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Historien, membre du Groupe d'histoire sociale (GHS), recherches sur l'histoire des sciences et des milieux scientifiques.

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Billet de blog 12 avril 2018

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Les Docteurs Folamour d’aujourd’hui ont le sort du monde au bout de leurs doigts

A bas la guerre ! Le monde est face au risque d’une « situation hors de contrôle » (déclaration du secrétaire général de l'ONU) mais les (rares) appels à la raison sont inaudibles.

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Les Docteurs Folamour d’aujourd’hui ont le sort du monde au bout de leurs doigts

Tout indique que le développement de la crise syrienne place le monde devant le risque d’une confrontation militaire généralisée, comme au temps de la Guerre froide. Le secrétaire général de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant le risque d’une « situation hors de contrôle » et en appelant les grandes puissances à la raison.

Concrètement, Trump menace la Syrie de frappes qui sont d’ailleurs illégales au regard de la loi internationale, en prenant prétexte de l’utilisation monstrueuse et inadmissible d’armes chimiques contre la population civile de la Douma. La Russie annonce qu’en cas d’agression, elle interceptera les missiles et frappera les bases d’où ils auront été tirés. Nous en sommes là et les va t’en guerre de tous poils poussent à la confrontation.

Curieusement, les unes de la presse parisienne restent muettes y compris la page d’accueil de Médiapart. La tonalité générale relève du degré zéro de la réflexion : il faut punir Bachar... Pourtant, dans un éditorial daté de mardi matin, Le Monde qui appelait à une « riposte » au nom de la « crédibilité » occidentale soulignait « l'environnement explosif » dans lequel elle interviendrait et ajoutait: « Rarement le Moyen-Orient aura été aussi dangereux. » C’est une sorte d’euphémisme qui revient à se laver les mains des conséquences inéluctables des incitations guerrières prononcées dans cet éditorial. Tout ceci rappelle la veille d’armes de juillet 1914 quand tous les gouvernements avaient décidé de se laisser glisser vers la guerre, chacun ayant de bonnes raisons de se croire dans son bon droit, quand la presse nationaliste de chaque camp en appelait à en découdre, quand l’opinion publique qui n’y croyait pas n’écoutait pas les Cassandre du moment, en l’occurrence la voix de Jean Jaurès défendant la paix. Résultat : dix millions de morts.

On n’en est plus là. Le monde d’aujourd’hui est nucléaire.

Mais cette fois encore, le risque de confrontation générale est là, immédiat, et on n’entend guère de voix pour appeler à la désescalade. Les experts militaires décrivent avec inquiétude les préparatifs concrets de la confrontation dans les deux camps, les commentateurs « commentent » selon leur bonne habitude d’irresponsabilité, les porte-parole officiels pratiquent la désinformation et « enfument » le public comme ceux du gouvernement français qui prétendent que celui-ci « ne veut pas d’une escalade »… Personne ne se risque à dire clairement que les tweets de Trump témoignent du fait que le sort du monde est entre les mains d’un malade mental : on est très loin du Kennedy qui avait géré la crise des fusées à Cuba en 1962. Que dire d'un Macron qui, n'ayant retenu aucune leçon des embardées guerrières récentes de la France, utilise la situation internationale pour se donner une stature « jupitérienne ».

La guerre n’est pas une solution sauf à vouloir en finir avec l’espèce humaine.

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