Clémentine Autain « tient la route ». Une vraie « gilet jaune » en somme. :-)
Obligée, ce matin, de supporter les questions tordues de deux animateurs de radio (du service public) missionnés pour tenter de la déstabiliser, de la mettre en porte-à-faux, si possible de lui « clouer le bec » et en tous cas de l’empêcher d’exprimer une idée ou même de finir ses phrases, elle incarne l’esprit posé et la volonté de se faire comprendre sans effets oratoires inutiles, elle croit que la rigueur est la meilleure réponse à la mauvaise foi de ses interlocuteurs, elle affirme des valeurs morales que les deux acolytes tentent de lui contester, elle évite toute langue de bois et joue la clarté et la simplicité, elle ne s’énerve jamais. Elle trace son chemin, celui de La France insoumise, avec le seul souci d’être efficace et de se faire comprendre, de faire passer le message essentiel de La France insoumise :
- le pouvoir qui ne répond pas sur le fond des questions posées - justice sociale et fiscale, transition écologique audacieuse et juste, démocratisation institutionnelle - est responsable de la crise et de son aggravation,
- le mouvement des gilets jaunes ouvre une voie nouvelle pour avancer vers l’objectif de « rassembler le peuple »,
- la violence, aussi légitime soit-elle comme réaction à la surdité gouvernementale, à la manipulation médiatique et à l’usage disproportionné de la force répressive contre les manifestants, n’est pas une solution car elle apeure, divise et isole,
- il n’existe aucune convergence et aucune conciliation possible avec une extrême droite qui ne soutient pas les revendications majeures des gilets jaunes et dont les choix politiques sont aux antipodes de valeurs de LFI.
Ah !, il faut les entendre, ces supposés journalistes, prendre en toute chose la défense du gouvernement, égrener encore une fois la fable des 10 milliards - « dix milliards d’euros c’est des miettes quand on connaît l’état des finances publiques ? » -, s’indigner de l’attaque d’un ministère ou tenter de promouvoir encore un « grand débat national » contre une Clémentine Autain qui le refuserait « a priori » et de manière incompréhensible, et mentir, toujours mentir, même contre toute évidence : « pourquoi êtes-vous incapable de condamner les violences des deux côtés ? », « n’y a-t-il pas chez certains Insoumis une fascination pour la violence ? » Incroyable mais vrai ! Et on y revient encore ensuite : « êtes-vous solidaire de ceux qui contribuent à la cagnote lancée en faveur du "boxeur" de la passerelle ? »
Au lendemain d’une interview du premier ministre, au cours de laquelle le speaker du JT s’est contenté une nouvelle fois d’être le faire valoir se son interlocuteur, les deux compères qui n’avaient rien à dire sur l’impasse répressive dans laquelle le gouvernement s’enfonce et s’enferre, n’ont pas écouté ce que Clémentine Autain tentait de dire à ce sujet, ne s’arrêtant pas, par exemple, à son affirmation qu’il faudrait dissoudre l’Assemblée. Ils ne sont pas là pour entendre, comprendre et éclairer ; ils n’ont d’intérêt que pour leur petite cuisine politicienne. La formule du « canard sans tête » utilisée par Clémentine Autain pour définir l’action du pouvoir mériterait d’être discutée mais non, ils ne s’y intéressent pas.
Les animateurs de l’émission, ancrés dans leurs intentions manipulatoires, ne s’intéressent pas aux propositions du mouvement que représente Clémentine Autain, ils veulent seulement tenter d’affaiblir La France insoumise en introduisant de la confusion, en truquant les faits, en jouant de l’insinuation, en revenant à la charge quoi que la députée tente de leur dire. Il y a pourtant eu une « vraie question » sur l’absence de mobilisation de la Seine-Saint-Denis dans le cadre du mouvement des gilets jaunes et, pendant quelques instants, une réponse a pu être apportée par l’élue de ce département. L’animatrice a même pu émettre l’hypothèse que « le peuple de Seine-Saint-Denis soutient peut-être le gouvernement ». Voilà une belle contribution !
Leur obsession d’arriver à enfoncer un coin entre elle et d’autres représentants de LFI comme JL Mélenchon, F. Ruffin ou A. Corbières en pratiquant la falsification, le bidouillage, les raccourcis mensongers, peut énerver l’auditeur, le faire sourire ou bien le lasser, cette obsession semble glisser sur Clémentine Autain qui sans cacher qu’elle représente une sensibilité au sein de LFI, celle d’Ensemble en particulier, veille à ne pas prêter le flanc à la « petite phrase » qui pourrait servir le parti médiatique et elle ramène à chaque fois le propos au fond et à l’essentiel.
Belle interview donc que les deux « questions d’auditeurs », bien dans le veine de celles qu’on a eu l’habitude de voir dans d’autres émissions - télévisées - du « service public », question sur la possible alliance de LFI avec l’extrême droite (question complaisamment « précisée » par le bonimenteur de service qui ramène Étienne Chouard sur la table) puis question sur le « mariage pour tous » (là aussi, le bonimenteur veut se rendre utile en « complétant » la question d’une référence à un propos de Corbières sur LCP), n’auront pas réussi à polluer.
On gardera en mémoire la phrase finale sur le « rouge/brun » d’un des deux bidouilleurs du matin qui trahit d’ailleurs l’intention qui avait conduit à lancer deux questions (seulement deux...) sur une possible alliance LFI/FHaine puis sur « la relance du débat sur le mariage pour tous », phrase selon laquelle Clémentine Autain pouvait peut-être « craindre de trembler sur ses valeurs » parce que tout « ça finit pas dessiner un spectre idéologique ».
Eh ! oui, parce que eux ils en ont des valeurs, les bavards du matin sur France inter…
PS: partager l'article d'Edwy Plenel, "Gilets jaunes", la violence du pouvoir attise la violence du pays.