Je ne suis pas historien. Cependant une évidente nécessité m'incite à aborder l'histoire contemporaine vue du côté des peuples : comment les peuples colonisés ont vécu la période industrielle, puis néolibérale. Les combats qu'ils ont menés. Je fais une proposition de séquençage historique qui sera à compléter avec les combats des peuples du monde au cours des 19° et 20° siècles. Première ébauche. Merci de me signaler si un ouvrage existe avec ce contenu : Merci de contribuer en utilisant les commentaires. Lorsque le texte sera consolidé, je l'installerai dans "Mots piégés du néolibéralisme" Sous un autre titre. Michel-Lyon
Amérique du sud au 15°s., Grandes compagnies commerciales, commerce d'esclaves, ... ont fortement contribué à accumuler le capital nécessaire aux "révolutions industrielles".
Proposition de séquençage historique à compléter avec les combats populaires des 19°, 20° s., et actuels. Pour une alternative au capitalisme néolibéral.
1. La course pour la conquête militaire de colonies. L'industrie avait grand besoin d'écouler ses produits. La course aux colonies a ce but premier, et y recrutera des troupes pour developper les conquêtes coloniales sur tous les continents. (1).S'y ajoutera la spécialisation pour produire des aliments et des matières premières dont les puissances ont besoin. Fin du 19° siècle, il s'agit de protectorats qui asservissent le pouvoir local. Ecart militaire grâce à l'artillerie de marine (écrasement de Hué), puis supériorité des mitrailleuses. La course entre puissances a conduit à la Grande Guerre. Le partage colonial s'est achevé peu après a:vec le dépeçage de trois empires dont l'empire ottoman.. C'est là que la Palestine a été placée sous mandat britannique, qui ne s'est pas acquittée de son mandat : doter la Palestine d'un Etat. (1bis)
2. Volonté des pays colonisés de reconnaissance comme nation avec égalité. L'enthousiasme levé par la Révolution russe, la fraternité dans les tranchées ont fait émerger la volonté de reconnaissance d'égalité. Fortement combattue. Par exemple en Algérie, répression contre le PPA de Messali Hadj arrêté en 1937 après une forte manifestation d'Algériens.. C'est aussi la formation en 1921 de la Yougoslavie pour grouper les nationalités de 6 futures républiques qui seront fédérées.(2)
L'attraction des bourgeoisies vers les fascismes européens a porté la volonté hégémonique nazie. Écrasée en 1945. Émergence alors de la superpuissance américaine qui s'impose sur le monde, face à l'URSS. Les USA ont commencé par imposer des régimes fascistes à sa solde sur tous les continents : Espagne, Portugal, Grèce, Chili, ...etc
3. Volonté d'indépendance des pays colonisés : 1945. Ho Chi Minh vient à Paris pour négocier les rapports entre ces deux États. Réponse coloniale : bombardement du port de Haiphong, suivie de la "guerre d'Indochine" conclue à DienBienPhu. Prolongée par les USA. Algérie : Colères et manifestations à Sétif, Batna, Bône, Selma suivie de Massacres d'Algériens en 1945. https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/300824/la-legende-d-un-mitterrand-anticolonialiste-ruinee-dans-un-livre-de-thomas
Formation du FLN et de l'ALN en octobre 1954 et vague d'actes de sabotages du 1° novembre, qui impulsèrent la constitution des maquis.(3) Mali (3') Madagascar : L'insurrection éclate en 1947 à la suite de réquisitions durant la Seconde Guerre mondiale, des travaux forcés et des pénuries alimentaires. La lutte pour l'indépendance est active à travers le MDRM et des sociétés secrètes de libération, écrasée en 1948. Rétablissement de l'"ordre colonial" jusqu'en 1960. Palestine 1948 la Nakba (1 bis) Cameroun souvenirs d'un enfant sous guerre coloniale.fr-Cilture 18h20. Achille Mbembe.
20 ans de guerres qui aboutissent à des indépendances formelles préservant les rapports coloniaux. C'est le postcolonialisme. La Grande Bretagne l'avait admis plus tôt.
L'uranium de la Françafrique "Arlit, au nord du Niger, On a l’impression qu’elle est entourée de montagnes,Mais ces montagnes ont été créées de toutes pièces. Elles sont composées de l’accumulation des déchets radioactifs issus de l’extraction. Avant la mine, Arlit était un campement touareg. Elle compte aujourd’hui 140 000 habitants. Toutes les ethnies du Niger s’y mélangent, ainsi que d’autres nationalités d’Afrique. On rencontre aussi pas mal de migrantes et de migrants qui s’y arrêtent pour travailler un peu, dans l’espoir de continuer leur chemin vers l’Europe. Arlit est organisée en deux cercles concentriques : il y a la « cité des travailleurs », composée d’ouvriers, de cadres et d’expatriés, et le quartier des bidonvilles, qui forment actuellement la plus grosse partie de la ville. Dans la cité des travailleurs, il y a l’eau courante et l’électricité gratuite, des « cercles de loisirs »… tout est financé par Areva. Pendant le tournage, nous avions été choqués de voir des points lumineux au loin, lors d’une coupure d’électricité : une centrale alimentait la cité des travailleurs tandis que les gens des bidonvilles en étaient privés. Au lieu de profiter de cette énergie, ils en tombaient malades…. Et s’il était possible de reprendre des activités qui ne soient pas industrielles ? C’est la question que pose la réalisatrice nigérienne et fille de mineur Amina Weira à la fin de son film La Colère dans le vent. https://www.cairn.info/revue-z-2020-1-page-188.htm
1968 : Dans la foulée des Indépendances, ont eclaté les révoltes populaires de mai-juin 68 dans les métropoles coloniales (4), qui ont profondément transformé la démocratie en France.
Le capital prend peur et opère sa mutation néolibérale : il se détache des États et établit un réseau indépendant supra-national, qui infiltre les Etats et les "refonde" à son service. Expérimentation au Chili 1973. Les prêts FMI servent à imposer les règles néolibérales aux Etats devenus indépendants depuis peu : libre circulation des capitaux, privatisation des services publics et autres faveurs qui vont les ruiner et apporter le chaos politique.(5) Actuellement, chaos au Soudan.
Ce n'est pas un complot : se constitue un écosystème de Marchés au dessus des Etats, hors contrôle, qui en sont dépendants pour leurs approvisionnements, mais qui n'est doté ni d'état-major, ni même de moyens de pilotage : le bateau ivre. Il impose sa dictature notamment par les hausses des prix qui pèsent lourdement sur les peuples. (5bis)
1980 : Les peuples de Grèce, Espagne, Portugal se dégagent de régimes fascistes et se dotent de démocratie. Mais "démocratie" neolibérale encore mal connue, avec les mêmes tares que celles imposées en Afrique et Amérique du sud.
De le fin de la Yougoslavie à l'ambition Criminelle de la Grande Serbie nationaliste: Milosevic ancien leader en 1984 du parti communiste de Yougoslavie sera élu président de la Serbie dont il promeut une ambition ultra-nationaliste, en 1989, 1992 1997. Énorme nettoyage ethnique contre les autres composantes de l'ex Yougoslavie. Mars 2001 arrestation de Milosevic. (6)
Anne-Marie Niane est née en 1950 à Saïgon, La Nouvelle L'étrangère raconte la vie de sa mère vietnamienne. C'est elle qui se raconte : sa rencontre avec Karim, Sénégalais, militaire à Saïgon, qui l'épouse et qui emmènera sa famille à Dakar en 1955. Je reproduis ici la dernière page. : "... Après la disparition de Karim,ma vie perdait une grande partie de sa significaion. ... " p 20/21.
4. Les Printemps arabes 2010, ouvrent une phase d'espoir en chassant les dictateurs relais du post-colonialisme. Violente riposte militaire des armées voisines et de puissances locales émergentes, dont la Russie, la Turquie, l'Arabie Saoudite, et visées de Grand Israël.
