« La France » unie dans « l'hommage populaire » à Johnny ?
La question n'est pas de savoir si on aime le blues, le rock, la voix ou le talent artistique de Johnny Halliday. Elle est de s'interroger sur le « spectacle » auquel sa mort vient de donner lieu.
En fait, à voir les images à la télévision, c’était une certaine France, bien « blanche », complètement raccord avec les clichés d’un chauvinisme et d’un cléricalisme sentant la naphtaline, qui occupait les rues du 7ème et du 8ème arrondissement, ce samedi , une France prête à s’aligner derrière les establishments les plus fermés et les plus rancis, une France ressemblant parfois à celle de la « Manif pour tous » et de ses succursales, une France adorant mimer sans y croire un esprit de révolte qu’un habile manipulateur caméléon a su émasculer et couler dans le conformisme.
Et que nul ne tente de se tenir à l’écart de ce spectacle, au risque de se faire remarquer et de se voir illico cloué au pilori pour ne pas s’être découvert au passage de la dépouille du « héros français » en bonne voie de béatification.
Et que nul ne s’essaye à évoquer un soupçon de « populisme » ni dans cette mise en scène officiellement organisée de cette foule rameutée ni dans le contenu des hommages et des discours prononcés.
L’habitude semble prise, désormais, de voir de nombreux citoyens répondre aux injonctions à s’émouvoir collectivement et à marcher bien en rang sans qu’une tête ne dépasse qui émanent de l’appareil médiatique.
Et que nul ne s’avise d’y voir ou de craindre d’y repérer une forme de manipulation totalitaire des masses.
Qu’elle est belle l’émotion populaire, bien présentable, sans aspérités, facile, quand elle se coule à ce point dans les attentes des élites qui nous dominent et nous mènent en bateau ! Après tout, ne sont-ce pas les mêmes ressorts qu’on a mis en œuvre, cette année déjà, pour propulser à la tête du pays un aventurier repeint lui aussi en icône ?