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Billet de blog 17 mai 2013

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COULEUVRES ... LAÏQUES

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Laïcité : ce ne sont plus des couleuvres, mais des boas qu’on nous invite à avaler ! 

En 2007, le chanoine du Latran Nicolas Sarkozy déclarait : «la République a intérêt à ce qu'il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D'abord parce que la morale laïque risque toujours de s'épuiser quand elle n'est pas adossée à une espérance qui comble l'aspiration à l'infini. Ensuite et surtout parce qu'une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. » et ajoutait cette formule désormais célèbre : « Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s'il est important qu'il s'en approche, parce qu'il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance ». 

En janvier 2012, nous avions cru à la promesse du candidat Hollande de mettre définitivement un terme à ces errements, puisqu’il annonçait « j’inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare les Églises de l’État, dans la Constitution. ». 

Las ! Ce ne fut que la joie d’un instant, puisque la proposition 46 du même candidat excluait l’Alsace et la Moselle des bénéfices d’une telle disposition et gravait dans le marbre le Concordat et autres mesures dérogatoires au droit commun. 

Fallait-il se réjouir du fait que la majorité requise au Congrès pour modifier la Constitution n’avait que peu de chances d’être atteinte ? Toujours est-il, que pour les 3 départements du Nord-Est, le statu quo apparaissait presque comme « la moins pire » des solutions !

 C’était sans compter sur le zèle de certains ministres :

            Le 15 mai, avant-hier, LEMONDE.FR nous apprenait que « Le gouvernement prépar[ait] un plan de soutien pour les sciences humaines ». Bravo ! Allions-nous crier. Mais la lecture de l’article nous apprenait que le plan de la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, prévoyait une aide pour « douze disciplines rares » … et la première citée par la journaliste, était la Théologie ! Or, cette « discipline » n’est présente dans l’Université publique qu’en terre concordataire, à Strasbourg et Metz.

           Le même jour, la consultation du FIGARO.FR (il faut être éclectique dans la recherche de sources) nous réservait une autre surprise : associée cette fois au ministre de l’Intérieur, Madame Fioraso annonce vouloir « former les imams à l’Université ». Et de prendre pour référence … Strasbourg, bien entendu, où « il y a déjà des formations qui se font dans un cadre laïc » … Et à qui confie-t-elle une mission destinée à étudier la « possible multiplication des formations d’ici septembre 2013 » ? Cette mission échoit à un universitaire défenseur acharné du régime dérogatoire alsacien et mosellan, partisan déclaré de son extension à tout le territoire national : Francis Messner.

Ainsi, un an après l’élection de François Hollande, on en revient aux dérives de la décennie précédente, celle du rapport de la Commission Machelon (dont Francis Messner faisait partie), celle de la « laïcité ouverte » de Nicolas Sarkozy …

 Peut-être, après tout, l’actuel ministre de l’Intérieur a-t-il convaincu ses collègues des bienfaits du régime concordataire érigé par le Premier Consul Bonaparte en 1801 : le préambule du traité entre le Vatican et la République affirme en effet qu’il est établi « tant pour le bien de la religion que pour le maintien de la tranquillité intérieure ».

 En ce qui me concerne, je ne peux que signaler que ma capacité d’absorption de couleuvres est désormais dépassée.

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