De la prétendue « nouvelle laïcité »
Ceux qui souhaitent instrumentaliser la laïcité sont devenus des experts en termes d’épithètes dont ils veulent à tout prix affubler ce principe fondamental de la République.
Hier, c’était la promotion d’une laïcité « OUVERTE », formule cache-sexe d’un abandon de l’article 2 de la loi de 1905 (« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Aujourd’hui, on veut faire croire que défendre et promouvoir le principe de laïcité ressortirait d’une laïcité « NOUVELLE » ! C’est ce que répand dans tous les médias un juriste à la mode (co-auteur de L'Affaire Baby Loup ou la Nouvelle Laïcité aux éditions LGDJ).
Son argumentation est largement reprise dans TELERAMA du 4 février dernier, dans un article intitulé « Après Charlie – La laïcité dans tous ses états ». [http://www.telerama.fr/idees/de-1905-a-l-apres-charlie-la-laicite-dans-tous-ses-etats,122532.php]
Le papier de Juliette Cerf annonce dès le début la couleur : « Après Charlie, il est temps de repenser la laïcité dans sa complexité. Ni totem ni tabou ! »… au risque de se contredire : « repenser la laïcité » mais éreinter une prétendue « nouvelle laïcité » !
En fait l’article, après une toute petite place accordée au philosophe Péna-Ruiz, n’est qu’une charge contre la « laïcité, un point c’est tout » (comme disait Charb) :
Ce serait promouvoir une « nouvelle laïcité » que de vouloir que s’applique réellement les lois de Jules Ferry qui ont créé l’école publique LAÏQUE !
C’est être un « nouveau laïque » que d’avoir soutenu la crèche Baby-Loup. La Cour de Cassation a tranché la question du droit de travail. Mais le dossier est emblématique sur un autre point. La loi de 1905, mise en avant dans l’article, est claire : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public ». La liberté de religion n’est qu’un aspect de la liberté de conscience. La loi doit assurer aussi la liberté des athées, des agnostiques et autres indifférents en matière religieuse.
Enfin, interdire la burqa dans l’espace public serait liberticide !!! Faut-il en rire ou en pleurer ?
Il faut donc effectivement appliquer la loi de 1905 et ainsi cesser de financer les cultes en Alsace et Moselle, en Guyane, dans de nombreux territoires ultra-marins, mais aussi insidieusement partout en France. Il faut cesser d’associer les cultes en tant que tels à la vie politique… Il est vrai que la tentation de réactiver le préambule du Concordat de 1801 est toujours forte : ce texte (toujours en vigueur à Metz, Mulhouse et Strasbourg) qui a été signé « tant pour le bien de la religion que pour le maintien de la tranquillité intérieure » !