La Russie lance la guerre de Tchétchénie, annexe la Crimée et le Donbass, agresse l'Ukraine. La Turquie se déchaine contre les Kurdes. La Chine développe son jeu de go sur la Mer de Chine et avec la Route de la Soie vers l'Europe et vers l'Afrique. ainsi qu'au Moyen-orient. (7)
Mobilisation des Peuples Premiers survivants.
https://blogs.mediapart.fr/russie-les-voix-de-la-dissidence-daujourdhui/blog/040723/nous-nous-appartenons-comment-les-peuples-autochtones-de-russie-re
La ruine de nombreux pays a jeté sur les routes 71 millions de réfugiés dont l'élimination est une nouvelle phase de la guerre contre les peuples. L'Europe paie des pays limitrophes pour faire barrage. Nombreux morts dans les déserts et dans la Méditerranée. https://blogs.mediapart.fr/edition/le-monde-de-la-bd/article/270523/rescape-es-carnet-de-sauvetages-en-mediterranee
5. Commence la phase actuelle. Il est trop tôt pour la caractériser. Accumulation de lourdes menaces sur les peuples dûes au dérèglement climatique, aux pollutions et à la poussée néolibérale vers la généralisation contre les peuples de guerres et de régimes d'extreme-droite. (Voir comment la pandémie de corona virus a été mise partout à profit pour mettre les populations sous contrôle policier serré, et pour diffuser sans délai des vaccins ultrarentables dont l'efficacité est sérieusement mise en doute par les scientifiques.) Voir le retournement de la réforme constitutionnelle au Chili. Voir aussi la grande difficulté des partis politiques de gauche à exister dans les pays réputés "démocratiques".
Peuples dont l'existence même est combattue pour des ambitions régionales sous consensus international: ambitions de l' extrême-droite israélienne, ambitions nationalistes turque contre les Kurdes, ambitions de Bachar elAssad contre les Syriens et contre les Kurdes, ambitions locales contre le peuple d'Iran, Ambitions de MBS qui bombarde les Houthis au Yémen depuis 8 ans, de la Chine sur le Tibet. Russe contre les peuples qui furent asservis par l'URSS. Quels peuples de la planète réchappent à cette entente de régimes assassins ? (7)
Emergence de la nouvelle superpuissance, la Chine. Voir le jeu de go constitué par l'acrtuelle Route de la Soie. Voir sa stratégie en "Mer de Chine". Régime d'esclavage imposé aux Ouïghours. https://www.mediapart.fr/journal/international/011123/superpuissance-de-la-peche-la-chine-exploite-les-hommes-et-pille-les-oceans
Développement de mouvements populaires dissidents et créatifs. Culture d'utopies, d'actes créateurs. Se libérer des préjugés. (8)
L'interrogation émerge sur la superstructure économico-financieère qui domine les Etats, et comment la combattre. (5bis)
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Actes génocidaires
Des ombres à l'aube. Un massacre d'Apaches et la violence de l'histoire. Karl Jacoby. Ed. Anarchasis Essais.
https://blogs.mediapart.fr/anna-lagrene-ferret/blog/290623/il-faut-que-la-france-reconnaisse-le-genocide-des-tsiganes/commentaires
Ecrasement du peuple de GAZA "Les nouvelles qui nous parviennent de Gaza sont chaque jour plus tragiques. Un peuple meurt sous les tapis de bombes et les champs de ruines s’étendent quotidiennement. Ces bombardements sont indiscriminés : habitations, centres de santé, hôpitaux, mosquées, églises… Les morts s’ajoutent aux morts : 4700 décès à ce jour dont 1756 enfants, 15600 blessés condamnés à ne pas être soignés. L’aide d’urgence ne rentre qu’au compte-goutte et ne répond en rien aux besoins vitaux minimum. Tout manque à Gaza : eau, électricité, nourriture, accès aux soins…. L’armée d’occupation a donné ordre à 1 million de gazaouis d’évacuer vers le sud sous peine d’être assimilés à des combattants. L’Organisation Mondiale de la Santé a averti que l’évacuation des patients vers les hôpitaux du sud valait condamnation à mort. Pendant ce temps les états regardent ailleurs. La France et l’Europe ont délivré un permis de tuer au bourreau Netanyahou. Macron porte une lourde responsabilité dans la tragédie en cours par sa non-assistance à peuple en danger. Pendant ce temps, le ministre de l’intérieur tente de bâillonner la solidarité avec nos frères et sœurs de Palestine. Merci à la justice de rétablir de plus en plus fréquemment la liberté fondamentale et constitutionnelle de manifester comme ce fut le cas à Lyon samedi 21 octobre. Plus que jamais, avec les peuples du monde, faisons entendre notre solidarité avec le peuple palestinien. Halte aux bombardements de Gaza / Cessez-le-feu Levée du blocus et accès à l’aide d’urgence Solidarité avec le peuple palestinien Justice pour la Palestine Collectif 69 Palestine.
https://blogs.mediapart.fr/journal-de-bord-dhossam-al-madhoun/blog/281023/gaza-juste-avant-le-blackout
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Témoignages, études et enquêtes.
Petit traité pour une géographie de combat. Renaud Duterme. Ed. La Découverte.
Le trauma colonial une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l'oppression coloniale en Algérie. Karima Lazali Ed. la découverte. 2018
Mauvaises Mines. Combattre l'industrie minière en France et dans le monde Mathieu Brier et Naïké Desquesnes Ed. De la dernière Lettre https://ladernierelettre.fr/produit/mauvaises-mines/
(1) Grande Bretagne/France course en Asie. FranceCulture Cours de l'Histoire. 5 juin 10h Excellent condensé sur le 19° s.
(1bis) Exilés de la Terre promise Antoine Boureau et Milan Otal. La parole de palestiniens exilés au Liban, en Jordanie, ou restés sur place, après la naissance de l'Etat d'Israël.
(1bis) https://blogs.mediapart.fr/dominique-vidal/blog/210523/nakba-palestinienne-retour-sur-1948 "C" que laPalestine apporte au monde" Grande exposition à L'Institut de Monde arabe IMA Paris durée 6 mois " « Nos racines sont devant nous, nous sommes ce que nous devenons, une identité est celle qui se réalise en permanence. Nous ne sommes pas à l’abri du tribalisme et le danger s’avère permanent qu’une terre devienne prison identitaire. En particulier cette terre dite “sainte”, si particulière. » Elias Sanbar. Commissaire de l'exposition. "Darwich, c’était la tempête du Verbe, le typhon du logos, l’ouragan de la prosodie, ainsi que nous le rappelle son ami et traducteur Elias Sanbar, dans l’ultime séquence de cette visite,..." https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/300523/l-institut-du-monde-arabe-la-palestine-immobile-grands-pas
(3) Histoire de l'Algérie à la période coloniale Une histoire partagée et critique. Ed. La Découverte.
(3). Non à l'oubli : https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/270723/alger-1957-la-routine-sanglante-du-lieutenant-marco
(3') https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco/l-economie-selon-seydou-keita-4627716
(4) Une histoire collective 1962-1981 sous la direction de Ph. Artières et de Michele Zancarini-Fournel. Ed la découverte.
(5) L'Etau. Aminata Traoré. Ed. Babel Achille mbembe : "Africain, qu'as-tu fait de ton frère ?" Interviewé sur France-Culture fin mai 2023
(5bis) https://www.mediapart.fr/journal/international/220523/vie-chere-ce-que-l-afrique-dit-l-europe
(6) Milosevic.La diagonale du fou. . Florence Hartmann ed. Folio Et FranceCulture 19 mai 13h30 Une histoire particulière. 3. Les guerres de la Serbie de Milosevic
(7) Interview du politologue Didier Billion. Politis du 18 mai2023; cf. son livre Géopolitique des mondes arabes Eyrolles 2021
(7) Guerre contre les peuples : Place de la France dans la mafia des dictatures.
