Comment trouver encore des vertus au modèle dit breton de l'agro-business, tant vanté, pour tenter de sauver l'agriculture bretonne en perdition ? Le système productiviste ultra-libéral a échoué sous nos yeux. Le bilan est dramatique pour la Bretagne, et le Finistère en particulier, avec les licenciements par milliers chez Doux (1), Gad, Marine Harvest et d'emplois induits dans les transports, le commerce, les services. La désertification des bassins d'emplois est en marche.
Une réorientation des bénéficiaires de la Pac est certes urgente pour que les gros industriels céréaliers, de Beauce et d'ailleurs et les autres gros propriétaires, comme le prince de Monaco, ou le prince Charles, ne soient pas les principaux profiteurs de l'Europe agricole.
Critiquer le coût élevé de la main d'oeuvre pour expliquer la situation désastreuse actuelle?
De quoi révolter beaucoup de travailleurs de l'agriculture et de l'agro-alimentaire qui galèrent aujourd'hui. Cela revient à vouloir aligner les salaires et les conditions de travail en France, -quand il y a encore du travail- sur les moins disant sociaux de l'Europe et d'ailleurs. Un sacré programme d'avenir pour le pays et sa jeunesse. Et pourquoi pas le retour à l'esclavage ?
L'agriculture bio, elle a au moins deux avantages : elle ne pollue pas et n'entraîne donc pas de coûts faramineux pour la collectivité, en matière de ramassage d'algues vertes et de retraitement des eaux polluées de surface, de profondeur et de l'eau au robinet.
La production bio, qui nécessite de la main d'oeuvre, même à la binette, est en tout cas plus productive, provoque moins d'invendus et préserve la santé de la terre transformée en produits chimique dans les zones de cultures intensives. Fini les machines surdimensionnées et l'utilisation massive de produits chimiques coûteux et polluants. La santé de chacun, y compris de l'agriculteur, s'en ressentira de manièrte bénéfique, puisqu'elle permet de cultiver et de consommer des produits sains. De plus en plus de productions vendues directement par le producteur, ce qui évite les prélèvements et les marges d'intermédiaires inutiles, fixant unilatéralement leurs prix d'achat au plus bas pour le producteur.
On échappera aussi aux problèmes scandaleux d'origine des produits et de traçabilité qui ont causé quelques scandales sanitaires récents. Ils n'ont amélioré ni la crédibilité des produits agro-alimentaires ni la confiance des consommateurs. Cette méfiance a probablement eu un effet bénéfique sur la prise de conscience de ce qu'on mange.
Les points de vente à la ferme se multiplient et les produits bio ont de plus en plus de clients en Bretagne. Acheter bio coûte plus cher au consommateur et à la collectivité ? Pas sûr. Il faut simplement un peu plus de travail en cuisine et d'imagination créative que si on va acheter des préparations conditionnées de prêt-à- consommer, de composition et provenance incertaines.
Dans ces conditions, soutenir à fond perdu des filières en difficulté ne règlera rien sur le fond. Sinon à reporter les problèmes qui se posent cruellement aujourd'hui en matière d'emploi et d'environnement. Un très mauvais calcul.
L'option du circuit court de commercialisation a une conséquence bénéfique sur l'emploi. La chargée de mission au Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (FR-Civam), Valentine Bossu, souligne que : " Chaque fois que les consommateurs bretons affectent 1% de plus de leur budget alimentaire aux circuits courts, ce sont près de 1500 emplois qui peuvent être créés."
Où va l'argent de l'Europe agricole ?
Source La France agricole du 2 mai 2012
"La liste des bénéficiaires des aides Pac entre les mois d'octobre 2010 et 2011 et les montants perçus sont consultables sur le site du ministère de l'Agriculture. Seules les structures sociétaires (EARL, Gaec, SARL, SCA, organisations de producteurs, entreprises agro-alimentaires...) sont listées. Les exploitants à titre individuel n'apparaissent pas.
Le volailler Doux est le plus gros bénéficiaire avec 54 millions d'€ d'aides de la Pac, correspondant principalement à des subventions à l'exportation hors UE. D'autres gros bénéficiaires sont des organisations caritatives d'aides aux démunis (29,9 millions d'euros pour la banque alimentaire, 20,8 M€ pour les Restaurants du cœur et 21,5 M€ au Secours Populaire).
Des entreprises des départements d'Outre-Mer reçoivent aussi de gros chèques de l'Europe, pour le soutien des marchés (régulation des marchés, promotion des produits). Plusieurs chambres d'agriculture bénéficient aussi de milliers d'euros au titre du développement rural principalement (Feader).
Cependant, en matière de « paiements directs aux agriculteurs », 82 entreprises touchent plus de 500.000 euros. Parmi elles, 73 sont dans les départements d'Outre-Mer dans la production de canne à sucre et bananes principalement. Les 9 autres sont en France métropolitaine : 5 dans le sud-est (riziculture majoritaire) et 4 en autres cultures et élevage (la SA Mivoisin (Loiret), Scea Domaine de Berneuil (Haute-Vienne), et la Compagnie nouvelle de Sucreries (Somme), et la SCA Longeville (Allier))."