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Billet de blog 20 avril 2012

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Moraliser, réguler le capitalisme mondialisé ? Non-sens ! Unicité néolibérale de la politique et de l'économie.

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Moraliser, réguler le capitalisme mondialisé ?    Non-sens !

Faute d’un meilleur terme, on utilise le mot « néolibéralisme » pour désigner l’étape actuelle de l’évolution du capitalisme mondialisé qui s’affirme affranchi de toute limite et de toute éthique, rigole de toute prétention à le contraindre.

Le libéralisme du 18° siècle était la liberté d’entreprendre ET l’humanisme. En raison de son rejet des règles contraignantes, le capitalisme actuel se réclame d’être libéral.

Mais l’humanisme est passé à la trappe depuis le 19°siècle : le processus qui a conduit au déclenchement de la 1° guerre mondiale en témoigne.

Le discours des économistes commence généralement avec les années des  « trente glorieuses »,  celles de la reconstruction européenne, dans le traumatisme de la guerre et de la Shoah, l’aveu de l’appui qu’avait apporté le capitalisme à l’hitlérisme. Hélas, l’héritage du Conseil National de la Résistance ne fut qu’une parenthèse de  relative moralisation.

La parenthèse s’est refermée avec le thatchérisme. Désormais, le pouvoir est aux mains de la finance, la phynance selon Ubu. Sarkozy entrera dans l’Histoire comme étant celui qui a affiché cette réalité au grand jour : malgré les échecs énormes que furent les crises répétées sur les trente dernières années, « les gens du marché financier » se sont emparés de tous les rouages nationaux, européens et mondiaux, ont soumis tous les domaines de l’activité humaine à un unique but : accroître leurs profits, amasser des fortunes immenses et inutiles dans les paradis fiscaux. Ces « gens du marché financier considèrent 99% de l’humanité comme réduite à une masse d’individus-objets.

Les élections n’y changeront rien. Elles ne déterminent que le personnel politique relai entre ces financiers et les populations d’Europe, pour appliquer les volontés « des marchés financiers ».

Il n’y a pas de théorie du complot en cette affaire. Sarkozy a pendant cinq ans relayé ce message très clairement, chargé de menaces : les gens des marchés financiers tiennent le pouvoir et ne se laisseront pas contraindre.

Mais il n’y a pas de chef, ni de centre dirigeant mondial. Il n’y a pas d’interlocuteur avec lequel on pourrait négocier. Ces « gens du marché » animés d’avidité sans limite s’entredéchirent.  Ils sont en rapport de rivalité meurtrière, menacés par d’autres « gens du marché » de tous les continents. Dans l’impossibilité de gérer à moyen ou long terme à quelque échelle que ce soit. Ces « gens du marché » incluent tout ce qui met en jeu du capital, y compris tous les banditismes, y compris le terrorisme, indistinctement. Tous agissent beaucoup plus à partir de paradis fiscaux, qu’à partir d’immeubles de prestige sis dans une capitale. Tous ne déclarent dans tel ou tel pays que ce qui leur permet d’intervenir dans la gestion de ce pays.

Lee réalités économiques sont fuyantes, abondamment manipulées où l'art décisif de chaque acteur consiste à tromper les autres : ne pas faire ce qu'on dit, et ne pas dire ce qu'on fait, en faisant croire qu'on fait autre chose, à produire des chiffres largement trafiqués.

Il n'existe pas de science économique, mais une infinité de dogmes. On se souvient du trouble qui  a tétanisés les économistes lorsqu’a éclaté la crise des subprime, les enseignants des grandes écoles déboussolés ne savaient plus ce qui pouvait encore être enseigné.

Les  gouvernants ont renfloué, récupéré les titres pourris et les « experts » avec la prétendue « science économique » ont pu reprendre leurs partitions, comme si rien ne s’était passé. Leur rôle doit être démystifié. Ils sont chargés de donner une apparence d’état naturel indiscutable, selon lequel il faut continuer à sacrifier les acquis sociaux afin que des fortunes considérables continuent à s’amassent dans les paradis fiscaux. 

La monnaie ne détermine rien. C'est le système économico-social qui, en  l'utilisant, en fait ce qu'elle est. La mise en accusation de l'euro a servi pendant longtemps à masquer le devenir de l'Europe abandonné à des technocrates et aux lobbies, qui nous a sauté à la figure après quelques décennies de rêverie romantique sur une Europe mythifiée. La crise nous a ouvert les yeux, mais le néolibéralisme en avait fait sa machine de guerre.

Et les modèles! Nous avons dû suivre le modèle japonais, le modèle anglais, irlandais, espagnol, et maintenant, allemand.  La constante : écraser les salaires, allonger la durée de travail (de ceux qui ont un emploi), précariser l'emploi, faciliter les licenciements et les délocalisations, etc., et faire passer le profit financier de 4% à 25 %.

Il s'agissait avec cette succession de modèles, tous falsifiés, par rapport aux réalités de ces pays, abandonnés dès que les catastrophes y devenaient trop visibles, de bloquer le débat nécessaire sur le nouveau type de société sournoisement mis en place. Les économistes médiatiques avaient la même fonction : justifier par un semblant de scientificité les choix de société non dits.

Les économies sont animées par des détenteurs de capitaux flottants principalement planqués dans les paradis fiscaux, qui ne déclarent dans tel ou tel pays que ce qui leur permet d'intervenir dans la gestion de ce pays.

Imposées simultanément dans tous les pays d'Europe, ces mesures d'austérité conduisent à la récession économique. L'inverse du redressement annoncé.

Les « gens du marché » ont le pouvoir et proclament que, quel que soit le gouvernement élu, celui-ci obéira, et la population devra subir.

Telle est la réalité que nous devons prendre en compte pour l’action collective, après un vote , celui de la présidentielle 2012, que cependant, il ne faut pas déserter.

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