout de bras le pôle frais du groupe Doux totalement dépassé par la concurrence du marché, mais aussi en raison de l'appétit féroce au rendement immédiat pour l'actionnaire familial ? Quel intérêt y auraient-ils donc de plus de s'intéresser dans la mesure où les conditions sociales et sanitaires d'exploitation, dans les deux sens du mot, sont encore plus misérables ailleurs ?
Sur le plan moral, on doit reprocher à Doux d'avoir empoché sans état d'âme les subventions qui lui ont été largement octroyées, sans véritable contrôle et conditions de leur affectation par les services publics, tandis que la famille actionnaire accroissait considérablement sa fortune personnelle, au point qu'elle atteint aujourd'hui le montant estimé du passif de la société.
Il y aurait donc lieu d'instruire une affaire judiciaire sur le sujet, ce que vient d'ailleurs de demander le Comité central d'entreprise (CCE) au procureur de la République de Quimper.
Sur le plan de la stratégie industrielle, -mais sans doute est-ce directement la résultante de la méthode de gestion visant à satisfaire l'actionnaire quoi qu'il en coûte pour les salariés et pour la pérennité de l'entreprise-, les dirigeants de Doux sont responsables de n'avoir pas investi et su adapter la stratégie industrielle à l'évolution des marchés.
Bénéficiant de l'argent public, Doux avait un autre choix que de laisser pourrir la situation et surtout le devoir. Ils avaient même la possibilité de viser la qualité et d'apporter de la valeur ajoutée humaine en adaptant la compétence de son personnel à de nouveaux produits en tirant par le haut salaires et les conditions de travail exécrables. Le taux de troubles musculo-squelettiques atteint un niveau scandaleux pour les salariés de Doux. Il y aurait finalement beaucoup de comptes à demander à Charles Doux. Il a été longtemps épargné par le monde politique, économique et peut-être même syndical. Au nom de l'emploi ! Nous avons aujourd'hui sous les yeux le bilan dramatique et scandaleux d'une telle complaisance coupable.
Michel Kerninon