Quelques vérités à propos de la "foule haineuse" et "insurrectionnelle"
Dans un précédent post qui a figuré en page d’accueil sur Médiapart le week end dernier, j’ai rapporté quelques impressions d’une assemblée de gilets jaunes. Chacun a pu voir que la soixantaine de personnes réunies sur ce rond-point était très loin de former une « foule haineuse » (Macron, 31/12) d’« agitateurs voulant l’insurrection » (Griveaux, 4/1).
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Flyer distribué ce dimanche 6 janvier par les gilets jaunes sur les marchés du Briançonnais
Il se passe en gros la même chose sur tous les ronds-points, évacués, reconquis, et dans des centaines de lieux dans tout le pays. Le mouvement de prise de parole, de prise de possession de l’espace public, de redéfinition de la citoyenneté dans notre pays contredit et dépasse toutes les caricatures que s’emploient à diffuser les serviteurs de l’ordre social désormais clairement identifié comme inégalitaire et injuste, anachronique et suicidaire représenté jusqu’à l’outrance par monsieur Macron. C’est pour cela qu’une majorité de Français, d’après les sondages, soutient les gilets jaunes.
Les assemblées de gilets jaunes se succèdent, les "actions" décidées changent, le mouvement se pérennise. L’heure est à la diffusion dans cette population, plutôt acquise au mouvement, non seulement des doléances exprimées sur les ronds-points mais aussi de l’état d’esprit, fraternel, unificateur et optimiste qui y est né et y règne. C'est comme une réponse complice aux centaines de coups de klaxon qui retentissent à longueur de temps autour des ronds-points. Il s’agit de montrer que cette hétérogénéité qui fait l’identité des gilets jaunes est une richesse et ne signifie pas division, concurrence et querelles de leadership. Le « Tous ensemble ! » qui jaillit des rassemblements de gilets jaunes, venu de loin et désormais partagé par tant de personnes réunies sur un espoir, est en passe de devenir invincible.
On est donc bien loin des gazages pratiqués systématiquement en dépit du droit démocratique à manifester, des nassages destinés à paniquer et à déshumaniser les manifestants, de ces gardes à vue intempestives, injustes et illégales qui criminalisent les gilets jaunes. Face aux manoeuvres gouvernementales, une "force tranquille" citoyenne, de plus en plus sûre d'elle-même, prend l'habitude de s'exprimer et de résister.
La semaine prochaine se tiendront des réunions de coordination entre les ronds-points des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, deux départements que symbolisent deux politiciens bien connus, venus de l’« ancien monde » et ralliés au macronisme, Castaner, ex-député-maire de Forcalquier, et Giraud, ex-maire et toujours député LREM de L’Argentière, l’un récompensé en devenant ministre et l’autre en devenant rapporteur général du budget, tous deux assumant parfaitement la politique d’ultra-droite de leur protecteur. La rébellion de leurs électeurs est patente, comme celle qu’exprimait si bien à la télévision ce manifestant venu chaque semaine de Bourgogne à Paris depuis l’Acte I et qui avouait, en riant de sa « bêtise », avoir voté Macron au premier tour et voté pour un candidat LERM aux législatives.
En attendant, l’Acte VIII n’est pas terminé et, ce dimanche, les gilets jaunes du Briançonnais diffusent sur les marchés le petit flyer ci-dessus. Comme on peut le lire, il s'agit d'un véritable brûlot insurrectionnel ! ;-))