https://www.mediapart.fr/journal/international/051023/predator-files-comment-la-france-aide-des-dictatures-espionner-leur-peuple
Jamaïque. https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/170523/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-15-queen-nanny A la tête d'une communauté de Marrons pendant plus de 10 ans, elle permit la libération de centaines d'esclaves.(née 1686)
Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Francçafrique 1948-1971
https://blogs.mediapart.fr/lokko/blog/100523/soudan-le-pire-avec-la-guerre-c-est-que-tu-t-habitues
Rebelles et rébellions touareg au nord du Niger de 1990 à 2009. Gilbert four Témoignages et analyse. Ed. hémisphères
(8) Les rencontres de Kiyémis avec des femmes africaines. La colère, la lutte, l'entêtement, la joie. Mediapart
(8) https://blogs.mediapart.fr/evelyne-perrin-0
Maroc/Espagne : le post colonialisme. https://www.mediapart.fr/journal/international/270523/zahra-morte-pour-quelques-fraises-espagnoles
(8) Combattant de l'accueil des réfugiés, Cédric Hérou interviewé par Mouais dit ce que sont pour lui la Patrie et la France « La patrie, c’est quoi ? La terre de nos parents, et l’histoire qui en découle… Sarkozy avait voulu lancer son délire sur "l’identité nationale", au singulier, mais il y a en fait des identités plurielles. Mon identité, par exemple, elle est méditerranéenne, de paysan vivant sur une terre franco-italienne. Mon identité, elle est d’une grand-mère allemande emprisonnée par les nazis, qui a été en procès pour passage de frontière et "actions terroristes" dans la Résistance… Mon identité, elle est là-dedans. Et on peut se sentir français en se sentant aussi fils d’Italien, fille de Maghrébin… » C’est quoi pour lui, la « France », sachant que ça fait des années qu’il vit et travaille au quotidien avec des personnes qui ont risqué leur vie pour venir vivre ici ?« La France, pour moi, honnêtement, ce sont juste des gens qui parlent la même langue. Depuis gamin, je ne me suis jamais senti appartenir à quelque endroit que ce soit. Peut-être maintenant à la Roya, et encore… Je me sens plus appartenir à des valeurs, à une morale. L’important, c’est d’où on vient, et qui on est. On ne s’invente pas tout seul, on se construit avec l’expérience de la vie, et cette expérience c’est aussi l’éducation qu’on a reçu de nos parents, l’école… C’est ce qui crée notre identité politique, et nous pousse - ou pas - à l’engagement. Je fais partie de cette gauche qui actuellement a du mal à exister mais reste le plus possible internationaliste : défendre l’individu, le vivant, qu’il soit Turc, Alsacien… » Et de conclure : « Je n’appartiens pas à un territoire. J’appartiens à des valeurs, que j’essaye de propager ».
(9) Jusque récemment en France, il était d’usage de considérer que le racisme s’exprime par des comportements individuels anormaux, sinon immoraux, ou des dysfonctionnements plus ou moins collectifs dérogeant à un sens de la mesure et à une norme de droit. Cette posture, forgée dans les années 1980 par un gouvernement dit de gauche et entretenue depuis lors par ses successeurs tous bords confondus, a dispensé l’État français de lutter contre les discriminations massives, directes et indirectes, et leur vecteur : le racisme systémique. On est cependant loin d’avoir tout compris à la métabolisation du racisme et à son intensification, notamment en France, si l’on ne creuse pas en profondeur dans ses soubassements systémiques pour atteindre sa source, la race. Le racisme prend sa source dans la race et non pas l’inverse. Structurelle, contextuelle et relationnelle, la race n’a rien d’une essence : rappelons-le, elle n’a pas de fondements biologiques, et ce ne fut jamais le cas.
- "Aux sources du racisme d’État " Nacira Guénif-Souilamas https://www.cairn.info/racismes-de-france--9782348046247-page-133.htm
Guerre contre les peuples, ...
en France même.
Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours "Les luttes et les rêves". Ed. Zones. Michelle ZanchariniFournel.
Extrême-droite :
https://www.mediapart.fr/journal/france/170523/violences-racistes-bordeaux-prison-ferme-pour-des-membres-de-la-mouvance-nationaliste https://www.mediapart.fr/journal/france/110523/refugies-cible-de-l-extreme-droite-le-maire-de-saint-brevin-les-pins-demissionne. Coup de main de l'extrême-droite. "Dans une interview accordée à « Envoyé spécial », il avait évoque des « tracts ignobles » reçus dans sa boîte aux lettres, visant à l’« intimider » pour lui « montrer qu’on savait où [il] habitait »." Intérieur, Préfet : le laisser-faire.
https://www.mediapart.fr/journal/politique/160523/contre-les-lgbtqi-et-les-migrants-l-extreme-droite-l-offensive
https://www.mediapart.fr/journal/france/120523/manque-video-theo-c-agresse-par-des-hooligans-d-extreme-droite-il-y-un-climat-de-haine-raciale-qu-il-faut
autres :
https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/100523/sainte-soline-ils-ont-detruit-mon-sourire-mais-ca-ne-m-empechera-pas-de-parler
https://blogs.mediapart.fr/carol-mann/blog/080523/celles-dont-ne-parle-jamais-les-refugiees-afghanes-clandestines-malgre-elles
https://blogs.mediapart.fr/la-quadrature-du-net/blog/100523/tout-le-monde-deteste-les-drones
Surveillance policière serrée : https://blogs.mediapart.fr/ldh-saf-sm/blog/010623/transformer-les-objets-connectes-en-mouchards-la-surenchere-securitaire-du-gouvernement
Soudan https://blogs.mediapart.fr/sudfa/blog/281023/vingt-langues-en-cinq-pas-nostalgie-alimentaire-le-soudan-au-coeur-de-paris
Mayotte en souffrance "À Mayotte, le système de santé ne parvient pas à répondre aux besoins de soins d’une population dont 77 % vit sous le seuil de pauvreté. Tout ou presque repose sur le Centre hospitalier de Mayotte, unique instance publique de santé du territoire, à l’étroit et en manque de personnel. La précarité est responsable de la majorité des problématiques de santé du territoire, entre difficultés d’accès à l’eau potable et alimentation carencée. En 2019, 45 % des plus de 15 ans déclaraient avoir dû renoncer à des soins. Un reportage réalisé en février dernier avant la mise en œuvre de l’« opération Wuambushu »."
https://reporterre.net/REP-Crise-de-l-eau-a-Mayotte?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_hebdo (...) "Surtout, l’île souffre d’énormes problèmes d’infrastructures. Guito Narayanin, patron de l’entreprise de construction IBS et figure médiatique très présente au sujet de la crise de l’eau, accuse les acteurs institutionnels chargés de la gestion de l’eau, à commencer par ceux chargés de réaliser les aménagements censés répondre à la crise. Il compare Mayotte à son île d’origine, La Réunion, département français le plus proche et qui parvient à alimenter en eau un million de personnes. Une façon de mettre en relief le manque d’investissement et la précarité des infrastructures mahoraises. « Quelle mascarade ! La population mahoraise, même avec les étrangers, fait environ 400 000 personnes. Les étrangers n’y sont pour rien. » (...)
Mayotte : Comoriens pris en tenaille entre l'extrême-droite et le plan Darmanin. https://www.mediapart.fr/journal/france/140523/depuis-dix-jours-des-collectifs-pro-wuambushu-bloquent-l-acces-aux-centres-de-soins-mayotte. Situation contraire à notre Constitution, elle doit immédiatement cesser..
Lire l'interview de Maili Condor par Politis n° du 11 mai. Les enjeux de l'île. Ni
"Aux portes de l’Europe, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants meurent en mer. Dans nos régions, des groupements d’extrême droite s’en prennent violemment aux projets d’accueil des personnes migrantes, aux citoyen·ne·s et aux élu·e·s qui mènent des politiques solidaires. Partout en France, des personnes étrangères vivent dans la rue, et des familles avec enfants, des femmes et des hommes subissent les pires traitements dans des centres de rétention administrative. Notre société a plus que jamais besoin de cohésion et de solidarité. Et pourtant, certain·e·s de nos responsables politiques alimentent ce climat de violence et d’intolérance par des discours visant à discriminer, stigmatiser et criminaliser toujours plus les personnes étrangères, à l’image des orientations prévues dans un énième projet de loi asile et immigration, provisoirement reporté aujourd’hui, mais dont la concrétisation demeure un objectif pour les pouvoirs publics. (...)" Fanélie Carrey-Conte, Secrétaire générale de La Cimade. Mai 2023.
Mayotte est une ile de souffrance. Dans le 101e département français, 77% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Accès à l’eau, aux soins, à l’éducation… Ces besoins essentiels ne sont pas garantis pour une grande part des habitant·e·s. Les violences sont quotidiennes ; les inégalités avec l'hexagone criantes et inacceptables. Face à cela, le ministre de l’Intérieur et le gouvernement français ont conçu à travers l’opération “Wuambushu” une réponse répressive qui ne réglera en rien les difficultés des habitant·e·s de Mayotte, mais au contraire aggravera les problèmes du territoire et les tensions sociales. Sous couvert de démantèlement de l’habitat indigne, des habitant·e·s et des familles sont expulsé·e·s de leurs maisons sans réelle solution de relogement ; sous couvert de lutte contre l’immigration illégale, des familles sont séparées, des enfants sont illégalement expulsés. La France a dans ce contexte été condamnée à plusieurs reprises pour des pratiques irrégulières de rattachement arbitraire de mineurs à des adultes tiers qu’ils ne connaissaient pas.
