Jean-Luc Mélenchon « ne décolle pas » dans les sondages. Qu’est-ce qui ne va pas ? Les Insoumis devraient le savoir en interrogeant les électeurs de JLM en 2017, eux qui se vantent d’avoir mis en place un institut de sondage maison. Peut-être le savent-ils ?
Ces électeurs, du moins un assez grand nombre d’entre eux, sont convaincus qu’au-delà de toutes les « qualités » qu’on lui connaît, JLM ne peut pas gagner et qu’il ne se donne pas les moyens d’élargir le « trou de souris » qu’il lui faudrait emprunter pour y arriver.
Jean-Luc Mélenchon ne peut pas gagner avec un programme anticapitaliste maximaliste qu’il présente comme un tout non négociable, comme une « rupture » sans retour dont les contours sont incertains et paraissent autant volontaristes que dogmatiques.
Le programme dont les électeurs de JLM voudraient avant tout c’est celui qui permettrait l’union des forces progressistes. Les électeurs veulent un programme d'union. Contrairement à ce qui dit JLM et ce que dit son entourage, l'union est un programme.
Les forces progressistes sont divisées et toutes sont responsables de cette division mais seul Mélenchon paraît, pour ses électeurs potentiels, avoir besoin de cette union pour gagner, car il est la seule chance de gagner pour les forces progressistes. Quand Roussel, enfermé dans le rôle d’un Poutou ou d’une Artaud ne semble là que pour témoigner, quand Hidalgo, venue sans projet et sans programme, n’est là que pour avoir des députés aux législatives, quand Jadot ne songe qu’à peaufiner son image d’allié possible de toutes les coalitions « modernes » à l’Allemande, Mélenchon porte seul sur lui la responsabilité d’être enfermé dans une stratégie de la défaite.
Qu’il formule un projet rassembleur, de compromis, porteur d’une espérance de victoire et cesse de proclamer que tout est déjà dans l’Avenir en commun. C'est à lui, JLM, de créer les conditions obligeant Jadot, Hidalgo et Roussel à entamer la discussion; qu'il convoque une réunion dont sortirait un bilan d'étape public exposant les positions des uns et des autres sur les convergences et les divergences.
Les électeurs de JLM en 2017 ont, par ailleurs, acquis la conviction que Mélenchon n’est pas un démocrate, non seulement à cause de la scène fatale des perquisitions mais parce qu’il y a eu aussi la gestion calamiteuse de son mouvement « gazeux », l’absence de processus démocratiques, le départ de milliers de militants douchés par des pratiques centralisées et autoritaires, les mises à ‘écart brutales, les procès en carriérisme. Tout cela est connu, transpire, diffuse et devient un obstacle. Les « autres » ne sont pas forcément plus démocrates mais c’est bien à Jean-Luc Mélenchon, prétendant à la magistrature suprême, qu’on fait d’abord ce reproche : comment peut-il concilier son « présidentialisme » exacerbé et ses promesses de démocratisation de la vie politique ? Son image de « lider màximo » qu'il aime et qu'il cultive, au final, lui nuit. Lui qui persiste à ne jamais formuler une critique sérieuse et argumentée des dictateurs de Russie, de Chine, du Venezuela, et autres, pour se réfugier dans un discours anti-impérialiste certes fondé mais hors sujet à ce moment-là. Comment se comporterait-il au pouvoir lui qui est si indulgent pour ces régimes coupables ?
La candidature de Jean-Luc Mélenchon pourrait connaître un décollage, il pourrait attirer sur sa candidature des intentions de vote qui sont aujourd’hui bloquées, crispées, résignées, car il n’y a aucun désir d’une remontée du parti socialiste ou d'une hégémonie de la tendance « réaliste » des verts, mais il doit faire le ménage dans son projet politique, sa stratégie et son image.