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Historien, membre du Groupe d'histoire sociale (GHS), recherches sur l'histoire des sciences et des milieux scientifiques.

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Billet de blog 4 mai 2022

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La guerre n'est pas une solution

Faute de mener une politique de paix et de sécurité en Europe, les Occidentaux s'inscrivent dans la logique de guerre de Poutine. Pour aller où ? En France, comme toujours, la "pensée unique" s'impose. En Allemagne, le débat public est bien plus libre et contradictoire....

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La moitié des Allemands s'opposent aux fournitures d'armes lourdes à l'Ukraine

Guerre en Ukraine : les Occidentaux doivent éviter les "dangereux coups de poker" (Jürgen Habermas, Courrier international, 29 avril 2022)

Le gouvernement allemand a raison d’être prudent. Voilà en substance ce qu’écrit ce 29 avril Jürgen Habermas dans un esai sur la guerre en Ukraine publié par la Süddentsche Zeitung. Le célèbre philosophe allemand de 92 ans considère que le chancelier Olaf Scholz a jusqu’à présent fait preuve “de réflexion et de retenue” dans un contexte compliqué pour les pays membres de l'OTAN. En condamnant à l’unisson l’invasion russe de l’Ukraine sans pour autant prendre pleinement part au conflit, ces États se sont mis dans une situation complexe, explique-t-il. De fait, ils “participent à la guerre depuis le début en imposant des sanctions drastiques” à la Russie. Mais ils doivent aussi s’assurer, à chaque nouvelle annonce de soutien à l’Ukraine, “qu’ils ne franchissent pas une ligne rouge indéterminée dont les critères sont définis par Vladimir Poutine” et qui ferait basculer le monde dans “une troisième guerre mondiale apocalyptique”. Dans cette optique, les appels à davantage d’armes lourdes pour l’Ukraine et à plus de sanctions contre la Russie peuvent se révéler dangereux – bien que compréhensibles. C’est d’autant plus vrai face à un pays comme la Russie, qui possède des armes nucléaires dites “tactiques”, moins puissantes que les armes atomiques classiques, mais conçues pour être utilisées sur un champ de bataille.

La guerre froide a appris aux Occidentaux que “les conflits avec les puissances nucléaires ne peuvent plus être remportés’ dans le vrai sens du terme, du moins pas par des opérations militaires.” Les Européens et les Américains ont donc tout intérêt à éviter “les coups de poker”. Car, conclut Habermas, “c’est à Poutine de décider où se situe la limite entre le soutien militaire occidental à l’Ukraine et la cobelligérance”.(Courrier international)

L’Express : "Il faut mettre un terme au risque d'une troisième guerre mondiale !" La féministe la plus célèbre d'Allemagne demande à Olaf Scholz de cesser la livraison d'armes lourdes à l'Ukraine. Une initiative polémique, mais qui reflète le courant pacifique.(Alice Schwarzer, 4 mai 2022)

Critiqué dans les pays occidentaux pour ses tergiversations, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est finalement résolu à livrer des armes lourdes offensives à l'Ukraine, en particulier des chars. Mais dans un pays à la forte tradition pacifiste, des intellectuels de renom ont fait savoir leur opposition à cet engagement, par peur d'une escalade du conflit. Le vénérable philosophe Jürgen Habermas, 92 ans, a publié une tribune dans le Süddeutche Zeitung, dans laquelle il invite à la prudence, et alerte contre les "dangereux coups de poker", afin selon lui d'éviter "une troisième guerre mondiale apocalyptique". Dans le magazine féministe Emma, ce sont 28 personnalités, parmi lesquelles les écrivains Martin Walser et Juli Zeh, l'acteur Lars Eidinger ou la philosophe Svenja Flasspöhler, qui s'adressent à travers une lettre ouverte à Olaf Scholz. "Nous saluons le fait que vous ayez jusqu'à présent pris en considération les risques : le risque de propagation de la guerre en Ukraine ; le risque d'extension à toute l'Europe ; et en plus, la risque d'une troisième guerre mondiale. Nous espérons donc que vous reviendrez à votre position initiale et que vous ne fournirez pas, directement ou indirectement, de nouvelles armes lourdes à l'Ukraine" écrivent-elles.  À l'origine du texte, on retrouve Alice Schwarzer, féministe la plus célèbre d'Allemagne et fondatrice d'Emma, qui n'a jamais reculé devant une polémique sur l'islam, la prostitution ou la pornographie. L'appel a été vivement critiqué sur les réseaux sociaux, les signataires étant accusés de vouloir, au nom du pacifisme, laisser les Ukrainiens sans défense face à Vladimir Poutine. Mais il a aussi montré une évolution au sein de l'opinion publique allemande. Alors qu'il y a encore un mois, 55% des Allemands étaient en faveur de la livraison d'armes lourdes, ils ne sont plus que 45% aujourd'hui, selon l'institut Infratest. (L’Express, 4 mai2022)

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