Binti a 34 ans, elle est maman de deux enfants âgés de 3 et 7 ans, et vivait, avant l’annonce de l’opération, dans un quartier informel de Dzoumogné. Elle a eu quelques titres de séjour temporaires mais n’ayant pas réussi à obtenir un rendez-vous en préfecture, elle a renoncé à la demande de renouvellement il y a 2 ans. Face à la crainte d’être expulsée, elle a pris la décision difficile de quitter son habitation pour se réfugier dans la malavoune, moins exposée aux contrôles, chez son frère vivant sur les hauteurs de Vahibé, avec pour conséquence la déscolarisation de sa plus grande fille. La Cimade, présente à Mayotte aux côtés des personnes opprimées depuis 2008, se mobilise :
Contre l’impasse des solutions sécuritaires et répressives, pour que les pouvoirs publics proposent enfin des réponses sociales, sanitaires, éducatives, à la hauteur des besoins pour l’ensemble des habitant·e·s de l’île.
Fanélie Carrey-Conte, Secrétaire générale de La Cimade. Mai 2023.
https://www.mediapart.fr/journal/international/090523/en-france-la-normalisation-de-la-syrie-de-bachar-al-assad-fait-son-chemin
* Fuite en avant du capitalisme nééolibéral dans l'impasse. https://reporterre.net/Helene-Tordjman-M-Macron-est-enferme-dans-son-delire-productiviste
"La croissance verte, c’est, d’une certaine manière, le « nouvel esprit du capitalisme » … Il s’agit clairement d’un approfondissement du capitalisme industriel. Grâce à la croissance verte, le capitalisme s’étend désormais à de nouveaux domaines. Il conquiert de nouveaux marchés : les services écosystémiques, le carbone, la biodiversité, les génomes de tous les êtres vivants, etc. Dans sa nature profonde, le capitalisme cherche toujours à s’emparer de nouvelles ressources, il doit sans cesse être en expansion pour continuer.
Les forêts sont ainsi seulement vues comme des puits de carbone à rétribuer, l’eau se cote en bourse, des séquences génétiques sont brevetées et transformées en marchandises au profit de grands groupes agrochimiques. La biodiversité est progressivement financiarisée et les raisonnements économicistes s’appliquent aux relations entre les êtres humains et à nos relations avec la nature. Ce processus ne cesse aujourd’hui de s’intensifier.
Il est aussi frappant de voir Macron, tout en parlant d’industrie verte, réclamer une « pause réglementaire sur les normes environnementales »… Tout à fait, c’est complètement à contretemps de l’urgence actuelle. Emmanuel Macron est enfermé dans son délire productiviste. D’ailleurs, dans son discours, il n’a cessé de répéter le terme « compétition » et « compétitivité ». Il a dit qu’il fallait « rassurer les investisseurs » sur le « plan fiscal, social et réglementaire » pour pouvoir rivaliser avec la Chine et les États-Unis. Il a aussi utilisé à de nombreuses reprises le mot « accélération ». Il a même dit que nous devions « hyper-accélérer » !
perte de souveraineté et de liberté. Les autorités affirment qu’elles n’ont pas le choix, qu’il faut avancer, suivre le mouvement. Produire toujours plus et toujours plus vite. En réalité, le « progrès » technologique nous a échappé. Il est hors de contrôle. Et ce serait à nous de nous adapter à son rythme frénétique. La crise écologique est devenue un prétexte pour accroître la compétition mondiale, la course technologique et le dumping social et environnemental.
Il faut avoir le courage politique de démanteler des grandes entreprises qui sont devenues depuis trente ans beaucoup trop puissantes, du fait de la concentration du capital. Ces entreprises, via leurs lobbies, bloquent aujourd’hui tout changement.
Théoriquement, nous avons les outils juridiques pour les démanteler — la législation anti-trust — mais l’Europe l’applique mal. Elle autorise au contraire la fusion entre Suez et Veolia et laisse Bayer racheter Monsanto. Les États-Unis font de même avec les Gafam. On a laissé aux entreprises un pouvoir phénoménal et on continue dans cette direction.
Avec l’industrie verte, de nouveaux crédits d’impôt et des garanties vont être octroyés. On ne trouve pas 12 milliards d’euros pour les travailleurs et les retraites mais des centaines de milliards pour les grandes entreprises (environ 200 milliards en 2021 en subventions, crédits d’impôt et exonérations de charges, auxquels on peut ajouter les niches fiscales et l’évasion du même nom). Et tout cela sans aucune contrepartie sociale ni environnementale. (...) La reconversion de l’agriculture pourrait être un premier chantier qui nous permettrait, bien plus que les mythes de l’industrie verte, de lutter efficacement contre le changement climatique, puisque le complexe agro-industriel est responsable d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, sans parler de ses dégâts sur la santé de tous les êtres vivants, nous compris. https://reporterre.net/Helene-Tordjman-M-Macron-est-enferme-dans-son-delire-productiviste
Outil de travail à compléter ...
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-mots-pieges-du-neoliberalisme/article/130223/c20-geants-du-neoliberalisme-qui-ont-la-main-sur-nous-ou-est-le-po
Documents :
https://www.mediapart.fr/journal/politique/080623/polynesie-la-dette-nucleaire-est-une-bombe-economique-et-sociale
- Mini-dossier L’uranium de la Françafrique Voyage au pays des dunes et des becquerels
- Textes et entretiens Naïké Desquesnes, Aude Vidal, Dessins Naïké Desquesnes
- Dans Z : Revue itinérante d’enquête et de critique sociale 2020/1 (N° 13), pages 188 à 195
1ÀArlit, au nord du Niger, ce n’est pas l’industrie chimique qui fait la pluie et le beau temps, mais l’industrie nucléaire française, qui y exploite d’immenses mines d’uranium depuis la fin des années 1960 grâce à des accords coloniaux lui assurant les meilleurs prix. À l’époque, les mineurs français bénéficiaient de mesures de contrôle et d’un suivi médical, tandis que leurs collègues africains, qui n’étaient pas considérés comme des travailleurs du nucléaire, ne disposaient d’aucune protection, d’aucune information, ni d’aucun suivi médical. Si certaines choses ont avancé du côté de la sécurité au travail, l’extraction du minerai atomique reste un désastre écologique et sanitaire étouffé au nom des intérêts économiques et diplomatiques de la France.

2Mais les cours se sont effondrés à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima : le yellowcake ne vaut plus un kopeck. En octobre 2019, Orano (ex-Areva) a annoncé la fermeture en 2021 de la Cominak, qui embauchait 800 personnes, tandis que la Somaïr, elle aussi filiale du géant de l’atome français, a drastiquement réduit son personnel. « Que va-t-on devenir ? » se demande-t-on dans l’un des pays les plus pauvres du monde. À Rouen comme à Arlit se joue la même partition. Des multinationales qui condamnent les populations à une double peine : d’abord subir les pollutions et les cancers causés par leur production puis se retrouver au chômage, quand la rentabilité ne suit plus. Et s’il était possible de reprendre des activités qui ne soient pas industrielles ? C’est la question que pose la réalisatrice nigérienne et fille de mineur Amina Weira à la fin de son film La Colère dans le vent.

Prends le cake et tire-toi
- Sur quoi repose “l’indépendance énergétique française” ?
La production d’uranium au Niger est un cas flagrant d’exploitation postcoloniale. Pour en cerner les enjeux, Z a pris le thé (sans cake) avec Raphaël Granvaud, l’auteur d’Areva en Afrique. Une face cachée du nucléaire français (éd. Agone, 2012), un ouvrage de référence sur le sujet.
5Dans les années 1940, la force de frappe de la « bombe » est appelée à remplacer les empires en déclin et à conjurer l’angoisse de pays comme la France face à l’amputation de colonies bientôt indépendantes. Le lancement du programme nucléaire tricolore, qui devait prolonger la « grandeur » et le « rayonnement » de la nation, repose sur une forte dépendance à l’uranium. Dès 1945, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) exploite les gisements du sous-sol français, extrayant un minerai qui devient, après traitement chimique, une poudre jaune appelée yellowcake. En 1976, c’est la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema, qui deviendra Areva en 2001 et Orano en 2018) qui prend le relais.
6Assez vite, les ambitions nationales vont plus loin : ce sont les réserves enfouies sous la terre de ses ex-colonies que la France siphonne, achetant à des prix de misère l’uranium qu’elle prélève des riches gisements du Gabon (dès 1958) et du Niger (à partir de 1968, huit ans après l’indépendance formelle du pays). Au milieu du désert, des carrières à ciel ouvert, puis une gigantesque mine souterraine sont ainsi exploitées par deux filiales de l’entreprise : la Société des mines de l’Aïr (Somaïr) et la Compagnie minière d’Akouta (Cominak).
7À la fin 2016, Areva a extrait environ 130 000 tonnes d’uranium des mines nigériennes depuis leur ouverture (acheminées en yellowcake jusqu’en France pour transformation et raffinage), ce qui représente deux fois ce que les 237 mines autrefois exploitées sur le territoire français ont pu fournir en une cinquantaine d’années [1][1]« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG…. Cette dépendance aux ressources étrangères (principalement venues du Niger, du Canada, d’Australie et du Kazakhstan) s’accroît avec la fermeture en 2001 de la dernière mine du sol hexagonal. « On lit pourtant encore dans des rapports parlementaires que le nucléaire offre à la France son “indépendance énergétique”, remarque Raphaël Granvaud. Soit l’État français considère que l’uranium est un élément négligeable de la fission atomique et donc on n’a pas besoin de s’inquiéter de sa provenance, soit, et c’est plus probable, il considère, à travers Areva, que le sol dont il provient, le Niger, lui appartient – et alors voit encore ce pays d’Afrique comme sa colonie. »
8Dès le début de l’exploitation de l’uranium nigérien, le prix est officieusement fixé par Paris. « Le contrôle de l’uranium, avec celui du pétrole et d’autres ressources, fut l’une des raisons du maintien d’un dispositif de domination économique, politique et militaire de la France sur ses anciennes colonies, au lendemain de leur indépendance », pointe Raphaël Granvaud. Les dispositifs de domination n’ont pas écrasé de la même manière toute la Françafrique ‒ composée grosso modo de 15 pays africains maintenus sous influence : véritable cogestion avec certains dirigeants du premier cercle comme Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, ingérences plus discrètes dans d’autres pays. Mais concernant le Niger, tous les moyens étaient bons pour maintenir un régime vassalisé : contre-espionnage, instrumentalisation d’insurrections touareg et complicités avec des putschistes.
9La vie politique agitée du Niger est étonnamment liée aux soubresauts de la relation commerciale avec la France. En 1974, Hamani Diori, le chef d’État en place, est victime d’un coup d’État peu de temps après avoir eu l’outrecuidance de réclamer une augmentation du prix de vente de l’uranium. « Si les putschistes avaient agi sans le feu vert de Paris, l’armée française présente sur le territoire nigérien serait intervenue comme elle l’a fait dans d’autres pays pour maintenir “son” dirigeant au pouvoir, comme au Gabon où elle a soutenu Omar Bongo jusque dans les années 1990 », commente Raphaël Granvaud. Trente ans plus tard, le président du Niger s’appelle Mamadou Tandja. Il commet la même erreur que son prédécesseur, réclame et même obtient une substantielle augmentation du prix en 2008. Il est renversé en 2010 par des militaires. Raphaël Granvaud détaille : « Selon Jean Ping, le secrétaire général de l’Union africaine de l’époque, les services secrets états-uniens et d’autres puissances intéressées, dont très probablement la France, savaient qu’un putsch se préparait et n’ont rien fait pour l’empêcher. Tandja a payé à retardement l’affront fait à la France en essayant d’obtenir des conditions plus avantageuses. »
10Des élections sont organisées et un gouvernement démocratiquement élu reprend les rênes du pays : à sa tête, Mahamadou Issoufou, un ingénieur des Mines formé en France, passé par tous les postes de l’exploitation d’uranium au Niger, mais aussi par l’Internationale socialiste, et proche de nombreux dirigeants occidentaux. Un CV idéal pour négocier au mieux avec la France : il conclut un accord en 2014 qui modifie les taxes sur l’activité minière. Cette victoire apparente, qui permet d’afficher des taux de taxation plus décents sur le minerai extrait, est vite dénoncée par des ONG qui constatent qu’Areva dispose de nombreux leviers pour échapper à cet impôt [2][2]« Areva : transparence en terrain miné », Quentin Parrinello,…. Sans compter la gratuité dont l’entreprise bénéficie pour prélever des millions de litres d’eau dans la nappe phréatique d’Agadez, en plein désert : un passe-droit effarant hélas classique de l’industrie minière.
11« Il y a un hiatus considérable entre le prix payé sur toute son histoire par Areva et la valeur stratégique de cet uranium », analyse Raphaël Granvaud. D’un côté un petit pays d’Occident, mais doté de la force atomique, et dont le niveau de développement nécessite toujours plus de puissance électrique ; de l’autre un pays du Sahel deux fois et demie plus grand que le premier, dernier au monde sur la liste de l’indice de développement humain (IDH) [3][3]« Rapport sur le développement humain 2019 », Programme des…, dont la majorité de la population n’a pas accès à l’électricité importée du pays voisin, le Nigeria. L’extraction uranifère au Niger a aussi aggravé la situation des nomades qui se sont vu confisquer de nombreuses zones de pâturage nécessaires à l’élevage. Ces terres sont maintenant gardées par des sociétés de sécurité privées dirigées par d’anciens militaires français, et parfois même par des forces spéciales françaises envoyées sur place pour contrer les menaces terroristes.
« Ne plus compter sur la mine mais sur nous-mêmes »
- Amina Weira, documentariste
Dans son documentaire La Colère dans le vent, la réalisatrice nigérienne Amina Weira filme la ville de son enfance : Arlit. Une cité édifiée dans les années 1960 au milieu du désert afin d’accueillir les travailleurs venus extraire l’uranium pour les besoins du nucléaire français.
14Mon père était cadre électricien à la Cominak, la mine souterraine d’uranium ouverte en 1974 [qui va fermer en 2021, voir supra], située à côté de celle de la Somaïr, exploitée depuis 1968. Ce sont des filiales de l’entreprise française Areva. Petite, je voyais mon père partir au travail, je pensais qu’il allait au bureau. En 2010, j’ai découvert pour la première fois l’intérieur de la mine. J’ai vu tous ces travailleurs qui mettent leur vie en danger, qui partent à 250 mètres sous terre, j’ai trouvé ça effrayant. Ça m’a donné envie de faire un documentaire pour rendre hommage à ces gens, à mon père qui est descendu dans ce trou pendant toutes ces années pour nous nourrir et nous éduquer. Au fil de mes recherches, j’ai découvert l’ampleur de la pollution radioactive [4][4]L’uranium est un métal lourd radioactif, dont la chaîne de… et des problèmes de santé.

Ne pas aller contre Areva
15J’ai convaincu mon père d’être le personnage central de mon film afin d’avoir accès aux anciens travailleurs de la mine. Avec lui, ils parlaient sans tabou, ils étaient plus à l’aise qu’avec une jeune femme comme moi. Raconter les mines devant le micro ou la caméra, c’est compliqué. Quand j’ai fait mes repérages, beaucoup de choses sont sorties de la bouche des personnes rencontrées, mais quand je suis revenue avec la caméra, elles devenaient muettes ! La plupart ont leur père, leur frère, quelqu’un de proche qui travaille à la mine. Un jeune qui rentre chez Areva ne va pas dénoncer les mauvaises pratiques de cette société, de peur de se faire licencier ou enfermer. Tout le monde sait qu’Areva a une influence énorme sur nos gouvernements et qu’il vaut donc mieux ne pas aller contre elle [voir p. 195].
Une ville entourée de déchets radioactifs
16Arlit, c’est ma ville, c’est là qu’on extrait la richesse du pays. On l’appelle « Petit Paris ». J’aimerais que ce soit vraiment le cas ! On a l’impression qu’elle est entourée de montagnes, comme celles auprès desquelles les Touareg s’installent pour se protéger du vent du désert. Mais ces montagnes ont été créées de toutes pièces. Elles sont composées de l’accumulation des déchets radioactifs issus de l’extraction. Avant la mine, Arlit était un campement touareg. Elle compte aujourd’hui 140 000 habitants. Toutes les ethnies du Niger s’y mélangent, ainsi que d’autres nationalités d’Afrique. On rencontre aussi pas mal de migrantes et de migrants qui s’y arrêtent pour travailler un peu, dans l’espoir de continuer leur chemin vers l’Europe. Arlit est organisée en deux cercles concentriques : il y a la « cité des travailleurs », composée d’ouvriers, de cadres et d’expatriés, et le quartier des bidonvilles, qui forment actuellement la plus grosse partie de la ville. Dans la cité des travailleurs, il y a l’eau courante et l’électricité gratuite, des « cercles de loisirs »… tout est financé par Areva. Pendant le tournage, nous avions été choqués de voir des points lumineux au loin, lors d’une coupure d’électricité : une centrale alimentait la cité des travailleurs tandis que les gens des bidonvilles en étaient privés. Au lieu de profiter de cette énergie, ils en tombaient malades…
Travailler sans tenue de travail
17Au début de l’exploitation, les travailleurs n’avaient aucun vêtement de protection, qu’on réservait aux cadres blancs. Areva ne fournissait même pas de gants, l’un des ouvriers retraités en témoigne dans mon film. Puis il y a eu des mobilisations et leurs conditions de sécurité se sont améliorées [voir p. 194]. À Arlit, les soins sont gratuits dans les dispensaires gérés par Areva. Les médecins sont payés par l’entreprise, cela crée une complicité. Les responsables d’Areva prétendent qu’il n’y a pas de maladies professionnelles. Pourtant, les travailleurs ont des maladies sans nom. Dans mon film, il y a une personne qui a des douleurs au niveau de l’estomac, de la poitrine. Les médecins lui disent qu’il a un ulcère. C’est un peu facile. Parler d’ulcère, ça permet de ne pas chercher plus loin, de fermer leur bouche aux malades. Il y a également beaucoup de problèmes respiratoires. Ici, des femmes accouchent d’enfants mort-nés, mal formés. Je voulais filmer les mères et leurs enfants, mais elles n’ont pas voulu. J’ai rencontré un ancien travailleur dont les reins étaient détruits, qui était sous dialyse et avait été évacué en France. Areva avait été obligée de prendre en charge les soins, mais depuis qu’il est à la retraite, ces soins sont à sa charge et il n’est pas en mesure de les payer. Des cas comme ça, j’en ai vu beaucoup : des retraités avec des maladies qu’on a laissées s’aggraver ou des travailleurs qui commencent à avoir des problèmes de santé chroniques. Areva licencie les personnes malades ou moins productives. Après la retraite, les travailleurs n’ont aucune prise en charge sanitaire, or c’est souvent le moment où les maladies se déclarent. Les mesures de radioactivité [5][5]En 2009, Greenpeace détecte sept zones à radioactivité anormale… sont rares et les études médicales plus rares encore. Un médecin indépendant est intervenu pour sensibiliser la population aux conséquences de l’activité minière sur la santé. Il conseillait de se déplacer régulièrement, de quitter la ville de temps en temps. Je ne sais pas s’il a examiné des malades. Ces choses-là se font discrètement, à l’insu d’Areva et des autorités. Après mon film, certain·es sont venus me parler de cas similaires ou d’autres problèmes de santé.
Le cimetière des chèvres et des antilopes
18Dans le film, une femme raconte que ses chèvres meurent. C’était ma nounou quand j’étais enfant. Elle avait une trentaine de chèvres, à l’époque. Quand je suis retournée chez elle, je m’attendais à ce qu’elle me dise qu’elle avait vendu ses chèvres. Mais elle m’a dit qu’elles avaient eu une maladie bizarre. Aux environs d’Arlit, on ne voit plus de fennecs et d’antilopes non plus…
19Cette dame vit dans une maison construite avec des remblais de mine. Son quartier est proche de la mine souterraine, ce qui l’expose aussi à la radioactivité. Les gens vont récupérer l’argile proche et construisent avec ça, par ignorance, et parce que la radioactivité, ça ne se voit pas. Des prélèvements effectués par l’ONG locale Aghirin’man ont révélé que les maisons du quartier présentent souvent une forte teneur en radioactivité. Areva a promis de détruire ce quartier et de reconstruire les maisons un peu plus loin. J’ai tourné le film en 2015 et la promesse datait de cinq ans. Aujourd’hui, seules cinq maisons ont été reconstruites. Dans le film, on voit aussi des gens fabriquer des ustensiles de cuisine avec des ferrailles issues de récupération [voir encadré]. Areva a interdit aux travailleurs de les revendre pour que ça ne circule plus, mais ça continue à l’insu des responsables.
Qu’allons-nous devenir ?
20Contrairement à nos parents qui sont restés jusqu’à la retraite, je vois beaucoup de gens qui ont travaillé ici entre deux et cinq ans et qui sont partis. Nos anciens restent parce qu’ils ont fait leur vie dans cette ville. Pour nous qui avons grandi là-bas, tout nous rappelle notre enfance : la maison, les rues, les écoles qu’on a fréquentées, ce sont des souvenirs dont il est difficile de se détacher. Les autres n’ont pas ce sentiment d’appartenance. Vivre ici, c’est insupportable.
21Peut-être Areva souhaite-t-elle partir parce que l’uranium ne lui rapporte plus autant. Avec la fermeture de la mine, on ne sait pas si la ville continuera à exister. On ne doit plus compter sur la mine, mais sur nous-mêmes. Nous devons nous demander comment notre ville pourrait subsister indépendamment d’Areva, en faisant vivre d’autres activités comme le maraîchage. C’était quelque chose qui marchait très bien à une époque, les arbres fruitiers, les légumes. Aujourd’hui, les terres sont polluées. Nous devons penser à revitaliser cette activité, quitte à la déplacer un peu. Faire ce film, c’est parler de la mine pour tenter de changer les choses. Même si le mal est fait, avec des tonnes de déchets qui sont là, tout autour de nous.

Ferrailles radioactives
« Comme vous le savez, depuis 2003, nous avons régulièrement attiré l’attention sur la présence de ferrailles contaminées dans les rues d’Arlit et d’Akokan. Pour mémoire, la tuyauterie que nous avions achetée en décembre 2003 sur le marché d’Arlit était souillée par un tartre très contaminé par du radium 226 (235 000 Bq/kg). Nous demandions à l’époque que vos filiales lancent une campagne de recherche et de récupération systématique de ces matériaux radioactifs. »
Extrait d’une lettre de Bruno Chareyron, de la Criirad [*], à Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, 31 juillet 2009.
Un observatoire aux yeux bandés
- Où le pollueur mesure lui-même la pollution
23L’exploitation des mines d’uranium entraîne une exposition des travailleurs·ses et des populations riveraines à toute une série de substances chimiques et faiblement radioactives. Leurs effets cumulés sur la santé, largement sous-évalués, sont pourtant réels. Dans le cas de la France, le suivi des anciens mineurs montre qu’ils sont davantage touchés par les cancers pulmonaires. À Arlit, la situation est particulièrement problématique, notamment car les dizaines de millions de tonnes de roches sorties de terre sont entreposées à l’air libre juste à côté de la ville. Selon la Criirad, les terrils « produisent en permanence un gaz radioactif, le radon, et les puissants vents du désert dispersent les fines poussières contenant des métaux lourds radioactifs, dont certains sont très radiotoxiques par inhalation [6][6]« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG… ». Sans compter la contamination des eaux souterraines, la vente de ferrailles et de textiles radioactifs sur les marchés de la ville, les rues remblayées avec des matériaux radioactifs…
24Quelles doses cumulées sur plusieurs décennies ont déjà subi les habitant·es d’Arlit ? Des ONG s’attellent à le mesurer. En 2003 et 2009, la Criirad est ainsi venue soutenir les enquêtes d’une ONG locale, Aghirin’man. Les associations organisent la fermeture de certains puits particulièrement pollués et la décontamination des rues. Elles donnent aussi des recommandations aux habitant·es, comme celle de ne pas faire laver les tenues de travail potentiellement contaminées des mineurs par leurs épouses.

25En 2010, Areva lance un « plan compteur » consistant à effectuer des contrôles systématiques dans les rues d’Arlit, afin de repérer les zones radioactives. Mais, pour ce qui est des habitations elles-mêmes, Aghirin’man remarque en septembre 2017 que seules 120 ont été contrôlées… sur une agglomération de plus de 100 000 habitant·es. L’année suivante, Areva met en place un « Observatoire de la santé de la région d’Agadez », ce qui lui permet d’écrire année après année dans ses rapports qu’aucune maladie professionnelle liée à la radioactivité n’a été enregistrée [7][7]Voir, par exemple, le « Rapport de responsabilité sociétale »…. Mais la Criirad critique ce dispositif de contrôle des pollutions géré par le pollueur, qu’elle décrit comme un « écran de fumée » : pas d’engagement contractualisé, liste périmée et incomplète des pathologies à rechercher, etc. Toujours selon l’ONG française, dans la région d’Arlit, « on peut estimer en tout cas que les opérations d’extraction de l’uranium vont entraîner le décès par cancer de dizaines d’habitants et de travailleurs [8][8]« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG… ». Aujourd’hui, l’opacité est toujours de mise sur la mesure et la prise en compte des pollutions par l’entreprise, d’autant plus avec l’annonce de la fermeture de la mine. Face à elle, Aghirin’man ne dispose que de très peu de moyens et cherche actuellement des fonds pour pouvoir continuer les contrôles indépendants sur toute la région d’Agadez [9][9]À travers l’association Les Amis d’Aghirin’man (helloasso.com)..
Pourquoi Areva est devenue Orano
- Où la France achète à prix d’or des mines qui ne valent rien
27En 2006, Areva manifeste son intérêt pour Uramin, société de prospection sur des gisements uranifères cotée à la Bourse de Toronto. À cette époque, le cours de l’uranium flambe et Areva prétend doubler sa production pour alimenter les centrales qu’elle compte vendre au monde entier. La suite de l’histoire montrera que les gisements vendus ne comptaient en réalité que très peu de minerai et étaient donc inexploitables.
28Areva achète Uramin moins d’un an plus tard, laps de temps durant lequel le prix a été multiplié par plus de cinq pour atteindre 1,8 milliard d’euros. Des enquêteurs d’horizons divers [10][10]L’écrivain Vincent Crouzet, ancien des services secrets,… montrent que l’entreprise française n’est pas victime d’une escroquerie, elle a participé activement au gonflement de ce prix. Areva aurait volontairement attendu pour le laisser s’envoler, et acheter très cher une société en réalité sans valeur.
29Cette obscure embrouille en rappelle fortement une autre, aujourd’hui bien éclairée : l’affaire Elf. La société Elf Aquitaine a surpayé pendant des années un certain nombre de contrats. On sait que l’argent issu de ces transactions exorbitantes ne restait pas longtemps en Afrique et finissait en fait dans des poches françaises. C’est le principe des « rétrocommissions » : tu me vends pour 100 euros de pétrole, je t’en donne officiellement 200, et tu me rends discrètement les 100 restants (moins une petite part que tu gardes pour service rendu). Ainsi je peux afficher une dépense de 200 euros et disposer librement des presque 100 euros revenus au bercail. Cet argent alimentait entre autres des partis politiques français (voir l’excellent spectacle de Nicolas Lambert Elf, la pompe Afrique).
30On ne sait pas aujourd’hui si l’argent disparu dans le scandale Uramin est revenu, dans quelles poches et pour quel objectif final. Anne Lauvergeon, à l’époque PDG d’Areva, est en tout cas poursuivie en justice pour présentation, publication de comptes inexacts et diffusion de fausses informations à destination des représentants de l’État. Son mari, le bien nommé Olivier Fric, est quant à lui mis en examen pour délit d’initié et blanchiment. On trouve également l’inénarrable Patrick Balkany, qui a fait office de gentil intermédiaire à une époque où le président de la République n’était autre que son grand ami, Nicolas Sarkozy.
31Tout comme la marque Elf a disparu (l’entreprise étant absorbée par Total), il semble qu’il était temps de faire disparaître la marque Areva. Fin 2017, EDF rachète la branche « réacteurs » d’Areva en quasi-faillite. Les autres activités du groupe (mines, enrichissement d’uranium, déchets nucléaires) sont réunies sous un nouveau nom : Orano, clin d’œil à Ouranos, dieu grec qui a donné son nom à la planète Uranus, laquelle a permis de nommer l’uranium. « Rappelons tout de même que dans le récit mythologique auquel les stratèges de communication ont choisi de se référer Ouranos va se faire castrer par son fils Cronos […] à l’aide d’une faucille, prévient La Parisienne Libérée. Voilà pour les perspectives d’avenir [11][11]Le nucléaire, c’est fini, éd. La fabrique, 2019, p. 21.. »
Notes
- [1]
« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG Aghirin’man », Criirad, Mediapart, 27 décembre 2017 (blogs.mediapart.fr).
- [2]
« Areva : transparence en terrain miné », Quentin Parrinello, dans La Transparence à l’état brut, Christophe Alliot et autres, coéd. One-Oxfam-Sherpa-Le Basic, p.43-51 (oxfamfrance.org).
- [3]
« Rapport sur le développement humain 2019 », Programme des Nations unies pour le développement, 2019 (hdr.undp.org).
- [4]
L’uranium est un métal lourd radioactif, dont la chaîne de désintégration, dans son isotope 235, produit au moins treize autres substances radioactives dont 1. L’uranium est un métal lourd radioactif, dont la chaîne de désintégration, dans son isotope 235, produit au moins treize autres substances radioactives dont certaines sont très radiotoxiques (radium 226, plomb 210, polonium 210).
- [5]
En 2009, Greenpeace détecte sept zones à radioactivité anormale dans les rues d’Akokan, une ville minière accolée à Arlit. L’ONG mesure, à proximité d’une bouche d’aérage des galeries de la Cominak, une zone présentant un niveau de radiation sept fois supérieur à la normale.
- [6]
« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG Aghirin’man », Criirad, Mediapart, 27 décembre 2017 (blogs.mediapart.fr).
- [7]
Voir, par exemple, le « Rapport de responsabilité sociétale » publié en 2016 par Areva Mines.
- [8]
« Uranium au Niger : soutenir les actions de l’ONG Aghirin’man », communiqué cité.
- [9]
À travers l’association Les Amis d’Aghirin’man (helloasso.com).
- [10]
L’écrivain Vincent Crouzet, ancien des services secrets, l’amiral Thierry d’Arbonneau, numéro 1 de la sûreté d’Areva, les journalistes Lionel Faull, Sam Sole, Stefaans Brümmer et Selma Shipanga…
https://www.mediapart.fr/journal/france/260523/meurtre-d-une-infirmiere-reims-la-psychiatrie-en-desherence
La vioplence d'Etat. (citations en réserve)
https://www.mediapart.fr/journal/france/300523/mort-d-yvan-colonna-les-sms-choquants-de-deux-prefets/commentaires#comment-11804427
30/05/2023 23:19 PAR OLIVIER LONG EN RÉPONSE AU COMMENTAIRE DE JULIEN.VERD LE 30/05/2023 19:33
"Les hommes utilisant la violence physique"...
Vous rigolez ou quoi? La violence d’État en corse est un fait avéré.
vous ne me croyez pas, je vous raconte un souvenir d'enfance :
Ils ont abattu au pistolet mitrailleur à balles explosive la meilleure amie de ma cousine,
elle s'appelait Michèle Lenck et avait 33 ans. Elle ne faisait pas de politique.
Elle a été tuée par un jeune policier
dans sa voiture sur un contrôle d'identité en 1975 après l'affaire Fesch Bastellica. Ma cousine a été touchée au cervelet, elle boîte avec des pertes d'équilibre depuis 1975.
C'est leur voiture à 2 minutes dans la vidéo ici, vous voyez le carton?
Comme d'habitude le crime policier n'a pas été élucidé c'est raconté ici :
"Parmi les autres victimes, deux civils totalement étrangers aux événements : Pierre Marangoni, 23 ans, jeune jockey originaire de Fréjus qui participait à des courses sur l’hippodrome de Vignetta est tué près des Salines par des tirs policiers, comme Michèle Lenck, 33 ans, institutrice et psychologue scolaire, fauchée au volant de son véhicule par les tirs encore inexpliqués d’un policier de l’OCRB près de la place du Diamant. 40 ans après, ses proches se sont recueillis sur le site pour y déposer des fleurs. Les mots de sa sur, Marie-Josée Guidicelli, révèlent le sentiment d’une famille qui n’a jamais pu faire son deuil.
"Elle rentrait chez elle avec deux amies, route des Sanguinaires, après une journée à Porticcio. Elle a pris trois balles dans le dos. L’une de ses amis a été gravement blessée à la tête et la troisième seulement éraflée au niveau du front. C’est elle qui a pu raconter ce qui s’est passé, que les derniers mots de Michèle ont été : "Je crois que j’ai été touchée". En évoquant les faits, Marie-Josée et les siens n’hésitent pas à parler de, "l’assassin de Michèle, inculpé d’homicide, et amnistié...
Les suites judiciaires de cette affaire ont tué Michèle une seconde fois". Sa famille n’a pourtant pas fait l’économie d’un combat durant de longues années pour que justice soit rendue, frappant à toutes les portes politiques et associatives. En vain. 40 ans après le drame, la famille de Michèle Lenck n’aspire plus qu’au respect de sa mémoire et de sa propre douleur. "Beaucoup de choses circulent sur les réseaux sociaux, mais nous tenons à ce que sa mémoire ne soit pas récupérée politiquement. Ma sœur n’était pas engagée en politique, ça aussi il faut le respecter".
source : https://www.corsematin.com/articles/bastelica-fesch-lautre-dechirure-98408
- 31/05/2023 02:22 PAR TOUSSAINT973 EN RÉPONSE AU COMMENTAIRE DE OLIVIER LONG LE 30/05/2023 23:19
Je suis désolé, je me souviens très bien, je venais de rentrer de Téhéran, j'ai vu le flic en civil tirer comme dans un western sur une voiture qui déboîtait. Il a truffé la voiture de balles.
Le lendemain, l'armée quadrillait la ville, notamment le cours Napoléon, avec un soldat à chaque porte qui mettait en joue et suivait de son fusil les gens qui passaient jusqu'à ce qu'ils arrivent dans le champ du soldat suivant.
Quant à la violence, il faut rappeler que c'est parti de l'expédition d'un commando de barbouzes de Francia, pour tuer Marcel Lorenzoni, à Bastelica. A l'époque, Marcel était encore très lié à Simeoni, et il avait son propre groupe militant autonome. Le FLNC avait infiltré Francia et avait une taupe dans le groupe, donc ils avaient dit à Marcel de partir, de ne pas se trouver dans le village. Marcel a arrêté les tueurs et a convoqué la presse, avec les photos des cartes de la Préfecture d'Ajaccio. Mais le lendemain débarquaient des centaines de soldats. Le FLNC avait alors planifié d'attaquer le convoi et de couper la route. Marcel a "désarmé" le commando du Front qui s'est alors mis en retrait. Mais au petit jour, c'est les hélicos et les parachutistes qui ont sauté sur le village endormi, Marcel a juste eu le temps de s'enfuir. Le village a été occupé et encerclé, les journalistes venus pour la conférence de presse étaient sidérés. La route était coupée par un barrage de gardes mobiles, à Cauro. Les familles des militants évaporés dans le "maquis" étaient là, les militant.es aussi, y compris des gens du Front. La nuit tombée, les militant.es pressaient les mobiles et discutaient avec eux. Ils ont réussi à se trouver deux, dos à dos dans la ligne de mobiles, et à un moment, chacun a poussé droit devant lui, et les militant.es ont littéralement évacué la route, deux voitures sorties de nulle part ont foncé et ont traversé Cauro, fonçant vers Aiacciu. Là ils ont occupé un hôtel, réuni tous les clients, dont un couple de gens du Front que Marcel avait "désarmé.es" quelques heures plus tôt, pas franchement ravi.es. Les clients ont reçu l'ordre de partir sur le champ ou de rester comme otages. La majorité est restée, c'était des Corses. Et Marcel a annoncé à la police qu'il retenait des otages pour obtenir sa conférence de presse. La police a bouclé le quartier. Et on a mis la pression sur les barrages. A la nuit, un groupe d'élus en écharpe s'est rendu devant la préfecture pour éviter l'assaut et un massacre. Les CRS les ont allumés à tirs tendus de lacrymos, ont chargé. Il y avait des milliers de gens, le cours était noir de monde, les gens étaient en famille souvent, venus voir ce qui se passait.
Là, on a appris aussi que la police avait reçu l'ordre de "nettoyer" complètement l'hôtel, otages compris. Et de mettre les morts sur le dos des nationalistes. Le chef des barbouzes a confirmé que lui du moins ne pouvait être laissé en vie et présenté à la presse. Le Front a alors décidé, en concertation avec d'autres forces, "d'intervenir" pour annuler l'assaut. Un commando devait ouvrir le feu sur les CRS, mais ils ne s'y décidaient pas. "Tu les voyais, on aurait dit des veaux en uniforme, tu peux pas tirer comme ça." Un petit enfant à un barrage, a voulu mettre le feu à la moustache d'un CRS. Ce crétin, au lieu de l'envoyer promener, a braqué son fusil sur la tête du gosse, et a armé; le commando a tiré, et les flics ont commencé à riposter dans toutes les directions, devant, en haut, vers les fenêtres, jamais vu une panique pareille. Je me suis planqué derrière une voiture. Le choc a parcouru tout le cours Napoléon, et c'est à peu près à deux cents mètres que ce flic a tiré sur la voiture. Un policier un peu plus âgé lui a mis la main sur le bras en lui disant "Sur quoi tu tires ?"... C'était affreux, plus tard dans la nuit, ils ont encore tiré sur un pauvre jockey.
Le lendemain, le cours était plein de monde toute la journée, aux barrages aussi, et puis, vers 17 heures, des camions de soldats ont débarqué des éléments d'infanterie de marine qui ont braqué leurs armes sur les passants. Les gens sont rentrés, les militant.es sont sorti.es. Et le Front a fait partir tous les "inorganisés". "Laissez faire les commandos". Toute la nuit, attente, avec des files de militants silencieux, en cagoule devant les soldats, visiblement matossés. C'est là qu'un chanteur de Canta, Tchètchè, ancien para, est passé par les toits pour arriver à l'hôtel et s'est évidemment fait cueillir par le GIGN et Paul Barril. Négociations avec Marcel, entre parachutistes et anciens paras. Vers 2 heures du matin, le commando et les "otages" sont sortis en groupe et en armes, en chantant, drapeau corse en tête, et ils se sont rendus selon l'accord.
Quelques jours après, une énorme manif à Ajaccio, où pour la première fois depuis les Boues Rouges, le PC était là, mais... relégué en queue de cortège. Le lendemain de la reddition de l'hôtel, les gens étaient furieux, mais contre le FLNC. "Et qu'est-ce qu'ils ont fait les commandos" ? "Où ils étaient, les commandos" ? La colère. Et puis la haine évidemment. Après, Mitterrand a été élu... En fait, le FLN a jugé qu'il pouvait passer à l'insurrection, "prendre le pouvoir", mais qu'il ne pourrait pas le garder et que toute l'infrastructure, toute la militance serait balayée par la réponse de l'Etat. Marcel disait plus tard. "Quand tu es avec ton peloton sur un tarmac, avec des centaines de paras, lourdement équipés, et que tu sais que derrière il y en aura encore d'autres, tu sais qu'en face, ils vont craquer". Et le Front aurait craqué. A l'époque, je n'avais pas de critique sur la façon dont cela avait été mené. Mais je voyais bien une chose, Marcel avait intégré la "démocratie", l'Etat de droit, il pensait réellement que l'Etat colonial allait le laisser montrer au monde entier qu'une préfecture avait monté un assassinat politique barbouzard. En plus, laisser un militant corse démonter le fonctionnement de l'Etat en Corse devant la presse internationale. Marcel ce jour-là a perdu les illusions qu'il avait encore.
https://blogs.mediapart.fr/flagrant-deni/blog/050723/pire-qu-en-russie-j-ai-vecu-en-france-la-plus-grave-violence-policiere-mon-egard